26 mai 2008

Eleanor Rigby

Eleanor Rigby de Douglas Coupland, publié aux éditions Vintage Canada en 2005. 249 p. Titre de la traduction française: Eleanor Rigby.


Une deuxième déception de suite: après l'Intrigue à l'anglaise, voilà que c'est une intrigue à l'anglo-canadienne qui me désappointe, malgré des commentaires élogieux lus ici ou *, et un début prometteur.

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque dans le cadre d'un effort concerté pour m'intéresser à la littérature de nos voisins d'à-côté, qui m'est peu familière. Douglas Coupland est un auteur qui connaît un certain succès dans le ROC (Rest of Canada), un de ses romans, Jpod, ayant même fait l'objet d'une série télévisée sur CBC (qui fut toutefois cancellée).

Malheureusement, je n'ai pas du tout accroché au récit de cette femme solitaire, qui retrouve à trente-six ans le fils qu'elle avait donné en adoption vingt ans plus tôt. J'ai trouvé l'histoire déprimante (alors que l'effet recherché était sans nul doute l'inverse), les personnages peu sympathiques. L'humour, omniprésent et parfois réussi, donne souvent l'impression d'être forcé -- dans le genre: «voyez comme je suis spirituel!» J'ai dû remettre le livre à la bibliothèque, sinon je vous citerais quelques exemples pour vous donner une idée.

Le personnage principal est décrit comme une femme obèse, mais cela ne se sent pas du tout dans le récit; à chaque fois que son physique était mentionné, j'étais surprise: «Ah oui, c'est vrai, elle est grosse!» C'est donc qu'elle ne pensait ni n'agissait comme une obèse, comme le faisait par exemple la Juliette Pomerleau d'Yves Beauchemin. D'ailleurs, le concepteur de la page couverture n'avait pas saisi ce détail lui non plus, on dirait -- vous pensez que c'est le bras d'une grosse femme, vous?


* Addendum (1er juin): Je rajoute le lien vers le billet de Charlie Bobine; il me semblait bien avoir lu une autre critique élogieuse récemment, mais je ne me souvenais pas où!

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Prochaine lecture: Needful Things de Stephen King.

14 mai 2008

Intrigue à l'anglaise


Intrigue à l'anglaise d'Adrien Goetz, publié chez Grasset en 2007. 338 p.

Dans la veine des Da Vinci Code (sans l'aspect religieux) et autres Tableau du Maître flamand, ce roman mêle suspense et Histoire de l'Art: un secret contenu dans une oeuvre d'art ancienne a des répercussions jusqu'à nos jours. Ici, un morceau disparu de la Tapisserie de Bayeux (une longue toile brodée datant du XIème siècle, illustrant la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant, avec la bataille d'Hastings en 1066, en plusieurs scènes successives -- un peu l'ancêtre de la bande dessinée!) pourrait ébranler le Trône britannique.

À partir de cette prémisse, plusieurs fils s'entremêlent: Napoléon Bonaparte, Lady Di et Dodi Al-Fayed, l'Égypte copte, Victor Hugo, Prosper Mérimée, Hitler et les Nazis, Edouard VIII et Wallis Simpson... Une jeune conservatrice et son ami chroniqueur à la télévision tenteront d'y voir clair.

Malheureusement, les fils resteront dans bien des cas emmêlés, et au final on reste avec une impression de fouillis. Certains éléments fournis n'ont aucun lien avec le reste de l'histoire. Ainsi on apprend au chapitre 33 que l'héroïne et son petit ami sont des passionnés de cartomancie et de magie blanche, on prend deux pages pour nous en parler, mais cela n'apporte absolument rien à l'intrigue. J'ai aussi trouvé les actions entreprises par les protagonistes souvent illogiques, ce qui devient rapidement irritant.

De plus, quelques illustrations de la fameuse oeuvre d'art, voire quelques croquis peu dispendieux à imprimer, auraient grandement augmenté le plaisir de la lecture. La Tapisserie de Bayeux n'est quand même pas aussi connue que la Dernière Cène de Léonard de Vinci, et on n'a pas toujours un livre d'Histoire de l'Art ou un ordinateur sous la main!

Bref, malgré une bonne idée de départ et quelques revirements intéressants, je suis plutôt déçue par ce roman dont j'ai trouvé le style agaçant, alors que Cuné l'a trouvé réjouissant, que Katell a apprécié son humour débridé, et que Bernard a bien aimé malgré quelques réserves. Au moins je ne suis pas la seule, Gachucha partage mon avis.

03 mai 2008

Ni d'Ève ni d'Adam

Ni d'Ève ni d'Adam d'Amélie Nothomb, publié chez Albin Michel en 2007, 244 p.


Il y a quelques années, une amie m'avait prêté Stupeur et tremblements, que j'avais adoré. Avec beaucoup d'humour, Amélie Nothomb y racontait sa pénible expérience dans le monde du travail japonais. Étrangement, je n'avais pas eu le goût de continuer avec cette auteure, dont j'avais pourtant bien apprécié le style. J'en suis venue à la conclusion que c'est tout simplement à cause de ses pages couvertures qui arborent toujours des photos d'elle avec des yeux fixes, dérangeants. C'est idiot, je sais, mais cela m'enlevait toute envie!

Heureusement, lorsqu'une autre amie m'a prêté celui-ci, j'ai été bien soulagée de constater que la photo de couverture est plutôt jolie, pour une fois. J'ai donc pu renouer avec Amélie, pour mon plus grand plaisir. Ce roman autobiographique, dont l'intrigue se déroule en parallèle avec celle de Stupeur et tremblements, raconte sa relation amoureuse avec un jeune étudiant japonais. Le choc des cultures y est observé avec beaucoup de finesse et de drôlerie. Et j'ai beaucoup aimé cette écriture légère et moderne, mais qui paradoxalement remet à la mode certaines tournures de phrases tombées en désuétude.

Évidemment, la dame a l'air d'avoir une personnalité assez spéciale, limite mégalomane, et j'imagine qu'on peut s'en lasser à la longue; mais comme je suis peu l'actualité littéraire et que ce n'était que mon deuxième contact avec elle, j'ai vraiment eu beaucoup de plaisir.

Et puis la scène de la fondue suisse est à mourir de rire! Et sa description du merveilleux mont Fuji m'a fait rêver!


L'avis de Clochette, d'Allie, d'Essel, de Laure...


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Prochaine lecture: Intrigue à l'anglaise d'Adrien Goetz.

02 mai 2008

Très mauvais pour la PAL...

... ce Grand Solde de livres des Amis de la Bibliothèque de Montréal! En plus de plusieurs livres pour mes nièces, je rapporte:

  • L'Empire des loups de Jean-Christophe Grangé (je ne sais pas du tout si je vais aimer ce genre, mais pour $1, ce n'est pas un gros risque!)

  • Mystic River de Dennis Lehane (j'avais adoré le film!)

  • Needful Things de Stephen King (moi, lire du Stephen King, qui l'eût cru! Mais d'après ce que je me souviens du film, ce n'est pas trop horrible, plus fantastique qu'horreur, avec de l'humour et de la psychologie...)

  • The Progress of Love d'Alice Munro (pour continer ma découverte d'auteurs canadiens-anglais, que nous avons un peu tendance à ignorer, ici...)

  • In Her Shoes de Jennifer Weiner (un peu de chick-lit...)

  • The Christmas Mystery de Jostein Gaarder (par l'auteur du Monde de Sophie, un beau livre joliment illustré, mais je me demande s'il ne s'agirait pas d'un livre-jeunesse? Il était du côté adulte, pourtant! Enfin, on verra bien...)

  • Hour Game de David Baldacci (un suspense, j'avais beaucoup aimé The Camel Club)

  • Les Soupes Célestes de Jacques Savoie (je me souviens vaguement d'en avoir entendu parler, mais en bien ou en mal?)

  • Have the Men Had Enough? de Margaret Forster (auteure de Is There Anything You Want?)

  • Blue Movie de Françoise Rey et Patrick Raynal (un roman policier érotique sur le principe des «livres dont vous êtes le héros» -- ça pourrait être rigolo ou complètement nul, à voir...)

Gropitou, lui, qui y retournait pour la deuxième fois de la semaine, est revenu avec une douzaine de livres documentaires (dont un qui a l'air passionnant sur la découverte de l'Amérique par les Chinois en... 1421! Et un autre sur la mythologie de l'oeuvre de Tolkien...), ainsi qu'une dizaine de revues Pour la Science, la version française de Scientific American. À $0.25 chaque revue, c'est une aubaine, lorsqu'on sait que neuves elles se vendent environ $9 chacune!

Prix total de notre expédition: $32.00, soit le coût approximatif du dernier Harry Potter!!!

01 mai 2008

Le Chevalier de Maison-Rouge

Le Chevalier de Maison-Rouge d'Alexandre Dumas, Gallimard/Folio classique, 2005, 520 pages plus un dossier de 82 pages. Première publication en 1845.


Ce mois-ci, le choix de notre Club de lecture m'a permis de renouer avec un des auteurs fétiches de mon adolescence. En effet, à l'époque j'avais adoré le cycle des mousquetaires ainsi que celui de la reine Margot, mais je n'avais pas eu l'occasion d'y revenir depuis.

Le livre choisi était Pauline, mais comme je n'ai pas pu me le procurer à la bibliothèque, j'ai décidé de lire un autre roman de Dumas. J'ai failli prendre Le Comte de Monte-Cristo, mais pour rester dans l'esprit de la sélection du Club, il m'a semblé qu'il serait approprié de choisir une œuvre peu connue. En feuilletant Le Chevalier de Maison-Rouge, j'ai constaté qu'un des personnages porte le même prénom que moi... Sûrement un signe des Dieux de la lecture!

Ce roman, qui se déroule en 1793, est en fait l'entrecroisement de deux histoires d'amour: la passion du républicain idéaliste Maurice et d'une belle monarchiste, et celle, désespérée, du Chevalier de Maison-Rouge pour la reine Marie-Antoinette, qu'il tentera par tous les moyens de faire échapper de sa prison du Temple puis de la Conciergerie (vous pouvez déjà deviner que ça ne finit pas très bien...).

J'aime beaucoup la période de la Révolution française, je la trouve très riche, comme le sont d'ailleurs les autres moments de l'Histoire où on eut lieu de grands bouleversements politiques et sociaux.

Toutefois, j'ai trouvé qu'ici, il était difficile de s'y retrouver entre les différentes factions (Girondins, Montagnards, Jacobins...); le contexte politique n'est pas vraiment bien expliqué, contrairement à ce qu'on retrouve dans les autres romans de Dumas que j'ai lus, qui se déroulent dans des périodes plus anciennes. J'imagine que pour lui, comme la Révolution ne datait que d'une cinquantaine d'années, il n'était pas nécessaire de tout expliquer en détails, et la signification d'expression comme «les événements du 10 mars» semblait évidente, comme dans cinquante ans on se souviendra sûrement encore de ce que signifie «le 11 septembre 2001»...

Les notes explicatives à la fin du roman aident un peu, mais cela devient agaçant de s'y référer deux ou trois fois par pages, et en plus certaines d'entre elles révèlent des éléments de l'intrigue (faute impardonnable à mes yeux!). Ayant presque fini le bouquin, je me suis aperçue qu'il y avait à la fin, insérée entre la chronologie de la vie de Dumas et une notice portant sur le manuscrit du roman, une chronologie de la Révolution qui m'aurait été bien utile.

J'ai bien aimé le ton, très romantique, mais sans trop se prendre au sérieux, toujours avec un petit clin d'oeil au lecteur; à preuve, ce passage où le héros tente de retrouver la maison de la belle inconnue dont il s'est épris, en lisant les noms sur les portes:

D'ailleurs Maurice ignorait le nom de son inconnue, mais il devait être conduit par les analogies. Il était impossible qu'une si charmante créature n'eut pas un nom en harmonie avec sa forme: quelque nom de sylphide, de fée ou d'ange; car, à son arrivée sur la terre, on avait dû saluer sa venue comme celle d'un être supérieur ou surnaturel.

La fin est palpitante et émouvante, mais le début traîne un peu en longueur. Le tout aurait eu avantage à être resserré un peu plus. J'ai remarqué aussi quelques incohérences: ainsi le valet de Maurice change de nom en plein milieu! Donc, pas le mieux ficelé des Dumas.

Mais quel méchant ce citoyen Simon!


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J'apprend dans celui de Sylire que le Club de lecture des Blogueuses a changé de nom pour y intégrer un participant masculin, excellente nouvelle! Nous sommes maintenant le Blogoclub! Il faudra seulement que je modifie mon logo...

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D'une pierre deux coups, ce roman est également la couleur de mon défi Le Nom de la Rose!