Voici un roman qui pourrait fort bien se retrouver dans mon top 3 annuel! Car il s'agit bel et bien d'un roman, fait que j'ai dû me rappeler à maintes reprises durant ma lecture; l'écriture de Marguerite Yourcenar est si réaliste qu'on dirait vraiment que c'est l'empereur romain Hadrien qui nous parle!
Par l'entremise de Yourcenar, Hadrien nous raconte sa vie, d'abord comme général commandant les armées aux frontières de l'empire, puis comme empereur désireux d'amener la paix, la justice et la beauté dans tout cet empire. Avec une grande sagesse, il aborde des notions comme la guerre, le deuil, la vieillesse, la civilisation et bien sûr l'amour. Car s'il ne s'est jamais bien entendu avec son épouse légitime, il a eu une grande histoire d'amour avec un jeune homme -- j'ai eu un peu peur qu'on tombe dans le scabreux puisqu'il appelle son amant l'enfant, le garçon, mais on comprend éventuellement qu'il a environ 17-18 ans au début de la relation, ce que je trouve acceptable si on replace les choses dans leur contexte.
Il y a très longtemps j'avais lu quelques pages de
L’Oeuvre au noir, de la même auteure et cela m'avait semblé extrêmement abstrait, je n'avais pas du tout accroché. Je pense que je suis mûre maintenant pour une deuxième tentative!
Un extrait sur le sommeil:
«Qu'est notre insomnie, sinon l'obstination maniaque de notre intelligence à manufacturer des pensées, des suites de raisonnements, des syllogismes et des définitions bien à elle, son refus d'abdiquer en faveur de la divine stupidité des yeux clos ou de la sage folie des songes? L'homme qui ne dort pas, et je n'ai depuis quelques mois que trop d'occasions de le constater sur moi-même, se refuse plus ou moins consciemment à faire confiance au flot des choses.»
Foi d'insomniaque occasionnelle, Yourcenar a dû elle-même souffrir d'insomnie pour en parler si justement!
Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, 1951, 423 p.