Embourbée dans un mariage arrangé depuis son enfance pour réunir deux propriétés adjacentes, Thérèse souffre d'un manque total de stimulation sentimentale, sexuelle mais surtout intellectuelle. Sa grossesse et la naissance de sa fille ne lui apportent aucun bonheur. Sombrant dans la dépression, elle commet l'irréparable, presque nonchalamment...
J'ai été particulièrement épatée par l'ambiance que Mauriac arrive à établir tout au long de l’œuvre. On étouffe dans cette relation malsaine entre Thérèse et son mari qu'elle a tenté d'empoisonner (je ne divulgâche rien, c'est dit dès le début). On étouffe dans cette vieille maison de campagne sombre et humide alors que pourtant dehors le vent souffle dans la pinède en transportant des odeurs de champignons et de résine. On étouffe dans cette famille, dans cette société où l'honneur et la tradition passent avant le bonheur individuel.
J'ai trouvé les thèmes abordés par Mauriac assez modernes, et la fin en particulier a su me surprendre! Si la plume dans son ensemble m'a beaucoup plu, notamment son côté concret, faisant appel à tous nos sens, je déplore quelques termes un peu datés et qui m'ont fait tiquer -- j'ai noté par exemple l'expression «posséder une femme» (au sens sexuel) qui ne passe plus très bien de nos jours! Mais c'était le vocabulaire en usage à l'époque, il faut faire avec!
Thérèse Desqueyroux de François Mauriac, 1927, 184 p.