N'ayant pas vu le film, mais me souvenant vaguement de la bande-annonce, je croyais qu'il s'agissait ici d'une histoire d'amour entre deux domestiques britanniques. Finalement, c'est bien plus que ça!
À l'occasion d'un voyage, un majordome anglais se remémore divers épisodes de sa carrière. Rarement ai-je vu un écrivain capable de dire autant en si peu de mots. Tout est suggéré, tout doit être lu entre les lignes. Notamment les sentiments, qu'ils soient colère, amour ou désir, qui sont refoulés à l'extrême, n'étant pas dignes de la fonction de majordome. Le respect de la bienséance est poussé jusqu'à l'absurde, jusqu'à la négation des sentiments les plus élémentaires. Au point que le personnage principal en devient socialement inapte, et paradoxalement c'est cette inaptitude qui le rend attendrissant.
La réserve et le flegme britannique sont merveilleusement illustrés, de même que le choc des valeurs traditionnelles avec les bouleversements politiques et sociaux survenus dans la première moitié du XXème siècle (traité de Versailles, montée puis chute du nazisme, anti-sémitisme, impérialisme américain). On sent tout à fait bien les conflits entre la loyauté et la honte du majordome envers son maître aux idées politiquement discutables, de même que sa culpabilité envers son père déclinant.
Le tout est dépeint avec beaucoup d'humour. Il faut absolument lire la scène où le majordome, à la demande de son maître, tente d'apprendre les choses de la vie à un jeune homme avant son mariage. Mourant!
Lilly a beaucoup aimé elle aussi, ainsi que Papillon.
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Prochaine lecture: The Woman Who Walked Into Doors, de Roddy Doyle.