21 février 2023

Les Cavaliers

Je vous l'ai sûrement déjà dit, j'ai généralement de la difficulté à accrocher à un roman dont les personnages principaux sont antipathiques.  Et si en plus il y a de la violence envers des animaux ou des enfants, c'est l'abandon presque assuré.

C'est vous dire la force de la plume de Joseph Kessel (qui m'avait déjà ravie dans Le Lion) puisque malgré la présence des obstacles mentionnés ci-dessus, j'ai pu persévérer dans cette lecture et finalement en être éblouie.  En effet, dès le départ, on se trouve transporté dans les steppes et les montagnes arides de l'Afghanistan grâce à des descriptions à couper le souffle.  On est au XXe siècle mais on pourrait être mille ans plus tôt, si ce n'était l'apparition occasionnelle de petits détails qui semblent presque anachroniques: un camion, la musique d'un tourne-disque, le bruit d'un avion.  Kessel introduit aussi quelques personnages secondaires beaucoup plus attachants: le vieux conteur centenaire, le palefrenier fidèle et surtout l'inoubliable étalon Jehol, si beau et loyal.

Ne vous laissez surtout pas rebuter par la description du sport national bizarroïde et violent qu'est le bouzkachi, sorte de course équestre où tous les coups sont permis et où l'on s'arrache le corps décapité d'un bélier (oui, vous avez bien lu).  On pense au départ que ce jeu à l'attrait incompréhensible pour nos cerveaux occidentaux sera l'enjeu principal du roman.  Heureusement, il n'est que le point de départ du récit qui suivra, à la limite entre le drame psychologique, le thriller et le road novel

Un livre qui a de fortes chance de se retrouver dans le fameux Top 3 de mon bilan annuel!


Les Cavaliers de Joseph Kessel, 1967, 587p.

16 février 2023

Tales from Earthsea (Contes de Terremer)

Earthsea, tome 5

Après une lecture décevante (le tome 4 de la série des Malaussène, de Pennac), quel grand bonheur de me sentir transportée dans un autre monde par la plume toujours si évocatrice d'Ursula Le Guin.  En effet, en quelques phrases à peine, je me suis retrouvée sur une des îles formant l'archipel de Terremer.

Ce recueil comporte cinq nouvelles dans lesquelles l'auteure développe l'histoire de ce monde, en particulier la fondation de l'école de magie sur l'île de Roke.  On y apprendra notamment comment et pourquoi les femmes en ont été exclues.  En général je ne suis pas fan de nouvelles, mais j'ai trouvé que ce recueil se lisait comme un roman puisque les récits ne sont pas totalement indépendants: tous sont reliés aux tomes précédents, et la dernière nouvelle annonce le prochain tome, The Other Wind (Le Vent d'ailleurs).  Seule la deuxième nouvelle m'a semblé un peu plus faible, avec un petit côté presque à l'eau de rose, surprenant chez cette auteure.

Je peux vous assurer que le prochain (et dernier!) tome sera lu cette année!  Par la suite, j'aimerais beaucoup découvrir ses romans de science-fiction.


Tales from Earthsea (Earthsea, tome 5) d'Ursula Le Guin, 2001, 416 p.  Titre de la traduction française: Contes de Terremer (Terremer, tome 5 ou tome 3 dans certaines éditions).

04 février 2023

Monsieur Malaussène

Grosse déception, ce tome 4 de la série des Malaussène, qui m'avait tant fait rigoler jusque-là!

En effet, contrairement à son habitude, et une fois passées les premières pages assez amusantes, Daniel Pennac instaure une ambiance assez glauque, voire déprimante.  De plus, l'action prend un temps fou à démarrer et une fois que c'est fait, l'intrigue se divise en deux enquêtes parallèles extrêmement tarabiscotées.  Et pour planter le dernier clou du cercueil, un revirement de situation complètement invraisemblable survient à la fin.  Attention, je sais bien qu'il faut s'attendre à du loufoque dans cette série, c'est d'ailleurs ce qui fait son charme. Mais il y a loufoque, il y a absurde, et ensuite il y a cette péripétie qui non seulement m'a fait décrocher de l'histoire, mais que j'ai trouvée assez problématique d'un point de vue moral (alors que dans le roman personne ne remet cet aspect en question).  À partir de là, je vous avoue que j'ai survolé assez rapidement les derniers chapitres tant j'avais hâte de passer à autre chose.

Est-ce que je vais continuer cette série, dont Pennac vient d'ailleurs de publier le dernier tome?  Je me pose sincèrement la question.


Monsieur Malaussène de Daniel Pennac, 1995, 623 p.