31 août 2009

La Tournée d'automne

Ce fut tout un choc, croyez-moi, de passer sans transition (j'ai lu ce roman il y a deux semaines) des bas-fonds londoniens, des asiles d'aliénées et des manoirs lugubres de Sarah Waters à la beauté du Vieux-Québec en été, à l'Île d'Orléans au clair de lune et à l'écriture limpide de Jacques Poulin. Mais après quelques pages, je me suis adaptée et ai pu apprécier pleinement le ton juste un peu mélancolique de ce beau petit roman.

De cet auteur, j'ai lu il y a plusieurs années Les Yeux bleus de Mistassini, que j'avais aimé mais qui m'avait laissé une impression de tristesse. Ici, c'est tout le contraire, même si certains des mêmes thèmes sont repris. Jacques Poulin est expert dans l'art de faire ressortir la poésie des gestes anodins de la vie quotidienne: fermer la porte d'un autobus pour le plaisir d'entendre le pouishhh du mécanisme à air comprimé, s'asseoir dans l'herbe avec les enfants du voisinage pour regarder des jongleurs amateurs, s'enduire le visage d'huile de citronnelle pour éloigner les moustiques...

Quel beau métier que celui exercé par le personnage principal, conducteur d'un camion transformé en bibliothèque, répandant le plaisir de lire dans les régions éloignées! J'ai noté quelques-uns des auteurs que le Chauffeur suggère à ses clients et que je ne connais pas: John Fante, Richard Ford... J'ai aussi aimé l'idée des amateurs de lecture formant un «réseau», comme s'ils faisaient partie de la Résistance! Et puis quelle belle invitation au voyage! On a envie de tout lâcher pour aller faire le tour de la Côte-Nord, livre en main!


Plein de blogueurs avaient déjà lu la sélection de septembre du Blogoclub: Allie, Lilly (qui fut déçue), Sylire, Papillon, Catherine du Biblioblog (qui a remarqué elle aussi le petit cliché du panier à pique-nique en osier avec la nappe à carreaux... Il sort d'où ce panier, d'abord, il avait ça dans son camion? Seule et minime fausse note du roman, quant à moi...). Pour les billets des membres du Blogoclub, suivez les liens chez Sylire ou Lisa, nos deux organisatrices bien-aimées!


La Tournée d'automne de Jacques Poulin, Leméac/Actes Sud, 1993, 191 p.

26 août 2009

American Gods

Il y a longtemps que je voulais découvrir cet auteur dont j'avais entendu parler un peu partout. J'ai aussi vu le film Stardust, basé sur le livre du même nom, film que j'ai trouvé très amusant, dans le genre Fantasy. Pour couronner le tout, American Gods était parmi les trésors suggérés dans le cadre du Défi Blog-o-trésors. J'avais donc très hâte de mettre la main sur ce roman à la bibliothèque!

Et je dois dire que je n'ai pas été déçue! Je le classerais cependant plus dans un genre Fantastique que Fantasy, avec une touche de Road movie. L'histoire? En gros, c'est un gars qui, sortant de prison, se trouve mêlé à une guerre entre les dieux de l'ancien monde, qui ont émigré aux États-Unis en même temps que leurs fidèles, et les dieux modernes que sont l'argent, la télévision, les nouvelles technologies, etc. Je recommande d'ailleurs de lire ce bouquin en ayant toujours à portée de la main un dictionnaire de la mythologie, afin de bien saisir les nombreuses allusions et clins d'oeil. À moins bien sûr que vous ne soyez extrêmement familiers avec Odin, Anubis et Inansi, entre autres...

Si j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture, je dois dire toutefois que c'est surtout d'un point de vue intellectuel. Je ne me suis jamais sentie vraiment investie émotionnellement, si je puis dire. Je crois que c'est dû au fait que Shadow, le héros, reste toujours très détaché par rapport à tout ce qui lui arrive. C'est voulu, mais cela fait en sorte qu'on ne connecte jamais vraiment avec lui, ou alors seulement à la toute fin.

Pour cette raison, ce livre n'a pas été le gros coup de coeur qu'il aurait pu être, mais il a tout de même constitué un excellent moment de lecture. Je le recommande surtout à tous ceux qui s'intéressent aux différentes mythologies et religions du monde.


Les billets d'Argantel, de Chimère et de Karine.


American Gods de Neil Gaiman, publié chez William Morrow en 2001. 465 p. Bizarrement, le titre de la version française reste American Gods.

11 août 2009

Fingersmith

Un soupçon de Dickens + un peu des soeurs Brontë + 1 pincée de poivre de Cayenne = Fingersmith de Sarah Waters.

Les quartiers malfamés de Londres, des voleurs, des orphelins, des magouilles, un manoir isolé et sombre dans la campagne anglaise, une jeune héritière innocente au quotidien réglé comme une horloge, bref tout ce qu'on aime de nos auteurs préférés du XIXe siècle, avec en plus quelques scènes croustillantes et quelques gros mots pour pimenter le tout. Je n'ose en dire plus pour ne rien dévoiler de l'intrigue, mais disons que bientôt on ne sait plus sur quel pied danser et que c'est délicieux. Et prenant. Il y a bien quelques petites longueurs dans le dernier tiers, mais tout le reste est ficelé de main de maître. Ou plutôt de maîtresse.

Vraiment, ce roman est en bonne position pour faire partie de mes Coups de coeur 2009...


Pour ceux qui lisent l'anglais, Raych en parle avec son humour habituel; et aussi, en français, Karine, Nibelheim, Ys, So, Pimpi, Joëlle, Thom, Brize, Choupynette, Charlie Bobine... M'enfin, la blogosphère entière a lu ce roman avant moi, ou quoi?


Fingersmith de Sarah Waters, publié chez Virago en 2002. 548 p. Titre de la version française: Du bout des doigts.

08 août 2009

Premier arrivé, premier servi!

Pour avoir répondu à un sondage, j'ai gagné un certificat-cadeau électronique (code à entrer lorsqu'on passe une commande par internet) de $5 chez Chapters-Indigo, et je ne pense pas l'utiliser... En effet je n'achète que très rarement des livres par internet, préférant aller moi-même à la librairie (généralement d'occasions, en plus!).

Ça intéresse quelqu'un? Je l'envoie à la première personne (notez que le site est canadien...) qui me fait parvenir un courriel (vous trouverez mon adresse en cliquant sur Afficher mon profil complet, dans la colonne de droite, puis sur Email dans la section Contact.)

(Quel rapport avec la photo de chaton, demandez-vous? Aucun, mais ici une photo de minou est toujours à propos!)

Mise à jour: Voilà, c'est fait! Abeille est l'heureuse récipiendaire du certificat-cadeau!

01 août 2009

Soie

Hé toi, Geneviève B...! Oui oui, toi! Tu n'as pas honte de vendre tes livres à la bouquinerie après les avoir vilainement gribouillés! De commentaires idiots, en plus! Par exemple, en marge de «Hervé Joncour vendit les deux filatures pour un prix ridicule», tu as écrit «Fut propriétaire de 2 filatures et les revend à un prix dérisoire»; ça veut dire la même chose, mais en moins bien, cruchonne! Je comprends bien que tu as utilisé ce bouquin pour un travail d'école. Moi aussi j'ai griffonné des livres de poche pour des travaux de CÉGEP, mais je ne les revendais pas après! Et si j'avais eu le front de les revendre, j'aurais sûrement effacé mon nom à l'intérieur de la page couverture! Hahaha te voilà bien punie, Geneviève B...!

(Ceci dit, je suis surtout fâchée contre moi-même pour avoir acheté ce roman sans en avoir vérifié l'état! Il faut dire que je sortais de chez le dentiste, qui ne m'avait pas manquée...)

J'avais donc ce livre dans ma pile depuis quelques mois, après plusieurs années à essayer périodiquement de me le procurer à la bibliothèque municipale, mais j'hésitais à le lire, craignant que les gribouillages ne gâchent mon plaisir... J'allais m'y résigner, lorsque finalement j'ai réussi à mettre la main sur un exemplaire impeccable lors de mon dernier arrêt à la bibli! Hourra!

Et je crois que j'ai bien fait d'attendre, car c'est en plein le genre de livre dont l'aspect matériel contribue au plaisir de la lecture. Un roman qu'on lit lentement pour savourer la beauté des mots. Une histoire en touches impressionnistes (ça se passe dans les années 1860-70, ce n'est sûrement pas un hasard, j'ai souvent imaginé un tableau de Monet et compagnie): l'éclat de la soie aux couleurs vives, l'envol de centaines d'oiseaux exotiques s'échappant d'une volière, les reflets du soleil sur un lac agité doucement par le vent. Une histoire d'amour émouvante et sensuelle, une fin qui m'a mis les larmes aux yeux...

Après une première tentative infructueuse avec Océan mer, Alessandro Baricco m'a conquise!

Je me demande quel genre de film on a pu faire avec ça, quelqu'un l'a vu?


Les billets de Lilly, Allie, Frisette (dont la phrase «Ainsi, on alterne des moments où le temps file à toute vitesse et d'autres où il semble suspendu» exprime exactement mon expérience de lecture), Catherine du Biblioblog (jetez un coup d'oeil aux commentaires, c'est hallucinant tout ce qu'on peut dire sur un roman d'une centaine de pages!), Yueyin, Papillon... Il y en a sûrement plein d'autres, donc n'hésitez pas à me faire signe dans les commentaires avec le lien de votre billet!


Soie d'Alessandro Baricco, publié chez Albin Michel en 1997. 120 p. Titre de l'original italien: Seta (1996).