29 septembre 2012

Le dernier J.K. Rowling...

...vous êtes attirés un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout? Ça m'intrigue!

Participez à mon petit sondage pas du tout scientifique, dans la colonne de droite! ------>

Si les choix offerts ne vous satisfont pas tout à fait, il y a aussi les commentaires ci-dessous, exprimez-vous!


Mise à jour:  Le sondage est terminé, voyez les résultats ici!

20 septembre 2012

La Traversée de la ville

Je l'ai déjà dit souvent en ces pages, je n'aime pas l'utilisation du présent dans les romans historiques. J'aime qu'on me «conte une histoire», pas qu'on tente de me faire croire que cela se passe maintenant! Alors pour que je ne m'en aperçoive qu'à la page soixante du tome 2(!) de la série, c'est la preuve d'un grand talent. Comme si j'avais encore besoin de preuve dans le cas de Michel Tremblay! C'est que contrairement à d'autres écrivains, Tremblay n'essaie pas de nous faire accroire que le passé est le présent. Il arrive plutôt à nous transporter dans le passé, qui devient notre présent pour quelques heures...

La traversée de la ville, il n'y en a pas qu'une en fait, mais plusieurs, effectuées à deux ans d'intervalle par Maria, arrivant de Providence, Rhodes Island, et par sa fille Rhéauna, l'héroine du tome précédent, La Traversée du continent. Ces périples ponctuent le récit comme un refrain et nous font visiter le centre-ville de Montréal du début du XXe siècle.  Plusieurs points de repère sont encore là (le magasin La Baie, que ma mère appelait encore Morgan quand j'étais petite), d'autres se sont transformés (l'église Christ Church sous laquelle on a creusé les Promenades de la Cathédrale) ou ont disparu (Dupuis Frères).  Certaines réalités ont heureusement changé (le centre-ville entièrement anglophone à l'ouest de Saint-Laurent), mais il est bon de se rappeler que ces acquis peuvent être fragiles!

Un délice d'humour et d'émotion et un véritable voyage dans le temps!


Je crois que ce billet devrait clore ma participation au défi Mon Québec en septembre, puisque je n'ai plus rien de québécois dans la PAL. J'ai beaucoup aimé cette expérience, tant par mes propres lectures que par ce que j'ai pu voir sur les blogues des copines. Je vote pour que cela devienne un rendez-vous annuel!


La Traversée de la ville de Michel Tremblay, 2008, 208 p.


18 septembre 2012

Griffintown

Je ne sais trop pourquoi, je croyais me souvenir que Griffintown, dont j'avais entendu parler dans un forum dédié à la lecture et aussi chez Jules, était un roman historique se déroulant à Montréal au temps où on s'y promenait encore à cheval...  En fait, ça se déroule bien à Montréal, plus précisément dans le quartier se trouvant à
 l'embouchure du canal Lachine nommé, justement, Griffintown, mais les chevaux en question sont ceux des calèches qui font visiter la ville aux touristes, l'été!  Et le tout se passe de nos jours, alors que ce quartier fait saliver les promoteurs voulant y développer des condos et en faire le nouveau Plateau!

Avoir réussi à créer une ambiance de western en plein coeur de la ville, il faut le faire! Il y a même un saloon, un duel au pistolet, et une boule d'herbe qui roule comme dans les films! (Ça m'a rappelé que quand j'étais petite, j'avais reçu une de ces plantes en cadeau, elle était toute desséchée, mais dès qu'on l'arrosait elle devenait verte! Tranche de vie.)  Il ne manquait que la musique d'Ennio Morricone...  J'ai bien aimé me retrouver dans le petit monde des cochers, un monde de marginaux, qui vivent à un rythme différent du reste de la société, selon des lois qui leur sont propres.

Il y a bien un ou deux moments où j'ai trouvé que c'était un peu tiré par les cheveux, pour amplifier l'effet «far-west». Par exemple, quand il est dit que la police ne va jamais dans le quartier, qu'elle laisse les conducteurs régler leurs affaires entre eux, selon leurs propres règles, même dans un cas de meurtre!?  Il n'y a jamais non plus de fonctionnaires qui vérifient l'état des lieux, les soins donnés aux chevaux?  Mais dans l'ensemble, et à part quelques longueurs vers la fin,  j'ai bien apprécié ce roman. J'ai aimé surtout l'écriture de Marie-Hélène Poitras, qui est très vivante, imagée et qui dépoussière quelques expressions presque tombées dans l'oubli, comme «lui réserver un chien de sa chienne» et d'autres que j'aurais dû noter.

Un extrait:
Sans quitter sa cabine, le conducteur du camion déverse une montagne de roches grises tout près du buggy de Cendrillon. Armé d’un râteau et d’une pelle, Billy entreprend, comme à chaque début de sai­son, de recouvrir le pudding impur qui tapisse le sol.

  Pour les chevaux vétérans, ce bruit annonce un confort accru. La poussière de pierre absorbe la moi­teur environnante, tempère l’air de l’écurie, offre un climat plus indiqué pour les articulations abîmées et les jarrets sensibles.

  Recouvrir la souillure environnante, faire rouler les cailloux sur la merde est pour Billy, avec le rou­lage de cennes noires, l’activité qui se rapproche le plus d’une pratique spirituelle. Il le fait chaque année en priant silencieusement pour que l’abondance advienne à Griffintown, pour que souffrance et mal­veillance restent à l’écart. Il prie pour que les che­vaux soient solides sur leurs pattes, pour que les cochers se tiennent sans vaciller, pour que Paul revienne, pour qu’Evan disparaisse… Pour que la radio cesse de gricher ! Il va donner un coup de poing sur l’appareil et revient à sa tâche, se laissant envahir par la gratitude. « Merci pour le lit et l’abri où on me laisse dormir. Merci pour le petit Chinois qui vient livrer de la liqueur, du café instant, des oignons et du steak haché. Merci pour la santé, malgré le mal de dents. Merci, je suis debout et reconnaissant. »

Le billet de Karine, qui y aurait bien mis, elle aussi, une musique à la Ennio Morricone! Celui de GeishaNellie, qui a également trouvé quelques passages tirés par les cheveux!


Griffintown de Marie-Hélène Poitras, 2012, 209 p.
 


14 septembre 2012

Le Cri des oiseaux fous

J'ai beaucoup aimé Le Charme des après-midi sans fin, lu dans le cadre du Blogoclub il y a deux ans déjà. J'ai donc pensé que le défi Mon Québec en septembre serait l'occasion idéale de renouer avec cet auteur que par ailleurs je trouve très sympathique lorsque je le vois à la télévision. Et comme plusieurs de ses romans et essais sont disponibles en prêt numérique à la Grande Bibliothèque, rien de plus facile!

Après l'assassinat de son ami et collègue journaliste par les tontons-macoutes, le jeune Dany se laisse convaincre par sa mère de quitter Haïti au plus vite. Le roman raconte ses dernières vingt-quatre heures sur son île natale, alors qu'il entreprend une tournée de Port-au-Prince pour faire le plein de souvenirs et dire adieu à ses amis et amours.  Des adieux déguisés, silencieux, puisqu'il a promis à sa mère de ne révéler son départ à personne.

J'aime beaucoup quand Laferrière nous décrit la vie quotidienne en Haïti et nous dresse le portrait de ses habitants.  C'est donc cet aspect du roman qui m'a le plus touchée. Il y a aussi de nombreuses réflexions très intéressantes sur la dictature, la liberté, la pauvreté, l'exil.

J'ai trouvé par contre qu'il y avait pas mal de répétitions et de longueurs. Par exemple, à chaque fois qu'il est question de son père, l'auteur nous rappelle que celui-ci est parti en exil quand il avait cinq ans, que donc il ne l'a pas vraiment connu, etc. Cela devient lassant!

Il y a aussi un moment vers la fin où le jeune homme entre dans l'hôtel transformé en prison/salle de torture/bordel qui est le centre d'activité des tontons-macoutes. On ne saisit pas du tout ce qu'il va faire là, dans la gueule du loup. J'ai trouvé ce passage complètement absurde, et je soupçonne qu'il a été ajouté à seule fin d'augmenter le suspense du récit. Personnellement je m'en serais passé.

Un extrait:
(Des amis de Dany montent la pièce Antigone de Sophocle, transposée en créole)
«Ils sont enfermés ici depuis l’annonce de l’internement, pour cette angine de poitrine, du comédien qui joue Créon, le roi intraitable jusqu’à l’aveuglement. Ils veulent qu’Antigone soit malgré tout un succès. C’est important pour le créole et la culture haïtienne. Ils n’entendent pas lâcher la main que nous tend, par-delà les siècles, le vieux Sophocle. Je ne comprends pas comment on peut encore parler d’authenticité quand c’est un vieil auteur qui, par l’entremise de Morisseau-Leroy, nous permet de comprendre les rapports complexes du pouvoir dans la paysannerie haïtienne. Sophocle était peut-être un paysan haïtien. En tout cas, il a l’air d’en savoir, à propos de ma culture, beaucoup plus que moi. Peut-être qu’il n’y a pas une si grande différence entre ma culture et la sienne. Chaque fois que j’essaie de poser le problème sous cet angle, on m’accuse d’être un vendu qui refuse d’accepter la spécificité authentique de la culture haïtienne. Sommes-nous si différents des autres? Généralement, après une telle question, on me tourne le dos et je me retrouve dans ma situation préférée: seul


Le billet de Sylire, qui n'a pas semblé agacée par les défauts que j'ai relevés.


Le Cri des oiseaux fous de Dany Laferrière, 2000, 318 p.


10 septembre 2012

Adieu, Betty Crocker

Un titre vu chez Jessica et qui se trouvait sur ma liste depuis des lustres... En cherchant des livres numériques à télécharger sur ma liseuse en vue d'un petit voyage et du défi Mon Québec en septembre de Karine, j'ai finalement eu l'occasion de passer à l'action!

À la mort de sa tante, femme d'intérieur accomplie qu'il considérait comme la maman parfaite quand il était petit, le narrateur a la surprise d'apprendre qu'elle souffrait en fait d'agoraphobie et n'était pas sortie de chez elle depuis trente ans.  Après avoir interrogé les membres de sa famille, il imagine un dialogue où sa tante lui raconte sa vie, lui explique comment elle s'était accommodée de sa maladie pour finalement avoir une vie relativement heureuse.

 Une réflexion intéressante sur le bonheur, la maladie mentale, la situation de la ménagère dans la société des années pré-70, le tout décrit dans un style léger, humoristique.  Je crois que ce roman plaira surtout aux quarante ans et plus, qui apprécieront les nombreux clins d'oeil rappelant le mode de vie des années 60-70 au Québec.  Car Gravel sait parfaitement trouver ces petits détails authentiques qui nous font nous exclamer: «Ah oui, c'est vrai, je m'en souviens!»

Un extrait:
Arrêtons-nous un peu sur cette table en arborite rouge, et supposons que nous soyons au jour de l’An 1960. J’ai neuf ans. Sur la table, il y a des montagnes de radis frisés et de céleris farcis au Cheez Whiz, une pyramide de carrés aux Rice Crispies, du sucre à la crème, des pailles au fromage, mais surtout, merveille des merveilles, des sandwichs sans croûte. Tandis que les autres invités se pâment sur la dinde qui trône au centre de la table, une belle dinde si uniformément cuivrée qu’elle semble tout droit sortie d’un salon de bronzage, je suis fasciné par ces sandwichs sans croûte, coupés en triangles parfaitement équilatéraux. Si on m’avait demandé à ce moment-là d’échanger ma mère contre tante Arlette, j’aurais accepté sans l’ombre d’un remords: chez nous, les sandwichs avaient toujours une double croûte, et cette croûte était généralement rassie… 
— … Tu aurais échangé ta mère contre ta tante Arlette, dis-tu? 
— N’oublie pas que nous parlons d’un enfant de neuf ans et que nous sommes en 1960. Si les Canadiens de Montréal ont le droit d’échanger Jacques Plante et Doug Harvey aux Rangers de New York, c’est qu’il n’existe plus rien de sacré. J’aurais échangé ma mère contre tante Arlette n’importe quand, oui, sans même essayer de négocier des considérations futures, comme on dit dans le merveilleux monde du sport. Arlette était une excellente cuisinière. Ma mère, non. Ça répond à ta question?


Adieu, Betty Crocker de François Gravel, 2003, 160 p. 
 

05 septembre 2012

Il pleuvait des oiseaux

J'aime bien quand, d'une façon fortuite, des liens se créent entre deux lectures successives. À la fin de Seul dans Berlin, un des personnages découvre que la vraie liberté, au fond, c'est de pouvoir choisir sa mort.  Et au début d'Il pleuvait des oiseaux, je trouve ce dialogue:
— La liberté, c’est de choisir sa vie.
— Et sa mort.

La liberté, la vieillesse, la mort, voilà les thèmes principaux de ce magnifique roman. L'amour et l'amitié aussi.  Et la nature sauvage, puisque l'histoire se déroule en grande partie dans le nord de l'Ontario, région où subsiste encore le souvenir des Grands Feux, qui rasèrent des villages entiers entre 1910 et 1916.

Je craignais que ce soit triste, mais c'est tout le contraire, finalement!  Avec leur humour et leur sagesse, ces vieux ont apprivoisé la mort, elle rôde mais ils ne la craignent pas. Ce livre plaira-t-il plus à ceux qui voient la vieillesse poindre à l'horizon, au loin, et qui s'inquiètent de la voir avancer trop vite, ou à ceux qui doivent déjà s'en accommoder?  Chacun en fera sans doute une lecture différente.  Même les plus jeunes semblent y trouver quelque chose, puisqu'ils lui ont décerné le Prix littéraire des collégiens l'an dernier.

Je n'ai qu'une question: quelqu'un peut me dire ce que représente la photo en couverture?  On dirait un poulet planté sur un pieu, mais je suppose que ce n'est pas ça, ni un sac de soluté sur une tige (la supposition de Gropitou)...


C'était ma première participation au défi Mon Québec en septembre de Karine qui (les grands esprits se rencontrent) vient de publier son billet sur ce roman, elle aussi.  Bien sûr l'histoire ne se déroule finalement pas au Québec, mais ça compte quand même, bon!  J'inclus aussi le lien vers le billet de Jules, puisque c'est elle qui m'a donné le goût de le lire en m'enlevant de l'idée que ce serait déprimant!


Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier, 2011, 179 p. 


02 septembre 2012

Seul dans Berlin

Si, comme j'ai failli le faire, vous avez abandonné ce roman après soixante-quinze pages, reprenez-le, je vous en conjure!

Le début, effectivement, est assez laborieux.  Le sujet, la vie des gens du peuple à Berlin pendant la Deuxième Guerre mondiale, est intrigant, mais il y a de nombreux personnages, la plupart antipathiques, et on ne saisit pas trop où tout cela s'en va. Découragée, mais parce que ce roman avait été nommé parmi les chefs-d'oeuvre du défi Blog-o-trésors il y a quelques années, j'ai décidé d'aller fureter sur la blogosphère pour voir ce qu'on en disait.  C'est Sylvie qui m'a convaincue de continuer.

C'est lorsqu'enfin notre attention se concentre plus particulièrement sur quelques personnages que cela devient enfin intéressant, et éventuellement passionnant.  Blâmant Hitler pour la mort de leur fils à la guerre, le couple Quangel décide de s'opposer aux nazis dans la mesure de leurs moyens, en semant dans tout Berlin des cartes postales dénonçant le régime, tandis que deux mécréants, l'un par faiblesse, l'autre par cupidité, deviennent collaborateurs du commissaire de la Gestapo chargé de l'enquête sur cette affaire de cartes postales.

Certains passages glacent le sang:
«Une demi-heure d'interrogatoire chez nous, et  vous seriez étonnée de voir quel triste tas de chair hurlante est votre corps.  Cette découverte est très désagréable. Bien des gens ne se remettent jamais de cette atteinte à l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes. Et ils finissent par se pendre.»

Un extrait montrant le climat d'espionnage et de dénonciations:
«Bavarder était devenu très dangereux. Onze ouvriers, parmi lesquels deux hommes qui avaient plus de vingt ans de présence dans l'usine, avaient disparu sans laisser de traces. Jamais on n'apprenait ce qu'ils étaient devenus; c'était une preuve de plus qu'ils avaient un jour prononcé un mot de trop, qui les avait conduits dans un camp de concentration.
Souvent le contremaître se demandait si les onze nouveaux qui avaient remplacé ces onze hommes n'étaient pas autant d'espions, et si finalement une moitié de l'atelier n'était pas là pour épier l'autre, et inversement.  Dans cette atmosphère de trahison perpétuelle, les gens semblaient devenir de plus en plus indifférents à tout, comme s'ils n'avaient été rien de plus que des pièces de leurs machines.»

Troublant, émouvant, palpitant, parfois même drôle, ce roman est une oeuvre magistrale.


Seul dans Berlin de Hans Fallada, traduit de l'allemand, 1965 (écrit en 1947), 559 p.

01 septembre 2012

Mon Québec en septembre...


 Grâce à l'initiative de Karine et à son défi Mon Québec en septembre, la culture québécoise sera à l'honneur ce mois-ci dans la blogosphère!  Plus, en tous cas, que dans cette campagne électorale, où il en a fort peu été question...

Je vais tenter d'y participer, même si pour l'instant j'ai fort peu de québécois dans ma PAL en ce moment... Je commence avec Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier, sur ma liseuse. (Toutefois mon prochain billet parlera de Seul dans Berlin de Hans Fallada, que je viens de terminer...)

Bonnes lectures à tous les participants!