Tout ce que je savais de Salman Rushdie, c'est qu'il avait fait l'objet d'une fatwa (menaces de morts de la part d'extrémistes musulmans) pour son roman Les Versets sataniques et que cela avait fait de lui un symbole de la liberté d'expression et même une icône populaire (il a fait de brèves apparitions dans divers films et séries télévisées). Dans ma tête, menaces de mort = sujet sérieux, remises en question philosophiques et idéologiques...
Quelle ne fut pas ma surprise de constater que ce roman est tout sauf noir ou aride, qu'on y retrouve au contraire une grande beauté, beaucoup d'humour et de fantaisie. Il s'agit en fait d'une sorte de conte pour adultes, avec des pirates, des géants albinos, un miroir magique et une femme aux pouvoirs mystérieux... mais aussi des personnages historiques comme Machiavel, Boticelli, les Médicis, Andrea Doria (fameux mercenaire et amiral génois) et surtout l'empereur moghol Akbar.
Faisant quelques recherches sur Salman Rushdie, j'ai découvert que son oeuvre faisait partie d'un mouvement littéraire appelé le «réalisme magique» (genre où des éléments surnaturels apparaissent dans un cadre historique et géographique réaliste). Nouvelle surprise, certains de mes auteurs favoris sont cités comme faisant partie de ce mouvement, notamment Gabriel Garcia Marquez, Isabel Allende, Italo Calvino, Michel Tournier et même Michel Tremblay! Il n'est donc pas étonnant que je me sois sentie aussi à l'aise chez Rushdie.
De plus, j'ai beaucoup apprécié son style d'écriture. Ses phrases sont très travaillées, je dirais presque ciselées, il faut lire lentement pour bien les savourer.
The Enchantress of Florence de Salman Rushdie, éditions Alfred A. Knopf Canada, 2008, 356 p. Titre de la version française: L'Enchanteresse de Florence.