31 mai 2012

Le Bouchon de cristal

 Aaaah! Je retombe en adolescence! (Comment, ça ne se dit pas? Et pourquoi donc, d'abord?)

Ce cher Arsène Lupin a été un de mes premiers crushs* littéraires. J'ai lu et relu toute la série quand j'avais 12-13 ans.  J'admirais son audace et son intelligence, et son romantisme me faisait soupirer.

Alors quand les organisatrices du Blogoclub nous ont suggéré de lire un Maurice Leblanc de notre choix, j'étais à la fois contente et anxieuse. Et si mon Arsène me décevait, s'il avait mal vieilli, s'il était devenu ridicule?

Dès les premières pages, mes craintes se sont calmées, et j'ai été entraînée dans un véritable voyage dans le temps!  Si je me souvenais bien du côté romantique de Lupin, j'avais oublié que ses aventures étaient à ce point remplies de péripéties palpitantes et de revirements de situation inattendus.  C'est abracadabrant et pourtant on embarque et on y croit!  Il faut dire que l'intrigue avance à un rythme d'enfer. Maurice Leblanc ne s'embarrasse pas de longues descriptions et la psychologie des personnages est campée en quelques mots. Il faut résoudre l'énigme, ridiculiser les méchants/la police, sauver la (plus ou moins) jeune femme du sort affreux qui l'attend.  Je vous l'ai dit que c'est terriblement romantique?


*Excusez l'anglicisme, je n'ai pas trouvé d'équivalent convenable... L'OQLF propose «coup de coeur», mais ce n'est pas vraiment la même chose, selon moi.


Lu dans le cadre du Blogoclub. Pour lire les billets des autres participants, suivez les liens chez nos deux gentilles organisatrices Sylire et Lisa!



Le Bouchon de cristal de Maurice Leblanc, 1912, 201 p. dans la version numérique.

25 mai 2012

La Traversée du continent

Ce que j'aime le plus chez Tremblay, ce sont ses dialogues. Ça sonne tellement vrai, tellement «nous autres»!

«C'est ta tante Bebette! Comment ça va, pauvre tite-fille?J'espère que je te dérange pas dans ton souper? Hein? Comment ça, t'as fini depuis longtemps! Hein! Comment ça y est une heure plus tard chez vous! C'est quoi, ça le décollage horaire? Y fait déjà noir chez vous? Voyons donc, toi!»

Pour notre plus grand bonheur, nous retrouvons ici un personnage important des Chroniques du Plateau Mont-Royal, celui de Nana, la fameuse «grosse femme d'à côté», mais une Nana de 10 ans qui, au début du XXe siècle, quitte en pleurant la sécurité de la maison de ses grands-parents en Saskatchewan pour rejoindre à Montréal une mère dont elle se souvient à peine. La Traversée du continent, c'est donc l'histoire de ce voyage de trois jours en train, entrecoupé de trois escales où elle est hébergée chez des membres de la famille tous plus originaux les uns que les autres...  Pour cette enfant qui ne connaît que son village et les champs de céréales à perte de vue, chaque découverte, chaque nouveau paysage est un choc.

Jusqu'à l'arrivée à Montréal, jusqu'au punch final qui me donne déjà le goût de lire la suite!


La Traversée du continent de Michel Tremblay, 2007, 284 p.

16 mai 2012

La Fille du tanneur

Cet intéressant roman historique nous fait passer du présent au passé, plus spécifiquement à la période de la Nouvelle-France.  Dans la partie contemporaine, une archéologue française en visite au Québec participe à l'identification du corps d'une jeune fille datant de la fin du XVIIe siècle, et qui semble avoir un lien mystérieux avec elle-même.  Et dans la partie du passé, on se transporte à cette époque-là pour apprendre peu à peu qui était cette jeune fille et ce qu'il lui est arrivé.

J'ai beaucoup aimé la reconstitution de la vie en Nouvelle-France, en particulier la description de la ville de Montréal, qui s'appelait alors Ville-Marie. D'ailleurs j'aurais apprécié quelques cartes pour mieux saisir l'état des lieux. Saviez-vous par exemple que l'île était sillonnée de ruisseaux qui n'existent plus maintenant? Comme c'est dommage qu'ils aient été remblayés, est-ce que ce ne serait pas magnifique, de temps en temps, de franchir un petit pont enjambant un cours d'eau? Saviez-vous aussi qu'un moulin avait été construit au début du XVIIIe siècle à l'endroit où se trouve maintenant le métro Côte-des-Neiges? Je trouve ce genre de détails émouvant, surtout lorsqu'il s'agit d'un lieu que je fréquente régulièrement.  Cet aspect du roman est très réussi, on sent que l'auteure, archéologue elle-même, connaît bien son affaire.

Dans la partie actuelle, j'ai bien aimé tout ce qui touchait à l'archéologie, je pense même qu'on aurait pu pousser encore plus le côté scientifique du récit, en particulier en ce qui a trait aux fouilles archéologiques sur le terrain, qui ne sont qu'évoquées.  Je ne peux m'empêcher de faire la comparaison avec la série policière de Kathy Reichs et son anthropologue judiciaire Tempe Brennan, où on ne recule devant aucun détail technique, ce qui en fait, selon moi, l'originalité et le succès.

Principal défaut du roman, il y a plusieurs digressions qui alourdissent le récit avec des personnages supplémentaires qui finalement n'apportent rien à l'intrigue.  Et ce savant qui a l'étrange pouvoir d'imaginer des scènes du passé comme s'il y était, cela sent un peu trop l'artifice permettant d'apporter certains indices qu'on ne savait pas comment intégrer autrement.

Un premier roman imparfait, donc, mais prometteur. J'imagine fort bien une suite, où cette archéologue reviendrait effectuer d'autres enquêtes, résoudre d'autres énigmes.
  

La Fille du tanneur d'Hélène Buteau, 2011, 587 p.

12 mai 2012

La non-fiction à l'honneur!

 (Je le sais, non-fiction est un anglicisme que j'avais tenté jusqu'à maintenant d'éviter dans ce blogue, mais un billet complet à parler d'«oeuvres non romanesques» comme le voudrait l'Office de la langue française, c'est un peu lourd...)

Une initiative intéressante chez Flo: le Projet non fiction... Constatant que bien des blogueurs hésitent à parler des oeuvres non fictionnelles qu'ils lisent, croyant que leurs lecteurs ne seront pas intéressés, elle a décidé de les encourager à le faire grâce à un projet qu'elle refuse de nommer un défi ou challenge (bien que c'en sera un pour certains participants, je pense).  Les blogueurs inscrits s'engagent à publier un billet par mois sur une oeuvre de non-fiction: biographies, beaux livres, récits de voyages, essais, documentaires, tous les genres non fictionnels sont acceptés.  Une récapitulation de tous les billets sera publié chaque mois, ce qui explique que Flo a limité à dix le nombre de participants (aux dernières nouvelles il restait une place, si quelqu'un est intéressé!).

J'avoue que j'ai été tentée, mais un par mois c'est un peu trop contraignant pour moi, qui en ai lu six ou sept l'an passé...  Je vais toutefois suivre le projet avec grand intérêt.  J'ai déjà pris des notes dans les passionnantes listes de livres préférés que certains participants ont publiées, et j'ai décidé de me prêter à l'exercice moi aussi.  Voici donc une liste de dix livres de non-fiction que j'ai beaucoup aimés.

Comme j'ai une mémoire d'éléphant amnésique, je pensais me rappeler de peu de titres pré-blogue, et puis, un souvenir en amène un autre...  Pour les titres qui ont fait l'objet d'un billet, il m'a semblé plus simple de vous mettre le lien, plutôt que de tenter un résumé!

1) Ô Jérusalem de Dominique Lapierre et Larry Collins. Se basant sur des centaines d'entretiens avec des témoins et de documents d'époque, les deux auteurs racontent la création de l'État d'Israël et les évènements qui s'ensuivirent. Une bonne façon de comprendre l'origine de ce problème complexe. J'aurais pu choisir aussi bien Cette nuit la liberté, des deux mêmes, qui parle de l'accession de l'Inde à l'indépendance et du gâchis qui en résulta, mais celui sur le Moyen-Orient m'a semblé plus d'actualité.

2) Le Journal d'Anne Frank.  Est-il besoin de le présenter?  Mon premier contact avec le nazisme, mais non le dernier... Je dois bien lire en moyenne un livre par année sur le thème de la deuxième guerre mondiale, fiction ou non!

3) Il parlait avec les mammifères, les oiseaux et les poissons de Konrad Lorenz. Comme j'avais adoré ce livre (et aussi Tous les chiens, tous les chats, du même), j'ai été choquée d'apprendre par la suite que Lorenz avait été membre du parti nazi et avait exprimé des idées racistes. Peut-on aimer l'oeuvre de quelqu'un qui est un parfait salaud?  La question s'est posée pour de nombreux écrivains et artistes. Je n'ai pas de réponse, mais la petite oie Martha a toujours eu une place spéciale dans mon coeur...

4) Les Chimpanzés et moi de Jane Goodall. En étudiant ces animaux, elle a révolutionné notre définition de l'être humain.  Si vous avez aimé le film Gorilles dans la brume (Gorillas in the Mist), ce livre est pour vous!

5) Un Ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay.

6) Si c'est un homme de Primo Levi.

7) D'où viens-tu, berger de Mathias Lefébure.

8) A Primate's Memoir de Robert Sapolsky. Quoi, encore une histoire de singes? Elle est obsédée par les singes, direz-vous!  Ce n'est rien, j'ai bien failli vous mettre aussi Le Singe nu de Desmond Morris, mais j'ai eu peur que ce soit un peu désuet... J'ai hésité à mettre celui-ci car il n'est pas traduit, ce qui est bien dommage. J'avais beaucoup aimé ce récit d'un neurologue et biologiste américain qui a passé plusieurs années au Kénya à étudier les babouins (et les humains!).  Très drôle et touchant.

9) Une Histoire de la lecture d'Alberto Manguel. Pas très original puisqu'au moins deux participantes au projet l'ont mis dans leur liste, mais je ne pouvais pas m'en empêcher...

10) Une Histoire de tout, ou presque de Bill Bryson. Que peut-on demander de plus?


Et vous, lisez-vous de la non-fiction, un peu, beaucoup, passionnément? Quelles sont vos oeuvres préférées?


05 mai 2012

The Gunslinger (Le Pistolero)

(The Dark Tower/La Tour sombre, tome 1)


Depuis que j'ai découvert Stephen King il y a quelques années, j'ai toujours été attirée par sa série de la Tour sombre, sachant qu'il s'agit de fantasy, un genre que j'adore. Mais le volume impressionnant des sept bouquins me faisait hésiter -- certains sont de vrais pavés! Finalement j'ai décidé de tâter du premier tome, qui est tout court avec ses 200 et quelques pages, pour décider ensuite si je voulais continuer.

Hé bien, le poisson est ferré! J'ai déjà hâte d'aller à la bibliothèque municipale chercher la suite. J'ai beaucoup aimé ce mélange de fantasy et d'horreur à saveur western (King en a eu l'idée après avoir visionné un film de Sergio Leone!).  Le personnage principal est énigmatique à souhait, ce chevalier-cowboy à la poursuite d'un inquiétant homme en noir, et on découvre le monde qui l'entoure peu à peu, sans que ce dernier nous soit livré tout cuit dans le bec, comme c'est parfois le cas.  De toute évidence, King respecte l'intelligence de ses lecteurs et ne se sent pas obligé de tout expliquer. On reste un peu perplexe à la fin car celle-ci soulève plus de questions qu'elle ne donne de réponses, ce qui est certainement voulu! Un excellent début!


Le billet de Chimère.


The Gunslinger (The Dark Tower, tome 1) de Stephen King, 1982, 231 p. Titre de la traduction française: Le Pistolero (La Tour sombre, tome 1)