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29 mars 2024

The Glass Hotel (L'Hôtel de verre)

Vous commencez à me connaître, je ne lis jamais les quatrièmes de couverture...  Cela me permet d'éviter les résumés trop bavards et d'aborder les œuvres d'un œil frais et sans a priori.  Mais des fois cela me joue des tours!  Comme le roman précédent d'Emily St. John Mandel que j'ai lu était de la SF (Station Eleven, un gros coup de cœur!), je pensais que celui-ci ferait également partie des littératures de l'imaginaire...  J'ai donc passé les cinquante premières pages à attendre que quelque chose de fantastique survienne!  

Remarquez que si j'avais lu la quatrième de couverture en français, j'aurais été tout aussi décontenancée puisque celle-ci laisse croire que toute l'intrigue se déroulera dans l’hôtel du titre, en huis clos.  Or ce n'est pas du tout le cas!  Quant à la présentation en anglais, elle est extrêmement divulgâcheuse, dévoilant un fait qui se passe dans le dernier quart du roman! 

Bref, on dirait qu'il n'y avait aucun scénario parfait.  Heureusement, une fois effectuée la petite gymnastique de cerveau recadrant mes attentes, j'ai pu enfin apprécier ce roman à sa juste valeur.  L'intrigue nous promène d'une île au large de Vancouver jusqu'à New York, dans les milieux financiers en pleine crise économique de 2008, en passant par Toronto et Dubaï.  C'est vraiment très intéressant, même si la quantité de personnages secondaires et les allers-retours dans le temps demandent une certaine concentration.

Un très bon roman, mais qui ne sera pas aussi marquant que Station Eleven.  Ah!  En se quittant, un petit avertissement: il paraît que le plus récent roman de St. John Mandel, Sea of Tranquility, divulgâche The Glass Hotel.  Vous voilà prévenus!


The Glass Hotel d'Emily St. John Mandel, 2020, 320 p.  Titre de la traduction française: L'Hôtel de verre.

14 juin 2022

This Is How You Lose the Time War (Les Oiseaux du temps)

Ouille ouille ouille, les amis, on a frôlé de près l'abandon pur et simple!

Dans la première moitié du livre, je trouvais la plume des deux auteurs trop sophistiquée, très froide, voire même désincarnée (et vraiment difficile à lire en VO).  Les deux héroïnes sont d'abord insaisissables, c'est voulu, mais cela m'empêchait de m'y intéresser.  Lorsque j'arrivais à me les représenter le moindrement (sachant qu'en plus elles changent d'apparence régulièrement), je les trouvais antipathiques.  Comme en plus l'univers où se déroule l'histoire est presque incompréhensible de prime abord (encore là, c'est voulu; les histoires de voyages temporels, c'est souvent difficile à suivre, mais ici c'est encore plus embrouillé que d'ordinaire), je n'avais rien pour m'aider.

Heureusement, les deux personnages évoluent, deviennent de plus en plus attachants, et l'on arrive peu à peu à assembler les pièces du casse-tête.  Et à partir de là c'était gagné, j'ai beaucoup aimé la suite et la fin m'a ravie.  C'est drôle, c'est poétique, c'est émouvant, c'est intrigant, c'est intelligent, c'est surprenant...  Ça ne ressemble à rien de tout ce que j'ai pu lire dans ma vie! 

Je me demande si cela m'est déjà arrivé d'aussi peu accroché au début d'un roman, au point d'avoir failli l'abandonner, pour finalement l'adorer.  Je crois que c'est une première!


This Is How You Lose the Time War de Amal El-Mohtar et Max Gladstone, 2019, 208 p. Titre de la traduction française: Les Oiseaux du temps.

14 février 2022

Rationality (Rationalité)

Mince alors, je ne savais pas que je m'étais inscrite à un cours de mathématiques!

C'est la réflexion que je me suis faite à la lecture de cet essai, du moins durant les chapitres portant sur les probabilités et les statistiques.  Je comprends bien que ces notions sont nécessaires pour comprendre le reste du livre mais j'ai trouvé que c'était beaucoup trop long et trop développé pour le commun des mortels.  

Heureusement, les autres parties sont tout à fait passionnantes: Steven Pinker nous parle des différents types de biais cognitifs qui affectent notre jugement rationnel et réussit à nous rendre ces notions compréhensibles grâce à des exemples concrets.  Par exemple, le biais de confirmation, qui nous pousse à rechercher les preuves qui confirment notre opinion et à ignorer inconsciemment celles qui l'infirment.  De mauvaises connaissances en logique et en statistique peuvent aussi nous nuire et nous empêcher de remettre en question des fausses nouvelles, des théories du complot et autres rumeurs.  Encore plus inquiétant, bien des médecins se trompent en interprétant les résultats de tests diagnostics. (Note à moi-même: creuser davantage le théorème de Bayes, car je n'ai pas tout compris!)

L'auteur nous rappelle en conclusion l'importance du discours rationnel dans le progrès de la civilisation: fin de l'esclavage, démocratie, droits des femmes et des minorités, etc.  Bien souvent, ces avancées ont été précédées (souvent de plusieurs décennies) de textes scientifiques ou intellectuels remettant en question des idées qu'on considérait jusque-là dans l'ordre des choses. 

Malgré le côté aride d'une partie de cet essai, je suis bien contente de l'avoir lu, car il présente des réflexes intellectuels qu'on devrait absolument développer.  Il m'a rappelé l'excellent Petit Cours d'auto-défense intellectuelle de Normand Baillargeon.  D'ailleurs, M. Baillargeon, ne serait-il pas temps d'une édition revue et augmentée de ce manuel si utile, avec de nouveaux chapitres sur les réseaux sociaux et les fausses nouvelles?

 

Rationality de Steven Pinker, 2021, 369 p.  Titre de la traduction française: Rationalité.

24 janvier 2021

The Penelopiad (L'Odyssée de Pénélope)

Ce qui m'a frappée en commençant ce court roman de Margaret Atwood, une réécriture du mythe de l'Odyssée du point de vue de Pénélope, c'est le ton.  La narratrice, Penélope elle-même, fait preuve d'un humour sans pitié qui pourrait nous la rendre antipathique si elle ne faisait pas d'abord preuve d'auto-dérision.  J'ai apprécié également qu'elle s'adresse à nous en direct d'Hadès, où elle séjourne depuis des millénaires, se promenant dans un champ d'asphodèles, croisant occasionnellement son mari ou sa cousine Hélène de Troie (qu'elle déteste). (Et depuis j'ai en tête la jolie chanson de Marie Laforêt: «je ne vais plus cueillir les asphodèles, mon ciel et ma terre, c'est toi...»)

Le point de vue féministe adopté par Atwood par l'entremise de Pénélope est également à mentionner. En effet, elle dénonce tous ces viols dont sont victimes les femmes dans la mythologie (par des hommes ou des dieux, mention spéciale à Zeus pour son originalité) et qu'on décrit généralement sous l'euphémisme de «séductions»!  Je ne suis pas automatiquement fan d'un discours engagé dans un roman, mais ici c'est pertinent et bien intégré à l'intrigue.

Le fait qu'à la fin Pénélope nous avoue être tout aussi menteuse qu'Ulysse m'a d'abord un peu choquée car cela remet en question tout le récit (notamment son rôle dans la mort des douze servantes); et puis, en y repensant, je trouve cela plutôt ingénieux puisque cela nous oblige à nous faire notre propre idée.  

Non, finalement la seule chose dont je reste un peu déçue, c'est la superficialité de l'ensemble.  Certains thèmes auraient pu être plus fouillés, notamment la symbolique de ces douze servantes dont le sacrifice représenterait le renversement d'un culte lunaire féminin et son remplacement par une société patriarcale, une interprétation fort intéressante mais qui est expédiée en quelques pages et n'arrive qu'à la toute fin, alors qu'elle aurait pu occuper une place centrale.   

Bref, un roman plaisant mais qui reste un peu trop en surface.


The Penelopiad de Margaret Atwood, 2005, 121 p.  Titre de la traduction française: L'Odyssée de Pénélope.

14 août 2018

A Fine Balance (L'Équilibre du monde)

C'est une participante du Forum de la bonne lecture qui nous avait parlé de ce roman, qu'elle classait parmi ses favoris.  Je ne connaissais pas du tout l'écrivain canadien-anglais d'origine indienne Rohinton Mistry, mais comme Martine et moi avons beaucoup de goûts en commun, j'ai noté ce titre, surtout que ça se déroule en Inde, pays qui me fascine depuis l'adolescence quand j'ai lu Cette nuit la liberté de Dominique Lapierre et Larry Collins.

J'avoue que j'ai eu un peu de difficulté à m'adapter au style de l'auteur, que je trouvais de prime abord un peu plat et manquant d'élégance.  Mais je m'y suis faite après quelques chapitres et j'ai pu apprécier ce gros pavé où l'on suit les destins entrecroisés de plusieurs personnages, certains fort sympathiques malgré leurs imperfections, d'autres carrément extravagants.  Certains passages sont très durs car Mistry nous décrit une Inde rongée par la corruption des puissants (on est dans les années soixante-dix, Indira Gandhi est au pouvoir) où, même si le système des castes a été aboli officiellement, il subsiste néanmoins dans les relations entre individus.  Et c'est sans parler des massacres causés par les religions!  Mais il y a aussi de l'entraide, de l'amitié, de l'amour, et finalement, il y a un équilibre dans le monde, puisque, paradoxalement, les plus chanceux ne sont pas les plus heureux.

Merci Martine pour cette découverte!


A Fine Balance de Rohinton Mistry, 1995, 713 p.  Titre de la traduction française: L'Équilibre du monde.

27 février 2018

Station Eleven

Je classe ce magnifique roman dans la catégorie «science-fiction» car il fait partie du sous-genre «post-apocalyptique», mais j'espère que cela ne rebutera pas ceux qui évitent généralement le genre.  Car c'est avant tout un livre sur la civilisation, sur la culture, sur ce qui doit être conservé ou reconstruit après qu'une pandémie a* dévasté la terre.  La plume de St. John Mandel, fluide, est entièrement au service de l'histoire et de ses personnages, la plupart attachants mais imparfaits, qu'on découvre au fil des allers-retours entre l'avant- et l'après-cataclysme, dans l'entourage torontois d'un célèbre acteur vieillissant et en suivant les pérégrinations d'une troupe de théâtre et de musique ambulante dans la région des Grands-Lacs.

J'aime beaucoup les romans (et les films) post-apocalyptiques, mais je pense que celui-ci plaira même à ceux qui ne les prisent pas, les trouvant généralement trop noirs ou déprimants.  Ici, même s'il y a des moments de grandes tensions, il y a toujours de l'espoir et de la beauté.  Il est tout simplement bon de se faire rappeler que les choses qu'on prend pour acquises (on pousse un bouton et la lumière jaillit, on est malade et il suffit d'aller à la pharmacie, tout le savoir du monde est à notre portée en quelques clics) pourraient disparaître et que nous devrions donc les apprécier davantage.

* L'indicatif après la locution «après que»!  Mon instinct voudrait le subjonctif mais j'ai appris depuis peu que c'est erroné et j'essaie de corriger cette mauvaise habitude!


Station Eleven d'Emily St. John Mandel, 2014, 315 p. en version numérique.   Titre de la traduction française: Station Eleven.

30 janvier 2018

Mais que lit Stephen Harper?

Ce recueil regroupe une soixantaine de chroniques (d'autres ont été ajoutées lors de la réédition en 2011) qui avaient d'abord été publiées sur le site internet du même nom.  Devant l'indifférence du premier ministre Stephen Harper face à la culture en général et à la littérature en particulier, l'écrivain Yann Martel avait entrepris de lui envoyer chaque deux semaines une œuvre qu'il commentait dans une lettre. Plusieurs genres sont abordés, de la poésie à la bande dessinée en passant par le texte religieux et la littérature jeunesse, du classique au contemporain.

Bien sûr le côté purement politique du projet est maintenant un peu dépassé, mais les réflexions sur la culture restent pertinentes, et de toutes façons je suis toujours partante pour un «livre qui parle de livres»!  J'ai d'ailleurs noté plusieurs titres sur ma LAL, notamment By Grand Central Station I Sat Down and Wept (À la hauteur de Grand Central Station, je me suis assise et j'ai pleuré) d'Elizabeth Smart et le roman graphique Persepolis de Marjane Satrapi.

Seul petit défaut, la traduction effectuée par les parents de Yann Martel m'a parfois semblé maladroite.  Des défauts qui passent inaperçus sur un site internet ressortent plus lors du passage à l'imprimé.  Peut-être que l'éditeur aurait dû y voir.  Mais bon, cela reste très intéressant et fort agréable à lire.


Mais que lit Stephen Harper? de Yann Martel, traduit de l'anglais, 2009, 261 p.  Titre de la version originale: What Is Stephen Harper Reading?

31 août 2015

The City of Words (La Cité des mots) -- Abandon!

Oui, j'abandonne à moitié chemin!  Pas que ce soit inintéressant, au contraire, mais force m'est de constater que Manguel dans le texte est au-delà de mes capacités linguistiques.  Alors que ses livres traduits ont été de purs délices (en particulier Une Histoire de la lecture), celui-ci me fait l'effet d'une corvée, et pendant que j'essaye de me concentrer dessus, surtout lors des (nombreux) passages plus théoriques, je ne pense en réalité qu'à retourner à l'autre bouquin que je lis en parallèle.  Ce n'est pas lui rendre justice, je l'emprunterai plutôt un jour en version française.

À bientôt, Alberto!


The City of Words d'Alberto Manguel, 2007, 166 p.  Titre de la traduction française: La Cité des mots.

12 octobre 2013

The Gargoyle (Les Âmes brûlées)

C'est un système qui a fait ses preuves. Vous, amis blogueurs, vous mettez à deux, trois, cinq ou dix pour me convaincre qu'un livre est fait pour moi. Je le note dans mon petit cahier, me disant qu'il faut le lire très bientôt. Mais j'en ai tellement noté, de ces titres, que ce n'est que quelques années plus tard que je me décide finalement à l'emprunter à la bibliothèque, ou que je le déniche par hasard dans une bouquinerie. Avec ma cervelle en fromage suisse, je ne sais même plus de quoi ça parle, et le plaisir de la (re)découverte est immense.

C'est tout à fait ce qui est arrivé avec The Gargoyle, vendu avec enthousiasme par Karine et Book Lady. Je pensais même que c'était dans le genre Fantasy, et qu'il y avait une «vraie» gargouille vivante!  Autant vous le dire tout de suite, ce n'est pas ça du tout. C'est plutôt l'histoire d'un gars d'une trentaine d'année, très beau physiquement mais très cynique et qui n'a jamais aimé personne.  À la suite d'un accident de voiture, il se retrouve à l'unité des grands brûlés, complétement détruit physiquement et moralement.  Il y rencontre plusieurs personnes qui vont changer sa vie, en particulier une femme qui affirme qu'ils se sont connus et ont été amants en Allemagne il y a sept cents ans, alors qu'elle était scribe dans un monastère et lui mercenaire. Est-elle folle, est-ce un cas de réincarnation? C'est ce qu'on se demande tout au long de ce roman fort bien écrit, drôle, poignant, romantique,  d'une plume très travaillée mais qui pourtant se lit avec une grande aisance, rempli de références littéraires, notamment à L'Enfer de Dante mais aussi à d'autres oeuvres.  Seules quelques longueurs dans la deuxième moitié l'empêcheront peut-être de recevoir le titre de «Coup de coeur».  Attention, certaines descriptions sont presque insupportables de réalisme (l'accident, les traitements); j'invite les âmes sensibles à sauter ces passages plutôt que d'abandonner complètement!

À cause des différentes interprétations possibles de l'intrigue,ce livre est très difficile à classer... Je le mets dans «Fantastique» ou dans «Littérature générale»?  Dans le doute...


The Gargoyle d'Andrew Davidson, 2008, 465 p. Titre de la traduction française: Les Âmes brûlées.

24 juin 2013

La Bibliothèque de Robinson

Une toute petite plaquette regroupant deux textes d'un de mes auteurs chouchou, Alberto Manguel. Dans le dictionnaire, à côté du mot «érudit», il y a son portrait, mais il est en même temps un excellent vulgarisateur.

Dans le premier texte, Autoportrait d'un bouquineur, Manguel raconte les librairies qui ont jalonné sa vie de lecteur, de son enfance à l'âge mûr, partout dans le monde.  C'est qu'il a bourlingué, le monsieur! Il parle même de Montréal, et notamment de la librairie Hermès à Outremont, connue de tous les lecteurs du quartier depuis toujours (mais fermée malheureusement depuis la parution de ce livre.)

Extrait:
«Montréal est une ville de lecteurs, et les livres qui racontent son histoire lui ont conféré une réalité: la saga du Plateau Mont-Royal de Tremblay, Le Matou de Beauchemin, Le Sourd dans la ville de Marie-Claire Blais, les polars à l'humour noir de François Barcelo, m'ont dessiné une carte de Montréal qui, comme les meilleurs livres, est à la fois secrète et parfaitement accessible.»

Dans le deuxième texte, plus consistant, Manguel prend comme point de départ un passage de Robinson Crusoé où le naufragé récupère quelques livres de l'épave du navire. Ce prétexte lui permet d'aborder notre relation au livre, les différents types de lecteurs et les dangers qui guettent l'écrit et la mémoire à l'ère du numérique et de l'instantané (cette dernière partie montrant plus de signe d'obsolescence que le reste, tant la technologie a évolué, même si le propos lui-même reste d'actualité).

Comme toujours, Manguel est un must pour tous ceux qui aiment les «livres qui parlent des livres»!

(Désolée pour la mauvaise qualité de l'image ci-contre; étrangement je n'ai trouvé nulle part sur Internet de reproduction de cette couverture. J'ai donc dû numériser moi-même l'exemplaire de la bibliothèque municipale, avec sa reliure qui a grugé les deux côtés...)


La Bibliothèque de Robinson d'Alberto Manguel, traduit de l'anglais, 2000, 53 p.  Contient deux textes dont les titres en version originale sont Many Bookstores (tiré de A Visit to the Dream Bookseller, 1998) et The Library of Robinson Crusoe, 2000.

30 janvier 2013

Une Maison dans les nuages

Dans ce livre magnifique, Margaret Laurence nous emmène beaucoup plus loin qu'un simple récit de voyage le ferait. Ayant passé deux ans en Somalie avec son mari ingénieur dans les années 50, elle a eu non seulement l'occasion de visiter différentes régions, d'observer les paysages, l'architecture,  la faune, la flore, de côtoyer les habitants, mais cela lui a permis de réfléchir (et de nous faire réfléchir) sur la condition humaine, la religion, l'écriture et surtout sur l'incompréhension entre les peuples. Canadienne-anglaise, elle ne trouve pas sa place auprès des Anglais installés dans le pays, qu'elle trouve racistes et colonialistes pour la plupart. Elle tente plutôt de se rapprocher des Somaliens, en particuliers des ouvriers de son mari, mais découvre bientôt que cela est plus difficile qu'elle pensait. Au-delà de la barrière linguistique, c'est l'absence de références communes qui est le principal obstacle. Cela donne lieu à des épisodes parfois comiques, parfois émouvants, voire déchirants; je suis encore toute remuée par l'histoire de la petite prostituée de huit ans, dont le nom en Somali signifie «petit trou»...  Qu'aurais-je fait à la place de Mme Laurence? Je n'en ai aucune idée.

Merci à Jules de m'avoir fait découvrir ce récit enrichissant, admirablement traduit par Dominique Fortier.


Une Maison dans les nuages de Margaret Laurence, traduit de l'anglais en 2012, éd. originale 1963, 374 p. Titre original: The Prophet's Camel Bell.

28 octobre 2011

Forbidden Fruit

Non, ce n'est pas le titre d'un roman Harlequin, mais bien celui d'un essai sur la censure, comme l'indique plus clairement le sous-titre: banned, censored, and challenged books from Dante to Harry Potter. Je manque un peu d'à-propos, j'aurais dû terminer ce livre et vous en parler durant la semaine Banned Books Week américaine (soulignée notamment chaque année chez Book Lady), mais voilà, le temps m'a manqué, et mieux vaut tard que jamais, surtout avec un sujet aussi sérieux.

Le ton est très académique. On est loin de l'élégance d'un Alberto Manguel (qui signe d'ailleurs une courte introduction). Cependant, pour qui s'intéresse à la question, c'est un bon panorama.  Censure par l'Église ou  par des groupes religieux, censure politique ou morale, rectitude politique (le fameux politiquement correct), chaque sujet fait l'objet d'une courte introduction, puis on nous présente les oeuvres bannies ou remises en question au fil des siècles. Comme l'auteur est canadien, il y a un chapitre intitulé The Canadian Experience, qui traite à la fois des livres interdits ici et des auteurs canadiens interdits (ici ou ailleurs).  Il est toutefois fort peu question de la situation au Québec, ce qui est dommage. Quelqu'un connaît un bon bouquin sur la censure au Québec?

Un point aurait dû être selon moi plus développé, puisqu'on n'y fait allusion que brièvement.  La liberté d'expression devrait-elle être absolue, ou doit-on la limiter pour protéger certains groupes?  Dans un monde idéal, je serais assez d'accord avec l'auteur: on devrait avoir le droit de tout dire, et ceux qui ne sont pas d'accord n'auraient qu'à présenter leurs propres arguments.  Mais dans la réalité, lorsqu'on sait à quels excès a pu mener la propagande haineuse, cette idée me rend un peu mal à l'aise...

 Quelques exemples de censure ou de remises en question:

  • The Handmaid's Tale (La Servante écarlate) de Margaret Atwood (elle-même grande défenderesse de la liberté d'expression) a été remis en question dans plusieurs écoles américaines parce qu'il touche des thèmes comme «le suicide, le sexe illicite, la violence et le désespoir». Il a été effectivement banni d'une seule école au Massachussett à cause des blasphèmes et des scènes sexuelles.
  • Harry Potter and the Philosopher's Stone (Harry Potter à l'école des sorciers) de J.K. Rowling a «l'honneur» d'être le livre plus remis en question au XXIe siècle aux États-Unis, à cause de son sujet touchant à l'occultisme, sa violence et son biais «anti-famille»! Le Canada n'est pas en reste puisque dans de nombreuses bibliothèques scolaires il n'est disponible que sous supervision.
  • Le Journal d'Anne Frank a été censuré par son premier éditeur, qui a enlevé certains passages qu'il trouvait de mauvais goût (comme celui où Anne parle de ses premières règles, par exemple). Dans la version allemande de l'oeuvre, on a aussi retiré certains commentaires anti-allemands! Ce livre a été remis en question dans certaines écoles américaines à cause de quelques vagues références sexuelles et parce qu'Anne critique parfois ses parents!


Forbidden Fruit : banned, censored, and challenged books from Dante to Harry Potter de Pearce J. Carefoote, 2007, 143 p. Non traduit, à ma connaissance.

25 octobre 2011

Un souffle venu de loin

Dans la première partie de ce roman, Marion, la narratrice, nous parle de sa relation avec sa soeur adoptive Mirka, un de ces enfants européens qu'on envoyait dans des familles canadiennes pour les mettre à l'abri durant la Deuxième Guerre mondiale. Entourée d'amour dans sa nouvelle famille, la petite n'arrive pourtant pas à s'adapter complètement. En deuxième partie, racontée du point de vue de sa fille Clara dans les années 1990, Mirka raconte ce qu'elle a appris de ses origines et de son passé lors de son retour en Belgique, et on comprend alors la source de son malaise.

Malgré des dialogues parfois un peu ampoulés, un beau roman qui lève brièvement le voile sur un aspect moins connu de l'Histoire du XXe siècle, le génocide du peuple tsigane par les nazis.

(Bien que l'auteure soit québécoise de naissance, elle habite en Ontario depuis 1974 et la maison d'édition est ontarienne; c'est pourquoi j'ai préféré classer cette oeuvre sous le libellé Canada [hors-Québec].)

Merci à Babelio et aux éditions Prise de parole pour l'envoi.

Un souffle venu de loin d'Estelle Beauchamp, 2010, 210 p.

20 mars 2009

La Servante écarlate


Ayant déjà vu quelques extraits du film qui a été tiré de ce livre (film mettant en vedette la regrettée Natasha Richardson, qui vient de mourir suite à un accident de ski à quelques heures de route d'ici, coïncidence bizarre!), je me souvenais de ce qu'est une «servante écarlate», alors qu'on est supposé ne l'apprendre que peu à peu, car Margaret Atwood suggère ici plus qu'elle ne décrit en détail, grâce à un style d'écriture plutôt dépouillé. À cause de cela, j'ai d'abord eu un peu de difficulté à accrocher à ce roman d'anticipation. Je trouvais également un peu tirée par les cheveux l'idée que le gouvernement américain ait été renversé par un genre de secte d'extrême-droite (ce n'est pas un gros spoiler, on apprend cela dès les premiers chapitres).

Après une cinquantaine de pages, et ayant décidé d'accepter cette prémisse (après tout, pourquoi pas? Des choses encore plus improbables se sont produites pour vrai, et se produisent encore!), j'ai commencé à être de plus en plus intriguée, puis fascinée. On s'identifie à la narratrice, on s'inquiète pour elle, on voudrait une issue heureuse tout en craignant que ce ne soit pas possible... On ressent pour certains personnages secondaires de la méfiance, de la répugnance ou de la pitié (et souvent un mélange étrange de ces trois sentiments!). Et puis, certaines des questions soulevées restent d'actualité, vingt ans après la parution du bouquin: la place des femmes dans la société, le fanatisme religieux, la fertilité...

Une très belle lecture dans le cadre du défi Blog-0-trésors! Et ouf! je n'ai pas eu de problèmes majeurs avec cette traduction, contrairement à ce qui était arrivé lors de mon expérience précédente avec cette auteure...



Les billets de trois lecteurs du Biblioblog, celui de Sylvie, de Chiffonnette, de Sébastien...


Addendum: Une autre coïncidence, juste comme je finissais le brouillon de ce billet hier soir, on présentait à l'excellente émission The Hour (CBC) une entrevue avec Margaret Atwood. Elle y discutait de son dernier livre, un essai intitulé Payback: Debt and the Shadow Side of Wealth, dont le sujet, l'endettement, est brûlant d'actualité même si elle avait commencé à l'écrire dès 2005! D'ailleurs je ne savais pas que Mme Atwood était aussi essayiste, décidément elle a plus d'une corde à son arc! Pour voir cette entrevue (en English), c'est ici.

La Servante écarlate de Margaret Atwood, traduit de l'anglais, publié chez Robert Laffont en 1987. 362 p. La version originale, The Handmaid's Tale, date de 1985.

13 décembre 2008

The Stone Angel

Une vieille femme au caractère fort mais imparfait, affectée physiquement et mentalement par la maladie, se souvient de sa vie dans l'Ouest canadien. Le passé fait écho au présent. Parviendra-t-elle à faire la paix avec les hommes de sa vie et surtout avec elle-même avant qu'il ne soit trop tard?

J'ai parcouru avec beaucoup d'émotion (et aussi plusieurs sourires, car cette vieille dame a vraiment un caractère de cochon!) ce roman d'une auteure canadienne découverte grâce à Jules (merci Jules!). Il semble qu'il fasse partie d'une série, le Cycle de Manawaka (du nom du village où se déroule une grande partie de l'action), dont chaque tome peut se lire séparément. J'ai déjà hâte de mettre la main sur les autres!

L'avis de Clarabel.

The Stone Angel de Margaret Laurence, publié chez McClelland & Stewart en 1964. 308 p. Titre de la traduction française: L'Ange de pierre.

16 octobre 2008

Une Histoire de la lecture



Au Xe siècle, par exemple, le grand vizir de Perse,
Abdul Kassem Isma'il, afin de ne pas se séparer durant ses voyages de sa collection de cent dix-sept mille volumes, faisait transporter ceux-ci par une caravane de quatre cents chameaux entraînés à marcher en ordre alphabétique.


C'est ce genre d'anecdotes savoureuses qu'on retrouve à toutes les pages de ce formidable essai. Plus qu'une Histoire, il s'agit en fait d'un rassemblement de faits, de réflexions et de souvenirs sur la lecture, classés non par ordre chronologique mais par thèmes (l'apprentissage de la lecture, la forme du livre, etc). Certains chapitres sont un peu plus hermétiques et demandent de la concentration (Métaphores de la lecture: le monde est un livre, le livre est un monde, un auteur est un lecteur, un lecteur est un auteur...) mais en général cela se lit comme un roman, et avec le plaisir immense d'être inclus dans une confrérie datant de plusieurs millénaires, en compagnie de Ptolémée, fondateur de la bibliothèque d'Alexandrie, de Colette, de Saint Augustin, de Dickens et de millions de lecteurs à travers les âges.

Saviez-vous par exemple qu'anciennement il était plus courant de lire à haute voix, même lorsqu'on lisait pour soi-même? Lire «dans sa tête» demandait un effort, et ce n'est qu'au cours des siècles que cette habileté, qui fait appel à une partie différente du cerveau, se développa.

Pour quelqu'un dont l'activité préférée est lire, lire un livre sur la lecture est un plaisir doublé. Et lorsqu'en plus l'objet lui-même est magnifique, avec ce format allongé typique aux éditions Actes Sud et cette superbe couverture, hé bien! c'est le bonheur total.

Comme j'ai beaucoup râlé sur les traductions ces derniers temps (notamment ici et ), je m'en voudrais de passer sous silence celle-ci, excellente, de Christine Le Boeuf, traductrice également de Paul Auster et de Siri Hustvedt. Il y a d'ailleurs un intéressant chapitre sur la traduction. Donc on lit un livre sur la lecture, et Mme Le Boeuf a traduit un chapitre sur la traduction. Tout est dans tout (bien prononcer avec l'accent québécois). Paradoxalement, Manguel nous y donne le goût d'apprendre l'allemand pour pouvoir apprécier la traduction de Rainer Maria Rilke des sonnets de Louise Labé, une poétesse française du XVIe siècle.

Selon Manguel, un traducteur de talent peut aller jusqu'à enrichir l'original, lui donner plus de profondeurs. À titre d'exemple, il nous raconte les l'histoire des traductions successives de la Bible (sûrement le livre le plus traduit au monde!) pour démontrer comment un texte peut être appauvri ou élevé au rang de chef d'oeuvre. Ainsi, dans la version anglaise dite «des évêques», le psaume XXIII donne une impression un peu balourde:

God is my sheperd, therefore I can lose nothing;
He will cause me to repose myself in pastures full of grass,
and he will lead me unto calm waters.

Alors que celle, subséquente, dite «du roi Jacques» est un vrai poème:


The Lord is my Sheperd; I shall not want.
He maketh me to lie down in green pastures;
He leadeth me beside the still waters.


Synchronicité, alors que je viens d'apporter ma modeste et maladroite contribution à la Banned Books Week (ici et ), on retrouve un chapitre poignant sur les Lectures interdites: autodafés, censure, esclaves noirs apprenant à lire en cachette... Ces derniers ont parfois payé de leur vie leur désir de faire partie de la confrérie des lecteurs.



L'avis de Louis, celui de Cuné.


Une Histoire de la lecture d'Alberto Manguel, publié chez Actes Sud/Leméac en 1998. 428 p incluant les notes, index, etc. La version originale en anglais, A History of Reading date de 1996. (Comme l'auteur est citoyen canadien depuis 20 ans, je classe ce bouquin dans la catégorie Canada, mais notons qu'il est né en Argentine et a vécu en Italie, en France, en Angleterre et à Tahiti avant de s'établir ici.)

20 août 2008

Le Tueur aveugle (suite)

Le Tueur aveugle de Margaret Atwood, publié chez Robert Laffont en 2002. 584 p. La version originale canadienne-anglaise, The Blind Assassin, date de 2000 et a reçu le Booker Prize.



La traduction, dont je parlais dans mon billet précédent, est restée pourrie jusqu'à la fin... Je n'ai aucun compliment à faire à la traductrice, Michèle Albaret-Maatsch. Non seulement la saveur canadienne du roman n'est pas respectée, mais certaines phrases sont à la limite du compréhensible. Par exemple (un parmi tant d'autres), une réflexion sur le vide n'a plus aucun sens lorsque doughnut hole (cette petite boule de pâte retirée du centre d'un beigne puis frite) est traduit par rond de beignet au lieu de trou de beigne.

Autre aspect négatif, la couverture de cette édition est vraiment laide! Enfin, le portrait de femme est plutôt joli, mais sa peau semble avoir une teinte orange (qui ne ressort pas vraiment dans l'image ci-dessus) à cause de l'horrible fond d'un violet criard! S'il s'agissait d'un concept des années soixante-dix, je comprendrais, mais non -- le roman n'a que six ans! Pour moi, l'aspect physique d'un livre participe grandement au plaisir de la lecture. Alors, là, on n'a pas été choyé.

Bon, j'ai fini de critiquer. L'histoire est vraiment très bien. Une vieille dame nous raconte sa relation avec sa soeur cadette, au caractère fantasque, devenue une écrivaine culte grâce à un roman publié après sa mort dans un accident de voiture. L'action a lieu dans une petite ville industrielle de l'Ontario, puis dans le Toronto mondain des années trente et quarante. Intercalés dans le récit, on retrouve des extraits du roman de la soeur, dans lequel un des personnages raconte à sa maîtresse une étrange histoire se déroulant dans un monde fantastique. On a donc une histoire dans une histoire dans une histoire, et ces histoires se répondent et s'éclairent entre elles.

J'ai le sentiment que, dans de meilleures circonstances, ce bouquin aurait pu devenir un grand coup de coeur... Dommage.



Allie est enthousiaste et ne semble pas avoir été dérangée par la traduction, Chimère a bien aimé; Sentinelle, par contre, n'a pas du tout accroché.

07 août 2008

Le Tueur aveugle

Le Tueur aveugle de Margaret Atwood, publié chez Robert Laffont en 2002. 584 p. La version originale canadienne-anglaise, The Blind Assassin, date de 2000.

Je peux pardonner beurre de cacahuètes au lieu de beurre d'arachides, mais lire des expressions comme ouvrir les esgourdes et brider la bécasse (???) dans un roman se déroulant à quelques heures de route de Montréal, ça fait bizarre. Déjà que je ne suis pas fan des traductions, au moins lorsque l'action se déroule au Canada, est-ce qu'on pourrait avoir un traducteur canadien, s'il-vous-plaît, messieurs les éditeurs?

Quant à la sagesse rétrospective est de dix à chaque oeil, j'en reste baba. Je suppose qu'il s'agit d'une traduction boiteuse de l'expression hindsight is 20/20?

J'en suis à la moitié, l'histoire est excellente, dommage que la traduction soit aussi pourrie!


À suivre...


(Rendons à César, j'ai piqué l'image ici.)


La suite de mon commentaire...

26 juin 2008

The Progress of Love

The Progress of Love d'Alice Munro, publié chez McLelland and Stewart en 1986. 309 p.


Frustrant!

C'est ça le problème avec les nouvelles, à mon avis. Meilleures elles sont, plus elles sont frustrantes! Et celles d'Alice Munro dans The Progress of Love le sont, énormément!

Tout ce que je savais de cette auteure, c'est qu'elle est canadienne-anglaise, et c'est la principale raison qui m'a poussée à acheter ce livre usagé, toujours dans cet effort de remédier à mon ignorance crasse en ce qui concerne la littérature du ROC (Rest of Canada!).

Mais je l'aurais sans doute remis sur la tablette si j'avais vu qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que je me fais prendre. Au moins, cette fois-ci je m'en suis aperçu avant de commencer la lecture et non en cours de route comme la dernière fois, déconcertée par des chapitres sautant du coq à l'âne! Pourquoi les éditeurs n'identifient-ils pas mieux les recueils de nouvelles, est-ce que ça se vend moins bien? Il me semble pourtant que les amateurs de ce genre sont nombreux, même si ce n'est pas mon cas!

Alice Munro a vraiment un talent fou pour créer des personnages crédibles et intéressants en quelques coups de plume... Et c'est bien là le problème! J'aurais voulu les accompagner, ou qu'ils m'accompagnent, enfin, j'aurais voulu qu'on fasse un plus long bout de chemin ensemble! Surtout que plusieurs des nouvelles n'ont pas une fin dramatique, qui viendrait clore définitivement le récit; non, elles finissent tout doucement, et on se dit qu'elles auraient bien pu continuer!

Mais bon, je me suis finalement adaptée (ou résignée) à ce rythme (des nouvelles de vingt à trente pages chacune) et ai fini par bien apprécier cette lecture. Alice Munro a su trouver pour chaque récit un ton propre, une voix différente, sans pour autant nuire à l'unité de l'ensemble. Un équilibre pas toujours évident à atteindre.

Comme le titre l'indique, il est beaucoup question d'amour dans ce livre, mais sous différentes formes: l'amour entre deux frères dont l'un est un peu spécial, l'amitié entre deux adolescentes, la relation entre un homme au caractère difficile et trois générations de femmes (sa mère, sa femme, sa fille), entre une mère divorcée et sa fille... On peut y voir aussi une réflexion sur le temps, puisque plusieurs des nouvelles comportent des retours en arrières (flashbacks) ou s'étendent sur de longues durées.

Si vous aimez ce genre littéraire, je vous recommande chaudement ce bouquin (qui ne semble toutefois pas avoir été traduit en français, ce qui est un peu surprenant pour un livre ayant remporté le Prix du Gouverneur général!). Quant à moi, la prochaine fois j'essayerai plutôt de mettre la main sur un des romans de cette auteure.


Et vous, vous aimez les nouvelles, en général?
Addendum: n'hésitez pas à remplir mon petit sondage sur les nouvelles (colonne de droite)!!
Addendum 2: pour le résultat final du sondage, c'est ici!

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Prochaine lecture: L'Empire des loups de Jean-Christophe Grangé.

26 mai 2008

Eleanor Rigby

Eleanor Rigby de Douglas Coupland, publié aux éditions Vintage Canada en 2005. 249 p. Titre de la traduction française: Eleanor Rigby.


Une deuxième déception de suite: après l'Intrigue à l'anglaise, voilà que c'est une intrigue à l'anglo-canadienne qui me désappointe, malgré des commentaires élogieux lus ici ou *, et un début prometteur.

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque dans le cadre d'un effort concerté pour m'intéresser à la littérature de nos voisins d'à-côté, qui m'est peu familière. Douglas Coupland est un auteur qui connaît un certain succès dans le ROC (Rest of Canada), un de ses romans, Jpod, ayant même fait l'objet d'une série télévisée sur CBC (qui fut toutefois cancellée).

Malheureusement, je n'ai pas du tout accroché au récit de cette femme solitaire, qui retrouve à trente-six ans le fils qu'elle avait donné en adoption vingt ans plus tôt. J'ai trouvé l'histoire déprimante (alors que l'effet recherché était sans nul doute l'inverse), les personnages peu sympathiques. L'humour, omniprésent et parfois réussi, donne souvent l'impression d'être forcé -- dans le genre: «voyez comme je suis spirituel!» J'ai dû remettre le livre à la bibliothèque, sinon je vous citerais quelques exemples pour vous donner une idée.

Le personnage principal est décrit comme une femme obèse, mais cela ne se sent pas du tout dans le récit; à chaque fois que son physique était mentionné, j'étais surprise: «Ah oui, c'est vrai, elle est grosse!» C'est donc qu'elle ne pensait ni n'agissait comme une obèse, comme le faisait par exemple la Juliette Pomerleau d'Yves Beauchemin. D'ailleurs, le concepteur de la page couverture n'avait pas saisi ce détail lui non plus, on dirait -- vous pensez que c'est le bras d'une grosse femme, vous?


* Addendum (1er juin): Je rajoute le lien vers le billet de Charlie Bobine; il me semblait bien avoir lu une autre critique élogieuse récemment, mais je ne me souvenais pas où!

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Prochaine lecture: Needful Things de Stephen King.