Je pense que je suis un peu âgiste (comme on dit sexiste ou raciste). Je n'en suis pas fière. Longtemps j'ai hésité à lire
Le Vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepulveda, qu'un collègue m'avait pourtant chaudement recommandé. Même chose pour
Le Vieil Homme et la mer d'Hemingway. On dirait que quand ça parle de vieux dans le titre, ça doit être soit déprimant, soit un peu gnangnan. Or, dans les deux cas, ce fut d'immenses coups de cœur.
On dit jamais deux sans trois... Et... oui! J'avais pourtant beaucoup aimé
Le Syndrome de la vis, lu en 2014, alors pourquoi ais-je tant attendu avant de renouer avec l'auteure Marie-Renée Lavoie? À cause de ce titre, je ne vois rien d'autre. Et tout comme dans les deux exemples ci-dessus, c'est un coup de cœur.
Parlant de titre, est-il assez imbécile cet éditeur français (Denoël pour ne pas le nommer) qui a jugé opportun d'intituler ce roman
Mr Roger et moi pour la version européenne? Mr, c'est l'abréviation de mister, non? Pas de monsieur? Du coup, Roger se prononce à l'anglaise, Rogeur. Je m'attendais donc à ce que le vieux en question soit un anglophone. Eh bien non, le monsieur est on ne peut plus québécois, émaillant son discours des sacres les plus diversifiés: bout d'viarge, maudit verrat, etc, pour notre plus grand plaisir. Heureusement on est revenu au titre original pour l'édition de poche (Folio).
Bon c'est bien beau tout ce bavardage, direz-vous (ou pas), mais ça parle de quoi? Je crois qu'on peut classer ça dans les romans d'apprentissage, puisque l'héroïne passe de l'enfance à l'adolescence sous nos yeux. C'est peut-être une hérésie de dire ça mais je trouve que Lavoie est dans la lignée d'un Michel Tremblay, avec ses dialogues en joual, l'atmosphère de quartier urbain (sauf qu'on est ici dans les années 80), avec en particulier le personnage de la mère, une femme forte mais non sans faille, qui finit toutes ses phrases par «cé toute!» pour couper court à tout argument, et celui du père, plus mou et alcoolique. Et le tout n'est ni déprimant, ni gnangnan, mais plutôt fort drôle et touchant.
Allez, je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir par vous-même la faune de ce quartier de Limoilou.
Au fait, vous en connaissez d'autres, des livres avec des vieux ou des vieilles que je devrais absolument avoir lus?
La Petite et le vieux de Marie-Renée Lavoie, 2010, 160 p.
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