31 décembre 2010

Bye-bye 2010!

Bilan de lecture:
  1. The Enchantress of Florence de Salman Rushdie
  2. The Prince of Tides de Pat Conroy
  3. L'Oracle della Luna de Frédéric Lenoir
  4. Le Lion de Joseph Kessel
  5. Saga de Tonino Benacquista
  6. The Cat Who Smelled a Rat de Lilian Jackson Braun
  7. Nous sommes éternels de Pierrette Fleutiaux
  8. The Eyre Affair de Jasper Fforde
  9. Nous, les enfants... de Line Mc Murray
  10. New York d'Edward Rutherfurd
  11. The Eyes of the Dragon de Stephen King
  12. Novecento: pianiste d'Alessandro Baricco
  13. La Bibliothèque la nuit d'Alberto Manguel
  14. Un Ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay
  15. Le Charme des après-midi sans fin de Dany Laferrière
  16. Warlock de Wilbur Smith
  17. Sacacomie de Line Mc Murray
  18. Effroyables jardins de Michel Quint
  19. Confessions of a Shopaholic de Sophie Kinsella
  20. Le Capitaine Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte
  21. The Third Translation de Matt Bondurant
  22. Islands in the Stream d'Ernest Hemingway
  23. Prenez soin du chien de J.M. Erre
  24. Last Night in Twisted River de John Irving
  25. Chinoises de Xinran
  26. The Book Thief de Markus Zusak
  27. La Chatte de Colette
  28. The Sparrow de Maria Doria Russell
  29. A Passage to India de E.M. Forster
  30. Ma vie avec ces animaux qui guérissent de Victor-Lévy Beaulieu
  31. Féeries dans l'île de Gerald Durrell
  32. Q & A (Slumdog Millionaire) de Vikas Swarup
  33. Les Vues animées de Michel Tremblay
  34. Beloved de Toni Morrison
  35. Kafka sur le rivage de Haruki Murakami
  36. Une Jeune femme en guerre (tome 4) de Maryse Rouy
  37. Autour du monde de Marc Laberge
  38. Il ne faut pas parler dans l'ascenseur de Martin Michaud
  39. Lord John and the Brotherhood of the Blade de Diana Gabaldon (en cours)

Donc un peu moins que l'an passé. Plusieurs grosses briques mais aussi quelques petits livrets...
Coups de coeur 2010:
J'essaie habituellement de limiter mes coups de coeurs à trois, question de vraiment faire l'effort de sélectionner les plus marquants, mais on dirait que cette année je n'y arrive pas, il y en a trop! En première place, c'est facile, c'est The Sparrow de Maria Doria Russell, qui gagne aussi le titre de Surprise de l'année!  C'est après que ça se gâte.. Dans un ordre incertain, il y aurait The Prince of Tides de Pat Conroy, The Book Thief de Markus Zusak, Un Ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay mais aussi The Enchantress of Florence de Salman Rushdie et pourquoi pas Ma Vie avec ces animaux qui guérissent de Victor-Lévy Beaulieu...

Quelques statistiques:
Traduit du japonais: 1
Traduit de l'espagnol: 1
Traduit de l'italien: 1
(Une sélection un peu moins cosmopolite que l'an passé, donc...)
Littérature québécoise: 9
Lus en VO anglaise: 17

Et vous? Quels sont vos coups de coeurs de l'année?

28 décembre 2010

Il ne faut pas parler dans l'ascenseur

Un excellent polar d'un jeune auteur québécois qu'une participante du Forum du Guide de la Bonne Lecture m'a fait connaître (merci, *Ça*!).  Il a l'originalité de se dérouler dans Côtes-des-Neiges/NDG, un quartier montréalais peu utilisé en littérature. Ça change du Plateau!

L'écriture est peut-être un peu plate (pas au sens d'ennuyante, plutôt de manquant de relief) mais après tout, ce n'est pas tant pour la qualité de la plume qu'on lit ce genre de roman mais surtout pour l'intrigue. Et là, on est servi! On va de rebondissement en rebondissement, on ne sait jamais sur quel pied danser, et dès qu'on pense qu'on sait, bien finalement on ne sait rien du tout!  On ne s'ennuie pas une seconde à suivre des personnages bien développés, notamment le policier Lessard, juste assez cliché pour qu'on ait l'impression de le connaître, et qu'on aura plaisir à retrouver dans une nouvelle aventure annoncée pour 2011 sur le site de l'écrivain.

Si je peux faire une petite suggestion à M. Michaud pour la suite des choses, et la critique se veut constructive, ce serait de faire plus confiance à ses lecteurs. Certaines notions peuvent être suggérées plutôt qu'expliquées. Par exemple, lorsque dans une même phrase on parle d'exorcisme et de Max Von Sydow, la plupart des gens auront compris l'allusion au célèbre film; il est inutile, voire agaçant, de le préciser en note de bas de page!

Une lecture des plus passionnantes, et une excellente façon pour moi de clôturer l'événement Décembre au Québec organisé par Jules!


Ce bouquin a fait l'objet de critiques sur La Recrue (blogue collectif dédié aux premiers romans d'auteurs québécois).

Merci aux éditions La Goélette pour l'envoi.

Il ne faut pas parler dans l'ascenseur de Martin Michaud, 2010, 392 p.

20 décembre 2010

Autour du monde

Pssst!  Super idée de cadeau de dernière minute!  Parfait pour : amateurs de voyages, de photographie, de contes...

J'avais volontairement retardé ma lecture de ce bel album pour l'inscrire dans le défi de Jules Décembre au Québec, puisque l'auteur, le photographe et conteur Marc Laberge, est québécois.  Mais maintenant je trouve que ça fait un peu drôle, puisqu'on se retrouve partout sauf au Québec!

M. Laberge nous emmène en effet aux quatre coins du monde (comme Nic et Pic; les plus jeunes ont la permission de lever les yeux au ciel pendant que les quarantenaires se mettent à chanter «Nic-Pic, Nic-Pic en ballon!»).  Les textes, parfois drôles, parfois touchants, tiennent en partie du conte, en partie du récit de voyage, avec même parfois une touche de surnaturel.  Comme par exemple dans mon conte préféré, où deux petits elfes islandais tentent d'empêcher la construction d'une autoroute au-dessus de leur habitation souterraine, à l'aide de tous les moyens magiquesà leur disposition:  fumerolle, solfatare et autres phénomènes telluriques plus ou moins nauséabonds!  Les photos accompagnant le texte, représentant des sites quasi-lunaires de la volcanique Islande, sont du plus bel effet.

D'ailleurs toutes les photos, qu'elles soient de paysages magnifiques ou étranges, d'habitants pittoresques ou d'architecture hors de l'ordinaire, n'ont rien à envier à celles du National Geographic, selon moi.


Autour du monde de Marc Laberge, 2010, 128 p.

14 décembre 2010

Une Jeune Femme en guerre (tome 4)

PhotobucketQuel plaisir de retrouver Lucie, Jacques et les autres!  Dommage que ce soit le dernier tome de la série...

L'intrigue de cet épisode est peut-être moins palpitante que celle des deux précédents (rappelons que dans le tome 2, on suivait Lucie photographe de guerre durant la campagne d'Italie, et dans le troisième Jacques était parachuté en France pour apporter son aide à la Résistance), mais c'est normal puisqu'on se situe maintenant après la Guerre, et que la poussière retombe... Poussière, c'est le cas de le dire, puisque Lucie se retrouvera notamment à Asbestos durant la fameuse grève des ouvriers de l'amiante!  Les ouvriers réclamaient de meilleures conditions de travail, surtout en ce qui a trait au rejet dans l'atmosphère de la poussière d'amiante qui empoisonnait la ville entière.  La compagnie ne voulait pas céder, et le gouvernement de Duplessis se rangeait de son côté. Exploitation des ressources sans regard aux inquiétudes de la population au point de vue environnemental, gouvernement laissant le champs libre à l'industrie... Ça ne vous rappelle pas quelque chose?  Comme quoi plus ça change, plus c'est pareil (ou presque, car je ne crois quand même pas qu'on se dirige vers une catastrophe comparable à celle des mines d'amiante dans les années quarante, enfin j'espère!)! Bon, c'était le volet politique de notre discussion, revenons à nos moutons!

Le principal sujet de ce dernier tome est la réinsertion dans la société après la guerre. Que ce soit parce qu'ils ont été témoins de scènes cauchemardesques (Jacinthe l'ambulancière), ont vécu un drame personnel (Jacques), ou qu'on tente de les reléguer à un rôle traditionnel d'épouse et de mère après qu'elles aient eu l'occasion d'exercer un métier (Lucie), le retour à la vie «normale» ne se fait pas sans difficultés!

Comme toujours, l'écriture de Maryse Rouy est limpide et sa documentation solide.  Et si j'ai trouvé la fin du roman un peu prévisible, elle constitue néanmoins un dénouement parfaitement satisfaisant à cette excellente série historique!


Une Jeune femme en guerre (tome 4) de Maryse Rouy, 2010, 267 p.

10 décembre 2010

Kafka sur le rivage

Dans ce roman, deux histoires se chevauchent et tentent de se rejoindre, l'une réaliste, dont le seul élément discordant est le jeune garçon mésadapté accompagné de son ami imaginaire, le «garçon nommé Corbeau»; l'autre à l'ambiance onirique, avec un vieil homme qui sait parler aux chats, un énorme chien noir télépathique, des sardines et des sangsues qui tombent du ciel, une inquiétante entité déguisée en Colonel Sanders... Comme dirait Renée Zellweger dans le film Jerry Maguire: «you had me at vieil homme qui sait parler aux chats!»

Nos deux héros, le jeune et le vieux, font chacun de leur côté de multiples rencontres, des plus banales aux plus étranges, et bientôt tout ce beau monde converge vers un mystérieux point d'intersection...

Une lecture tour à tour intrigante, troublante, amusante, angoissante (parfois un peu longuette, seul bémol), où la tragédie grecque version japonaise rencontre le Road Novel et le roman d'initiation...  Il faudrait sans doute relire ce bouquin plutôt dense pour bien comprendre toutes les ramifications et tous les symboles... Quant à Kafka, pas besoin de connaître l'oeuvre de l'écrivain (ouf!), il suffit de savoir ce que ce nom signifie en tchèque!



Les billets de Tamara, d'Essel, de Clochette, de Mango (qui n'a pas trop apprécié), de Karine, de Papillon, de Yueyin...

Kafka sur le rivage de Haruki Murakami, traduit du japonais, 2006, 618 p. Titre original: Umibe No Kafuka (2003).

27 novembre 2010

Beloved

Expérience très émouvante que la lecture de ce livre.   Chaque fois que je l'ouvrais, j'étais plongée dans cette ambiance étrange, mais au bout d'une demi-heure, trois-quarts d'heure, je devais le refermer pour remonter à l'air libre et prendre une grande respiration.  Ce qui explique en partie le fait que j'aie mis deux semaines à lire ces 275 pages... 

Toni Morrison évoque le difficile passage de l'esclavage à la liberté à travers l'histoire de trois générations de femmes: Baby Suggs, la grand-mère, dont le fils a acheté la liberté à la sueur de son front pour qu'elle puisse vivre ses dernières années en Ohio, où l'esclavage avait été aboli; sa bru Sethe, l'esclave qui, enceinte, s'est sauvée pour venir la rejoindre au péril de sa vie, et la fille de cette dernière, née en liberté mais dont l'enfance a été marquée par les conséquences de l'esclavage. Des blancs abolitionnistes bien intentionnés leur ont prêté une vieille maison, mais à la suite de la tragédie ayant emporté à deux ans la fille aînée de Sethe, d'étranges manifestations surviennent et on comprend bientôt qu'un fantôme hante les lieux...

Un très bel hymne à la dignité humaine.  Il me semble que peu de livres ont parlé de cette période du point de vue des Noirs, à part Roots d'Alex Haley, qui couvrait toutefois une plus vaste période.


Le billet de Kalistina (qui a aimé l'ambiance mais pas le côté fantastique).


Beloved de Toni Morrison, 1987, 275 p. Titre de la version française: Beloved.


21 novembre 2010

Mon pays, c'est l'hiver

Pour célébrer l'arrivée de l'hiver, Jules nous propose de passer «Décembre au Québec»!  Je rassure tout de suite nos amis d'outre-mer, participer à ce sympathique défi ne vous coûtera pas la peau des fesses, puisqu'il s'agit tout simplement de mettre la littérature québécoise à l'avant-plan dans vos choix de lecture durant le mois!

Jules s'est engagée à ne lire que du québécois durant cette période; il faut dire que son impressionnante PAL lui facilite les choses!  Mais tous les niveaux de participation sont permis, même un seul titre si d'habitude vous n'en lisez pas, ce sera déjà bien!

Quant à moi, je prévois me délecter de ces trois oeuvres:
  • Maryse Rouy, Une Jeune Femme en Guerre, tome 4.
  • Marc Laberge, Autour du monde.
  • Martin Michaud, Il ne faut pas parler dans l'ascenseur.
Alors, ça vous dit?


(J'essaie depuis hier d'ajouter les pages couvertures de ces livres mais Blogger refuse obstinément et sans explication d'incorporer des images... Quelqu'un d'autre a eu ce problème?)

16 novembre 2010

À surveiller...

Photo Le Devoir - Pedro Ruiz
Dans le cadre des activités entourant le centenaire du quotidien Le Devoir et à l'occasion de l'ouverture du Salon du livre de Montréal, tous les articles (de l'économie à l'actualité politique en passant par les sciences et la culture) de l'édition de demain du journal seront rédigés par des écrivains invités, jumelés aux journalistes habituels.  Seront présents Dany Laferrière (qui signera l'édito), Monique Proulx, Caroline Allard (Mère indigne, qui vu le sujet de l'heure pourrait bien nous pondre un topo sur un Maire indigne, dit-elle), Wajdi Mouawad et bien d'autres.  Le compte rendu de la journée, mis à jour d'heure en heure sur le site internet, donne un avant-goût de ce qui nous attend...

11 novembre 2010

Les Vues animées

Depuis un an ou deux, je m'aperçois à quel point j'aime le genre «récits autobiographiques», alors que l'autobiographie en tant que telle ne m'a jamais attirée outre mesure.  Et lorsque ces récits sont de la plume de Michel Tremblay, c'est comme du bonbon, mais sans les calories!

Dans Les Vues animées, Michel Tremblay nous raconte sa découverte du cinéma, et en particulier de douze «vues animées» (c'est ainsi qu'on appelait les films dans ce temps-là) ayant marqué son enfance et son adolescence.  Par ce biais, on apprend notamment comment il a pris conscience de son homosexualité et comment il a eu la vocation d'écrivain.

Si j'ai été touchée d'une façon moins personnelle que dans Un Ange cornu avec des ailes de tôle, n'ayant pas vu la plupart des oeuvres évoquées (bon, j'avoue tout, les seules que j'ai vues sont les dessins animés de Disney!), j'ai néanmoins été souvent émue, et surtout j'ai beaucoup ri.  J'aime son utilisation du joual; elle n'est jamais condescendante mais au contraire remplie d'affection, voire de tendresse envers les personnages, qu'ils soient tirés de son imagination ou de sa mémoire.


 Extrait:
(Le petit Michel est parti voir un film vers 11h; à l'heure du souper, il n'est pas encore rentré! Sa mère s'affole et décide d'appeler chez Bell Téléphone pour avoir le numéro du cinéma...)

«Allo, mademoiselle, me donneriez-vous le numéro du théâtre La Scala, mon enfant est disparu... Non, c'est pas le numéro de la police que je veux, innocente, j'vous ai demandé le numéro du théâtre La Scala, sur la rue Papineau, parce que c'est là qu'y'est disparu... Comment ça, comment ça s'écrit! Ça doit s'écrire comme ça se prononce, en italien! Aïe, vous allez pas commencer à me demander d'épeler à soir, hein, chus assez énarvée de même! C'est vous la téléphoniste, c'est pas moé! Vous êtes pas supposée de savoir comment les affaires s'écrivent quand y vous engagent, au Bell?»
Elle fut quelques secondes sans parler, la bouche ouverte, scandalisée par ce qu'elle entendait.

«D'habitude chus polie, mademoiselle, mais là chus énarvée! J'viens de vous dire que mon enfant... Quoi? Ben si vous avez pas le droit de jaser au téléphone pour que c'est faire que vous me posez tant de questions, d'abord? C'est ça, passez-moé-la, la superviser, m'as y parler, moé... Si vous aviez pas perdu tant de temps depuis qu' on a commencé à parler, ça fait longtemps que j'arais retrouvé mon enfant! Bon, enfin, a' se décide... Répétez-le, j'ai mal entendu, vous parlez trop mal.»

Elle raccrocha, faillit décrocher le téléphone du mur.

En complément de programme, Tremblay nous offre une nouvelle qu'il a composée à seize ans, Les Loups se mangent entre eux.  Malgré quelques maladresses et des personnages secondaires un peu caricaturaux, on sent déjà un talent certain.  Et puis à cet âge, au Québec en 1959, et même si ce texte n'était sans doute pas destiné à être publié, écrire sur le thème de l'homosexualité, il fallait le faire!


Les Vues animées de Michel Tremblay, Leméac, 1990, 189 p.

07 novembre 2010

Q & A (Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire)

À mon avis, ce doit être le titre le plus court à avoir été traduit par un titre aussi long!

Ça ne vous dit rien?  Et pourtant vous avez sans doute entendu parler de ce roman, puisqu'il a inspiré un film ayant remporté une trallée* d'Oscars l'an dernier...  D'ailleurs (dans un geste purement désintéressé des éditeurs, j'en suis sûre) le livre a ensuite été réédité sous le même titre que le film: Slumdog millionaire!

De tous ces titres, c'est celui de la version française qui reflète le mieux le contenu...  Car oui, il est vraiment très malchanceux cet Indien, et oui, ses aventures sont vraiment fabuleuses (dans le sens de dures à croire).  Vous l'aurez deviné, j'ai trouvé l'intrigue un peu tirée par les cheveux...  Ce qui ne m'a pas empêché d'apprécier ce roman, que j'ai trouvé ingénieux. 

Un jeune Indien ayant gagné un milliard de roupies à un jeu télévisé de type Who Wants to Be a Millionaire? est accusé d'avoir triché par les producteurs de l'émission, sous prétexte qu'un serveur de Mumbai sans éducation ne pouvait vraisemblablement connaître les réponses à toutes les questions.  Dans chaque chapitre, le jeune homme raconte à son avocate les événements qui lui ont permis de répondre correctement à une des questions, dévoilée à la fin du chapitre. Une fois qu'on a compris le principe, le jeu devient de tenter de deviner quelle sera la question parmi tout ce que le jeune homme apprend durant ses aventures, et bien sûr l'auteur s'amuse à brouiller les pistes.

Malgré certains passages assez dramatiques et des sujets délicats (pédophilie, inceste,...), l'ensemble reste assez léger et amusant, et après un séjour dans l'Inde coloniale, j'ai apprécié retrouver celle-ci dans une ambiance plus moderne.


Pour d'autres avis que le mien, suivez les nombreux liens répertoriés sur Blog-o-book!

*Je viens de commencer un Michel Tremblay, ça paraît-tu?


Q & A (Slumdog millionaire) de Vikas Swarup, 2005.  303 p.  Titre de la version française: Les Fabuleuses Aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire


03 novembre 2010

Quelle est votre bête noire littéraire?

Le truc qui vous agace, qui vous fait décrocher?  Ce peut être un type de personnage, de situation, un tic  d'écriture, un niveau de langage, n'importe quoi!  Je suis curieuse...

Book Lady pose la même question chez elle, j'ai pensé qu'il serait intéressant de comparer les lecteurs anglophones et francophones à cet égard!

Ma propre réponse à la question:  j'en ai déjà parlé à quelques reprises, c'est l'utilisation du présent quand on me raconte une histoire qui s'est pourtant passée il y a longtemps (par exemple dans un roman historique).  J'ai vraiment un blocage!

31 octobre 2010

Féeries dans l'ïle

Si le titre de cette édition de 1958 représente bien l'aspect poétique des nombreux passages décrivant la merveilleuse nature de l'île de Corfou, où le botaniste Gerald Durrell a passé une partie de son enfance, le titre de la nouvelle édition, Ma famille et autres animaux, plus proche de l'original anglais, donne une meilleure idée de l'humour à la fois sarcastique et affectueux qui domine l'ensemble de ce récit.  L'auteur nous présente sa mère, sa soeur et ses deux frères aînés (dont le romancier Lawrence Durrell, dit Larry), ses tuteurs occasionnels et ses voisins comme une bande d'énergumènes, tous plus loufoques les uns que les autres.

«Nous n'emportâmes que ce que nous considérions comme le strict nécessaire.  Lorsqu'on nous fit ouvrir nos valises à la douane, leur contenu révéla de la façon la plus évidente notre caractère et nos penchants. Les bagages de Margo consistaient en en une multitude de lingeries diaphanes, trois livres sur les régimes amaigrissants et un régiment de petits flacons de lotions contre l'acné.  La valise de Leslie contenait deux pull-overs à col roulés et un pantalon, enveloppant deux revolvers, un pistolet, un livre intitulé Soyez votre propre armurier et une grande bouteille d'huile qui dégoulinait. Larry emportait deux malles de livres et un petit sac de cuir où se trouvaient ses effets.  Les bagages de Mère étaient judicieusement composés de vêtements et de divers ouvrages sur la cuisine et le jardinage. Pour moi, je n'emportais que ce que je croyais nécessaire à dissiper l'ennui d'un long voyage: quatre livres d'histoire naturelle, un filet à papillon, un chien et un pot à confiture plein de chenilles sur le point de se transformer en chrysalides.  C'est  ainsi que, bien équipés selon nos goûts, nous quittâmes les rives humides de l'Angleterre.»
Ceux qui me connaissent ne seront pas surpris, ce que j'ai aimé avant tout ce sont les descriptions des bêtes que le petit Gerry a réussi (plus ou moins) à apprivoiser:  Ulysse le hibou, les deux pies jacasseuses qui mirent à sac la chambre de Lawrence, Géronimo le gecko qui livra un combat épique contre une mante religieuse, etc.  Sans oublier les chiens, le fidèle Roger et les deux p'tits nouveaux, Widdle et Puke (Pisse et Vomi, deux noms suggérés par des grands frère à l'humour... particulier!). Ces animaux, ces insectes, ces plantes, Durrell a su retrouver son âme d'enfant pour nous les faire découvrir.  


Le billet de Keisha, celui de Cathulu.


Féeries dans l'île de Gerald Durrell, traduit de l'anglais, 1958, 314 p.  Titre de la nouvelle édition (2007): Ma famille et autres animaux.  Titre de l'original anglais (1956): My Family and Other Animals.

22 octobre 2010

Ma Vie avec ces animaux qui guérissent

Cher Monsieur Beaulieu,

Je vous présente mes excuses. Je n'ai jamais eu le goût de vous lire parce que je vous trouvais l'air un peu baveux à la télé.  Et je fais partie de ces lectrices déficientes qui se laissent influencer par la bouille d'un écrivain.  Mais voilà, pour cette fois vos animaux m'ont guérie de ce handicap, comme ils vous ont guéri de  votre alcoolisme.  Car quelqu'un qui aime autant les bêtes et sait si magnifiquement transmettre cet amour ne peut pas être un mauvais bougre.

J'ai beaucoup apprécié la pudeur avec laquelle vous racontez toutes ces péripéties, notamment certaines assez tragiques, comme la mort d'une partie de votre meute de chiens écrasée par un train.  Vous ne vous étendez pas en larmoiements, ce qui justement rend votre peine d'autant plus tangible.  Mais ce qui m'a plu par-dessus tout, ce sont ces anecdotes comiques et ces moments de grand bonheur que vous peignez avec tant de légèreté, d'une belle langue simple agrémentée de quelques québécismes du plus bel effet. Comme par exemple les facéties de Will Shakespeare le jeune bouc rescapé de la noyade le jour de sa naissance, ou encore l'adoption d'un chaton orphelin par une chienne qui eut une montée de lait spontanée!

Et même votre barbe, que je trouvais naguère un peu trop hirsute à mon goût, me plaît maintenant car je sais qu'elle a servi de couverture au petit chat qui aimait dormir dans votre cou.

                                                                                       Amicalement,

                                                                                       Une nouvelle lectrice.

P.S. En fait, j'ai un petit reproche à formuler, mais il s'adresse à l'éditeur plutôt qu'à l'écrivain...  Certaines photos (superbes par ailleurs) qui s'étendent sur deux pages voient leur centre disparaître dans la reliure, ce qui est bien dommage.


Ma vie avec ces animaux qui guérissent de Victor-Lévy Beaulieu, Éditions Trois-Pistoles, 2010, 238 p.

19 octobre 2010

A Passage to India (La Route des Indes)

 (***Attention, ce billet révèle une partie de l'intrigue!***)

Ce roman se cache dans ma Pile à Lire depuis plusieurs années, et malgré une première rencontre des plus agréable avec E.M.Forster, j'hésitais à le commencer car j'avais un souvenir assez vif du film qui en a été tiré, et en général je n'aime pas trop lire un livre quand je connais déjà toute l'histoire.  Je m'y suis enfin résolue, et grand bien m'en fit puisque finalement le bouquin est assez différent du film, ou du souvenir que j'en ai!


Dans ce dernier, en effet, l'intrigue est centrée sur l'incident dans la grotte et l'accusation de viol effectuée par une jeune anglaise contre un médecin musulman, alors que dans le roman, cet événement est plutôt un élément déclencheur, et le vrai sujet est l'amitié entre le musulman et un professeur anglais, les malentendus provoqués par leurs différences culturelles, et un portrait très critique, voire prophétique, de la société indo-britannique du début du XXe siècle.  Le tout dans une langue pas toujours facile à lire, mais fort belle et ponctuée de touches d'humour. D'ailleurs j'ai fort apprécié cette édition de Penguin classics qui comporte un glossaire des termes indiens et des notes très utiles pour comprendre tout le contexte social, religieux et politique.  Car ce qui était peut-être évident pour un Anglais de 1924 ne l'est plus nécessairement de nos jours!


L'avis de Lilly rejoint le mien, alors que Praline a moins apprécié. Quant à Canthilde, elle a aimé tout en restant insatisfaite de la résolution de l'intrigue.


A Passage to India de E.M. Forster, 1924. L'édition illustrée ici est celle de Penguin classics, 2005, 376 p. incluant de nombreux appendices.  Titre de la version française: La Route des Indes.

11 octobre 2010

The Sparrow (Le Moineau de Dieu)

(mais ne vous laissez pas décourager par le titre cucul-la-praline de la version française!)

Les premières pages m'ont vraiment déstabilisée: des Jésuites dans l'espace??? Qu'est-ce que c'est que ce truc?

Eh bien finalement, ce truc, c'est un bouquin formidable!  Au moment d'écrire ces lignes il y a déjà quelques jours que je l'ai terminé, mais j'y pense encore souvent tant il m'a fait une forte impression.

À la suite de la réception en 2019 d'une transmission radio prouvant l'existence de vie intelligente sur une planète à quatre années-lumières de la Terre, la Société des Jésuites finance une mission scientifique vers cette planète, dans la pure traditions des voyages d'exploration en Amérique au XVIe siècle.  Dès le début du roman, on sait que cette mission se terminera très mal, puisqu'un seul des membres de l'expédition sur huit reviendra sur Terre, complètement brisé physiquement et psychologiquement.

Vous l'aurez deviné, il y a des moments très tristes, et d'autres très durs.  Mais il y aussi de nombreux passages amusants, d'autres touchants, des moments de réflexions aussi.  Il est beaucoup question de l'existence de Dieu, donc si ce sujet vous horripile, ce livre n'est pas pour vous! Personnellement, peut-être justement (et paradoxalement) parce que je suis athée, les thèmes de la Foi, de la prédestination m'ont toujours intéressée.  Mais d'autres sujets sont aussi abordés, il y en a pour tous les goûts:  l'amitié entre les membres d'équipage malgré quelques frictions durant le long voyage, le cheminement antérieur de chacun, la découverte de nouvelles formes de vie, le choc des cultures et j'en passe! 

Vu le sujet, j'ai classé ce roman dans la catégorie Science-fiction, mais il pourrait certainement plaire à ceux qui ne sont généralement pas attirés par ce genre, ou à ceux qui n'y connaissent rien!


Ce livre semble absent de la blogosphère francophone, mais chez les anglos c'est un hit! C'est Bibliolatrist et surtout Raych  (qui en capture vraiment l'essence, avec sa verve habituelle!) qui m'ont donné le goût de le lire, et il a été l'objet d'une lecture commune organisée notamment par Booklady (voyez les commentaires pour les liens vers d'autres blogues).

The Sparrow de Maria Doria Russell, 1996, 408 p.  Titre de la version française: Le Moineau de Dieu.

27 septembre 2010

La Chatte

Me voilà réconciliée avec Colette!

La Naissance du jour m'avait laissée tiède, même si j'avais pu y constater la beauté de son écriture.  Mais ici, j'ai tout aimé: l'écriture (toujours superbe), la psychologie des personnages (humains et félins!) décrite tout en finesse, l'intrigue, une variante originale de l'éternel triangle amoureux!  Car le nouveau marié ne peut se séparer de sa tendre Saha, une chatte grise au tempérament câlin, et le seul élément de sa vie qu'il a vraiment choisi. Le reste, son travail, sa fiancée, leur résidence et jusqu'à leur voiture lui ont été imposés par les circonstances, parce qu'il n'a pas su ou voulu faire valoir ce qu'il désirait vraiment. 

Les mots sont si beaux qu'on a envie de les lire à haute voix.  Une chance que je ne l'ai pas fait, toutefois, car un certain passage aurait pu causer une crise cardiaque à mon Bouboule!


La Chatte de Colette, 1933, 159 p.

23 septembre 2010

The Book Thief (La Voleuse de livres)

Quel roman époustouflant!  Je crois bien qu'il vient de prendre la tête du peloton pour le titre convoité de Coup de coeur de l'année 2010 du blogue J'ai lu...!

Dire que j'ai bien failli ne jamais le lire!  J'avais lu quelques critiques très élogieuses, mais lorsque j'ai constaté qu'il était présenté par l'éditeur comme un roman jeunesse, et qu'il se trouvait dans la section «pour ados» de la bibliothèque municipale, mon intérêt s'est quelque peu dissipé! Je sais, c'est très mal de juger un livre par sa classification ou son genre! Ai-je compris la leçon, seul l'avenir nous le dira!

Toujours est-il que je ne comprends pas vraiment pourquoi ce livre est classifié ainsi.  Pour moi, littérature jeunesse entraîne soit une écriture plutôt simple, avec une intrigue linéaire, soit des thèmes attirant principalement les jeunes: premières amours, rivalités adolescentes, tensions familiales, problèmes scolaires, vampires, etc.

Or, ici c'est tout le contraire: on retrouve une écriture très imagée, souvent symbolique, une intrigue sautant d'une époque à l'autre, des flashbacks, des prémonitions, des sous-entendus qui ne seront expliqués que plusieurs chapitres plus loin...  Et quant à la thématique, elle est d'un attrait universel: la guerre, l'amour, l'amitié, la culpabilité et surtout le pouvoir des mots, pour le Bien ou le Mal.

Pour vous donner une idée de l'originalité du roman, je révèle un seul élément (qu'on apprend dès le prologue, rassurez-vous!).  Le narrateur est La Mort!  Mais une Mort plutôt rassurante, voire sympathique, dont le travail est de ramasser en douceur les âmes des mourants pour les amener là où vont les âmes. À part cela, je vous dirai que c'est l'histoire tour à tour touchante et drôle d'une petite fille qui vole des livres, en Allemagne, juste avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale.  Pour savoir pourquoi et comment cette petite fille vole des livres, vous savez quoi faire...



Quelques billets parmi tant d'autres: ceux de Clochette, Choupynette, Lilly, Clarabel (beaucoup moins enthousiaste), de Pimpi, de Karine (qui a aimé l'histoire mais pas le style), de Jessica...

The Book Thief de Markus Zusak, 2005, 552 p. Titre de la version française: La Voleuse de livres.

18 septembre 2010

Chinoises

Animatrice de radio, Xinran a réussi à attirer les confidences de centaines de femmes chinoises et nous livre ici les plus marquantes. Histoires de viols, de familles brisées par la Révolution culturelle, de folie, de mariages arrangés, de tabous sexuels...  Le portrait de la Chine et des Chinoises qui nous est tracé ici n'est pas des plus roses, c'est le moins qu'on puisse dire.

Le recueil compte une quinzaine de chapitres, de qualité inégale.  La plupart sont très réussis, tour à tour émouvants et horrifiants. Citons par exemple celui où Xinran rencontre des femmes ayant perdu toute leur famille à la suite d'un terrible tremblement de terre et qui fondèrent un orphelinat; ou encore l'histoire de ces paysannes troglodytes vivant dans une des régions les plus pauvres du pays, dont le mode de vie s'apparente plus à la préhistoire qu'à l'ère moderne et qu'aucune loi ne protège contre l'exploitation la plus honteuse.  Par contre, certains sont d'un intérêt moyen, comme par exemple L'Étudiante, qui m'a semblé une suite de jérémiades contre les hommes et que l'auteure présente comme un portrait de la nouvelle génération.  Ou bien La Femme qui a attendu quarante-cinq ans, qui me semble un peu «arrangé avec le gars des vues» tant il contient de coïncidences troublantes (surtout dans un pays de plus d'un millard d'habitants...).

Malgré ces quelques défauts, c'est une lecture passionnante, dure, enrichissante.  Certains de ces récits vont rester imprégnés dans mon cerveau très longtemps, j'en suis certaine!


Chinoises de Xinran, traduit de l'anglais, 2003, 329 p. Titre original: The Good Women of China.

12 septembre 2010

Last Night in Twisted River

Il est de retour!  John Irving, le conteur d'histoires sans pareil, est de retour!  Alleluia!

Malgré ses nombreuses qualités (notamment une fin excellente), j'avais plus ou moins aimé son livre précédent, Until I Find You (messages ici, et , spoilers inclus!), dont j'avais trouvé l'ambiance un peu glauque et certains thèmes dérangeants.  Et encore moins celui d'avant, The Fourth Hand, vraiment trop bizarre à mon goût.

C'est avec un grand plaisir que j'ai renoué avec un de mes auteurs chouchous (A Prayer for Owen Meany est un des livres préférés à vie!), qui semble avoir retrouvé sa touche magique. Il reprend plusieurs de ses thèmes de prédilection, en particulier celui du Destin ou de la Fatalité.  Il y a bien quelques petites longueurs au milieu du roman où l'on alterne de façon un peu trop saccadée, si je puis dire, entre plusieurs époques, ce qui devient un peu lassant. Mais à part ce petit défaut, c'est vraiment du grand Irving. 

Comme toujours, les personnages sont très attachants tout en étant très originaux.  De plus, le personnage principal est un écrivain, ce qui permet à l'auteur de glisser plusieurs réflexions intéressantes sur la littérature et le métier d'écrivain.  Il en profite même pour régler quelques comptes avec les journalistes, qui lui posent toujours les mêmes questions, notamment pour savoir si des parties de ses oeuvres sont basées sur sa vie réelle, comme si cela rendait l'oeuvre plus intéressante ou plus «vraie». On retrouve aussi plusieurs petits clins d'oeil à ses romans précédents.


Une entrevue avec John Irving.

Last Night in Twisted River de John Irving, 2009, 554p.  Pas encore traduit.

03 septembre 2010

Prenez soin du chien

Mi-comédie grinçante, mi-polar, mi-étude psychologique sur la paranoïa et la manipulation, mi-traité sociologique sur la cohabitation urbaine, et j'en passe... (Comment ça, il y a trop de moitiés?)  Ce roman divertissant raconte trois mois dans la vie d'une dizaine d'hurluberlus qui par une étrange coïncidence habitent tous dans deux immeubles appartenant au même mystérieux propriétaire. J'ai trouvé la construction du récit intéressante: tout est narré grâce à des extraits des journaux intimes et de la correspondance des locataires. 

Premier défaut: aucun des personnages n'est vraiment sympathique.  Il me semble que cela aurait été plus prenant si au moins l'un des deux personnages principaux (qui habitent l'un en face de l'autre, chacun convaincu que l'autre l'espionne) était plaisant au départ.  On aurait pu suivre leur évolution psychologique à mesure que l'hystérie s'installe dans les lieux.  Or ils sont tous deux un peu suffisants et méprisants dès le début.

Deuxième défaut (pour les amis des bêtes):  le titre laisse supposer qu'il y aura un pitou, mais le seul présent meurt au premier chapitre! Snif!

Bref, un livre amusant, avec une intrigue bien pensée (même si j'avais deviné une partie de l'énigme), qui se lit facilement et en quelques heures. Il ne me laissera peut-être pas un souvenir impérissable, mais qui n'a pas déjà eu envie de trucider un voisin infernal? 

Les billets de Laurence du Biblioblog, de Keisha, de Fashion, de Sophie, de Papillon, de Jules... Ah, j'abandonne, les trois-quarts de la blogosphère semblent avoir lu ce bouquin!


Prenez soin du chien de J.M. Erre, 2006, 293 p.

01 septembre 2010

Islands in the Stream

(Îles à la dérive)

Ce mois-ci, le thème du Blogoclub était une lecture libre d'un prix Nobel de littérature. Le choix était donc vaste, et plusieurs participants en ont profité pour faire baisser leur PAL*.  C'est ce que j'ai fait moi aussi, pigeant dans ma (relativement) modeste  pile un roman qui s'y trouvait depuis des lustres (en fait, je ne sais même pas d'où il sort, ce bouquin!). 

C'était l'occasion idéale de découvrir ce monstre sacré de la littérature américaine qu'est Ernest Hemingway.  Ce que j'ignorais au départ, c'est que cette oeuvre fut publiée de façon posthume, après remaniement par sa femme et son éditeur.  Elle laisse donc une impression d'inachevé, non par son absence de conclusion mais plutôt par des fils laissés en l'air au cours du récit.

Le livre est divisé en trois parties de tons complètement différents.  La première, ma préférée, se passe sur l'île de Bimini au large de la Floride, où l'on rencontre Thomas Hudson et ses trois fils venus y passer l'été.  Hudson, un peintre renommé, semble avoir fait la paix avec un passé trouble dont on ne sait pas grand chose. Une discipline de travail assez stricte ainsi que l'amour de ses enfants lui permettent de garder son équilibre.  Des descriptions d'une beauté lumineuse, beaucoup d'humour, quelques récits d'excursions en bateau assez palpitants, vraiment si on était resté dans cette veine ce livre aurait été un grand coup de coeur.

Mais une cassure se produit et dans la deuxième partie le ton change complètement.  C'est la guerre, Hudson se trouve maintenant à Cuba où il effectue des missions pour le compte du gouvernement américain. Tout ce chapitre nous raconte une seule journée pendant laquelle, après avoir échoué dans sa tentative de rencontrer son supérieur à l'ambassade, il se rend dans un bar et entreprend de s'y saoûler copieusement.  Une ambiance de roman noir, une multitude de personnages dont on ne saura pas grand-chose, des dialogues amers remplis de sous-entendus plus ou moins compréhensibles, cette section m'a semblé presque pénible et j'aurais abandonné, n'eût été du titre prometteur de la partie suivante, At Sea.

Dans ce dernier acte, nous partons en mission à la recherche d'un groupe d'Allemands dont le sous-marin a coulé près des îles entourant Cuba.  Après un début un peu lent et malgré l'absence de description des personnages formant l'équipage d'Hudson, ce qui les rend difficiles à différencier, l'intrigue de style roman d'espionnage a réussi à renouveler mon intérêt, et j'ai trouvé la fin excellente.

Donc une première rencontre pas tout à fait convaincante, mais assez tout de même pour que je donne une deuxième chance à cet auteur. D'ailleurs si vous avez des titres à me suggérer, je suis preneuse!

*PAL=Pile à lire.

Islands in the Stream d'Ernest Hemingway, 1970, 435 p. Titre de la version française: Îles à la dérive.

23 août 2010

The Third Translation

(La Stèle maudite)

C'est Gropitou qui m'avait suggéré ce titre après en avoir lu une critique dans une de ses revues d'archéologie, qui le comparait au Code Da Vinci «en mieux écrit» (car il est de bon ton de décrier le CDV, qui a été trop populaire pour son bien...). C'est vrai qu'on est dans le genre thriller scientifico-mystique, mais je trouve que la comparaison s'arrête là.  Ce roman me fait plutôt vaguement penser à American Gods de Neil Gaiman, tant par les références à la mythologie (uniquement égyptienne ici) que par le personnage principal, qui a de la difficulté à entrer en relation avec les autres. 

En effet, Walter a toujours été obsédé par son travail de traducteur de hiéroglyphes, jusqu'à en avoir délaissé sa fille, avec il tente maladroitement de renouer.  Malheureusement il est entraîné dans une histoire abracadabrante lorsque par sa faute un papyrus est dérobé du British Museum, papyrus qui pourrait contenir la clé du déchiffrage de la stèle de Paser (qui n'est nullement maudite malgré ce que l'étrange titre de la version française laisse croire!) sur laquelle il planche depuis des mois. 

Des endroits fascinants (dont les soubassements infestés de rats du fameux musée, où l'auteur a réellement travaillé), des personnages farfelus (des lutteurs de la WWF en visite à Londres, des Krishnas, un vieil homme androgyne égyptomaniaque), il y en a pour tous les goûts!  J'ai trouvé la fin un peu bâclée et noté quelques longueurs et incohérences, mais j'ai quand même bien apprécié ce suspense intelligent, où les réponses ne sont pas données toutes cuites dans le bec du lecteur.


The Third Translation de Matt Bondurant, publié chez Hyperion, 2005, 378 p.  Titre de la version française: La Stèle maudite.

18 août 2010

11 août 2010

Récapitulons...

Pour le Blogoclub du 1er septembre (dont le thème, je le rappelle, est une lecture libre d'un prix Nobel de littérature...

  • George lira Pearl Buck.
  • Kathel hésite entre Naguib Mahfouz et Le Château blanc d'Orhan Pamuk; 
  • Mazel fera peut-être pencher la balance vers Pamuk, puisqu'elle lira Istanbul
  • Sylire rentabilise ses lectures avec Le Premier Homme de Camus (aussi pour le challenge Camus et l'Objectif PAL! C'est rusé...). 
  • Denis se veut plus actuel avec le récent Nobel Herta Muller et La Convocation.
  • Bookophiles lira La Pianiste d'Elfried Jelinek. 
  • Pour Catherine ce sera Le Diable et le Bon Dieu, une pièce de Sartre.
  • La Nymphette, une nouvelle participante à qui l'on souhaite la bienvenue, lira Le Carnet d'or de Doris Lessing.
  • Manu se joindra à elle avec Un Enfant de l'amour, de la même.
  • Je penche de plus en plus vers Hemingway (Islands in the Stream/Îles à la dérive) car Ernest constitue quand même un incontournable de la littérature américaine duquel je n'ai encore rien lu, alors que je compte déjà deux Steinbeck à mon actif...
Les autres, vous avez choisi?

Mise à jour (vendredi 13 août):
  • Mango a choisi Beloved de Tony Morrison.
  • Papillon hésite mais pourrait se poser sur Naguib Mahfouz.
  • Malice est indécise...
Mise à jour 2 (samedi 14 août):
  • Malice s'est décidée et se joint à Manu et la Nymphette avec Le Carnet d'or de Doris Lessing.
Mise à jour 3 (lundi 16 août):
  • Le coeur de Karine balance entre Beloved de Morrison et Cent ans de solitude de GGM...
Mise à jour 4 (mercredi 18 août):
  • Lapinoursinette vient de commencer Les Intermittences de la mort de José Saramago.
Mise à jour 5 (mardi 24 août):
  • Lounima a choisi Rabindranath Tagore et ses Histoires de fantômes indiens.
  • Midola se joint à Mango (et peut-être Karine) avec un autre titre de Toni Morrison, Sula.
  • Je me suis finalement décidée, j'ai entamé Islands in the Stream d'Hemingway cette fin de semaine.

07 août 2010

Le Capitaine Alatriste

Encore plus que dans Le Maître d'escrime, ce cher Arturo se révèle ici le digne successeur d'Alexandre Dumas, en version hispanique et plus concise. Son capitaine Alatriste n'a peut-être pas la conscience aussi nette que D'Artagnan (il gagne sa vie comme mercenaire, après tout) mais il en a l'élégance et le coeur. 

Complots et duels forment l'essentiel de l'action, et Madrid sert de toile de fond, d'une taverne populaire jusqu'aux coulisses de la Cour, en passant par une salle de théâtre bondée rappelant Cyrano.  On sent que l'intrigue assez simple sert avant tout à introduire les personnages qui reviendront dans les tomes suivants:  le jeune protégé Inigo Balboa (qui est aussi le narrateur), le vilain à balafre de rigueur (clin d'oeil à Rochefort), la belle jeune fille noble (et peut-être méchante, une future Milady?) et son père le secrétaire du roi (un sournois de la pire espèce), l'inquiétant Inquisiteur Bocanegra, etc.

Romantique à souhait, bien écrit (et bien traduit, merci monsieur Quijano), encore une fois A.P.R. ne déçoit pas!

Je crois qu'on en a tiré un film avec Aragorn Viggo Mortensen dans le rôle titre... Personnellement j'ai vraiment de la difficulté à imaginer mon bien-aimé Viggo en Espagnol ombrageux; a-t-il seulement une moustache, d'abord?  Ça me semble indispensable pour ce rôle...

Le Capitaine Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, traduit de l'espagnol, 1998, 215 p.  Titre de la version originale: El Capitan Alatriste.

30 juillet 2010

Confessions of a Shopaholic

(Confessions d'une accro du shopping)

Ces jours-ci j'ai le goût de lectures légères, et j'ai été merveilleusement servie par ce monument de la chick-lit anglaise, une des oeuvres fondatrices du genre avec Bridget Jones's Diary d'Helen Fielding. J'avais bien quelques craintes avant de commencer, surtout que mon premier contact avec cette auteure n'avait pas été complètement concluant.  S'agissait-il d'une glorification du magasinage à outrance, ou encore d'une suite de descriptions de vêtements, chaussures, sacs à mains de marques prestigieuses sans aucune réflexion ou questionnement?  Finalement il n'en est rien, et si bien sûr tout se fait dans l'humour et la dérision, il y a quand même un petit fond plus sérieux, puisque le magasinage compulsif de l'héroïne est en fait une façon de combler un énorme vide dans sa vie: elle déteste son travail de journaliste pour une revue financière, qu'elle accomplit de façon machinale, et sa vie amoureuse n'est pas plus gratifiante. Mais elle a bon coeur et on la trouve tout de suite attachante, et si on rit beaucoup de ses mésaventures ( les lettres de son banquier sont notamment très drôles), on éprouve aussi de la compassion pour elle. 

J'ai un faible pour l'humour british, je le reconnais; deux ou trois «Blimey!» et c'est déjà à moitié gagné.  Sophie Kinsella a fait le reste du chemin grâce à une intrigue pas trop prévisible (à condition de ne pas avoir lu la quatrième de couverture, extrêmement révélatrice) et un excellent équilibre entre la comédie et la réflexion.


Pour un point de vue masculin sur ce bouquin, le billet de Calepin  qui l'a lu dans le cadre du défi Chick-lit for men.


Confessions of a Shopaholic de Sophie Kinsella, 2001, 312 p.

28 juillet 2010

Abandon, the sequel

Décidément, pas de chance ces temps-ci, un deuxième abandon en cinq semaines! Ce n'est peut-être tout simplement pas le moment pour ce genre de bouquin dans mon existence, toujours est-il qu'il m'a donné l'impression d'un livre de psycho-pop sous forme de roman (laisser tomber les masques, retrouver l'enfant en soi, etc).  De plus, j'ai trouvé que l'auteur manquait de subtilité en soulignant tout à gros trait, ne faisant pas confiance à l'intelligence du lecteur: ça va, on a compris que l'héroïne a peur du jugement des autres, pas besoin de le rappeler à toutes les trois pages!  J'ai aussi été prodigieusement agacée par ses interminables discussions avec les différents aspects de sa personnalité: la Culpabilité, le Besoin de s'aimer, l'Inquiétude, etc.  Et surtout, je croyais qu'il y aurait une dimension fantastique à tout cela (elle reçoit une lettre écrite de sa propre écriture de quand elle avait dix ans, mais ne se souvient nullement l'avoir écrite: voyage dans le temps, univers parallèle?), mais finalement je constate qu'il n'en est rien (à en juger par les 126 premières pages, en tous cas!).  L'idée de départ n'était pas mauvaise, mais elle a été mal exploitée.  Dommage...

La Grande Mascarade de A.B. Winter, éditions Les Intouchables, 2007, 333 p.

27 juillet 2010

Effroyables jardins

J'aime pas trop les clowns.  Ils m'agacent, je ne les trouve pas drôles. Mais maintenant je crois que je les regarderai toujours d'un autre oeil, avec une pensée pour ce petit livre magnifique mêlant la comédie et la tragédie.  Ça se dit un roman; à soixante-trois pages, j'appellerais ça une nouvelle, pour ce qui est de la longueur. On pourrait le lire en une demi-heure, mais c'est le genre d'histoire qu'on étire le plus possible parce qu'on est sûr que ça va mal finir, tout ça...

Pendant toute son enfance, le narrateur a eu honte de son père, professeur d'école et clown à temps perdu.  Non seulement clown, mais clown peu talentueux!  Un jour, il apprend pourquoi son père a adopté cet étrange passe-temps...  Lisez-le pour savoir la suite!  Sachez seulement qu'en soixante-trois pages, il sera question de guerre, de résistance, de sacrifice, du lien père/fils, d'amour, de Maurice Papon, du devoir de mémoire et... de clowns!


Les billets de Karine,  de Chaplum, de Julien, de Papillon, d'Yspaddaden, de Lily...  Il y en a trop!  Il faut dire que Michel Quint est particulièrement populaire sur les blogues depuis quelques années pour la lettre Q du Challenge ABC...

Effroyables jardins de Michel Quint, éditions Joëlle Losfeld, 2000, 63 p.

26 juillet 2010

Sacacomie

Dans cette suite à  Nous, les enfants, Line Mc Murray continue de nous raconter son enfance dans les forêts de la Mauricie, sur les rives du grand lac Sacacomie.  Elle nous parle aussi plus en détail de sa famille: sa mère forte et aimante, son père sauvage et rêveur, ses nombreux oncles, tantes et cousins, son frère adoptif perdu puis retrouvé quarante ans plus tard.

Ce récit est intéressant en tant que témoignage d'un mode de vie bipolaire qui est en voie de disparition: l'hiver au village ou en ville, l'été dans le bois, sans électricité, sans eau courante, sans aucun confort de la vie moderne. Intéressante aussi la réflexion sur l'héritage que nous transmettent nos parents par leur personnalité, leurs forces comme leurs faiblesse.

Cependant je dois dire que j'ai été moins touchée par ce recueil-ci que par le précédent. La magie et l'émerveillement y sont moins tangibles, et on n'y trouve pas autant de ces petites anecdotes savoureuses qui en faisaient tout le charme.  J'en suis consciente, je décroche facilement dès qu'on entre un tant soit peu dans des considérations plus philosophiques. Les passages qui m'ont semblé trop abstraits trouveront certainement preneur...

Au niveau de la présentation, c'est une réussite totale.  J'aime beaucoup cette forme allongée, et la couverture en carton de couleur crème est aussi plaisante à l'oeil qu'au toucher.

Merci aux éditions Québec Amérique pour l'envoi.

Sacacomie de Line Mc Murray, publié chez Québec Amérique en 2010.  331 p.