27 septembre 2025

They Do It with Mirrors (Jeux de glaces)

Je continue de revisiter les romans d'Agatha Christie mettant en scène Miss Marple.  Tout comme il y a quelques mois dans Murder at the Vicarage, j'ai beaucoup apprécié ce personnage (que je trouvais décevant quand j'étais ado, je le rappelle).  C'est toute une fin finaude, cette Miss Marple, mais une fin finaude plus subtile qu'un Hercule Poirot, par exemple!  Avec son petit air naïf et son tricot, les méchants ne s'en méfient pas!

Une fois n'est pas coutume, j'ai deviné assez rapidement une partie de la solution, et je n'en suis pas peu fière!  Plusieurs éléments-clés ont tout de même su me surprendre.  L'intrigue est bien ficelée, il faut juste bien s'accrocher au début parce que les relations entre les divers personnages ne sont pas simples: qui est la demi-sœur de qui, untel est le combientième mari d'unetelle?  Heureusement, Agatha prend le soin de répéter souvent ces informations, et ça finit par rentrer!   

 

They Do It with Mirrors d'Agatha Christie, 1952, 224 p.  Titre de la traduction française: Jeux de glaces. 

26 septembre 2025

Neuromania

Vous croyez que les différentes fonctions du cerveau (langage, mémoire, etc) sont contrôlées par certaines régions bien spécifiques, comme semblent le démontrer les images par résonance magnétique qu'on nous montre pour le prouver?  Et bien c'est faux selon le neuroscientifique Albert Moukheiber; c'est le cerveau tout entier qui agit de concert pour chaque fonction.  Et cette histoire d'hémisphères gauche et droit où résident séparément la logique et la créativité, c'est bien vrai, n'est-ce pas? Eh bien non, ces deux aptitudes ne travaillent pas indépendamment mais plutôt en boucle, l'une influençant l'autre qui influence la première, etc.  Bon d'accord, mais le cerveau reptilien, celui qui nous vient de nos ancêtres dinosaures et qui constitue le centre de la peur, c'est bien vrai?  Et le rôle des hormones, la dopamine et les autres?  Et la dépression, l'addiction, la résistance au changement?

Vous me voyez venir...   

En gros, ce qu'on apprend dans cet essai très intéressant et bien vulgarisé (mais très déstabilisant puisqu'il faut remettre en question tout ce qu'on croyait savoir sur le cerveau), c'est que tout ne peut se réduire à ce seul organe, qu'il faut plutôt prendre en compte le corps en entier ainsi que le contexte social et culturel de chaque individu.   


Neuromania d'Albert Moukheiber, 2024, 250 p.

25 septembre 2025

La Blague du siècle

À la sortie de ce roman en 2023, je me souviens avoir lu dans le journal Le Devoir une entrevue avec Jean-Christophe Réhel dans laquelle il disait avoir eu peur quand Jean-Philippe Baril-Guérard a publié son livre qui mettait en scène lui aussi un aspirant humoriste.  Il avait même demandé à son éditeur s’il devait changer de sujet!

J’étais donc restée avec l’idée que le milieu de l’humour était le sujet principal de La Blague du siècle, alors que pas du tout!  C’est plutôt l’histoire d’un homme dans la trentaine qui travaille dans un Tim Hortons pour subvenir aux besoins de son père atteint d’un cancer du cerveau et de son frère schizophrène (et qui accessoirement aurait bien aimé devenir humoriste et aime assister à des spectacles d’humour).

Contrairement au roman précédent de l'auteur Ce qu’on respire sur Tatouine, que j’avais trouvé très drôle (mais avec des passages plus sérieux), ici c’est plutôt le contraire: on est dans une ambiance beaucoup plus touchante et dramatique, avec des passages plus légers, voire même rigolos.

 

La Blague du siècle de Jean-Christophe Réhel, 2023, 256 p.

17 septembre 2025

Ör

Sûrement le titre le plus court depuis le début du blogue!  Et pour ceux qui se posent la question, ör signifie cicatrice en islandais. 

Comme le titre le laisse supposer, on aura affaire ici à des personnages meurtris, qui tentent de panser leurs blessures; au premier chef, le personnage principal, qui a même décidé de mettre fin à ses jours, mais cela est plus compliqué qu'il n'y paraît!  

De l'Islande, on se déplacera vers un pays détruit par une guerre civile, et là, les notions de cicatrice et de reconstruction prendront un tout autre sens.

Si  j'ai trouvé l'intrigue un peu prévisible, j'ai beaucoup aimé l'ambiance établie par Audur Ava Olafsdottir, ainsi que sa plume, tout en douceur.  De plus, la construction est originale, grâce aux titres de chapitres qui sont des citations d'autres œuvres, soit de poètes (dont Leonard Cohen) ou de philosophes, mais aussi de la Bible. 

Mon préféré de cette auteure reste Rosa Candida, mais Ör arrive pas loin derrière (alors que je n'ai pas trop aimé Le Rouge vif de la rhubarbe). 


Ör de Audur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais, 2017, 236 p.  Titre de la version originale: Ör.

14 septembre 2025

Diane demande un recomptage

Comme ce roman est la suite directe d'Autopsie d'une femme plate, je m'attendais à nager dans les mêmes eaux: un roman à l'intrigue plus ou moins originale, mais amusant et plaisant à lire.

Et c'est bien ce que j'y ai trouvé, mais comme cette fois je m'y attendais, je n'ai pas éprouvé cette petite déception ressentie à la lecture du premier tome.  J'ai pu savourer pleinement les dialogues très naturels et rigolos qui ont toujours été la grande force de cette écrivaine.

Dans ce tome-ci, Diane tente de reconstruire sa vie amoureuse et professionnelle après son divorce.  Heureusement qu'elle est bien entourée, sa meilleure amie et ses enfants étant toujours là pour la soutenir.  Sans oublier son chat à trois pattes, Steve! 

J'ai trouvé la fin un peu abrupte.  J'ai l'impression que c'est une stratégie pour nous donner envie de lire le troisième tome, et... ça fonctionne!

 

Diane demande un recomptage de Marie-Renée Lavoie, 2020, 274 p. 

  

12 septembre 2025

L'Inconnue du portrait

Aimant beaucoup le peintre Klimt, j'ai tout de suite été attirée par ce roman historique lors de sa sortie en 2024, et lorsqu'il a été mis en nomination pour le Prix Livraddict, ce fut l'occasion de m'y plonger.

Contrairement à ce que j'espérais, le peintre lui-même n'apparaît qu'un bref moment.  C'est plutôt l'histoire rocambolesque du tableau qui apparaît en couverture qui sert de fil rouge à l'intrigue. Ce portrait d'une jeune femme dont on ignore l'identité, peint en 1910, fut fortement remanié par Klimt sept ans plus tard pour une raison qu'on ignore.  On a cru longtemps qu'il y avait deux œuvres différentes dont l'une aurait disparu.  C'est une étudiante en Histoire de l'art qui arriva à prouver que les deux toiles n'en faisaient qu'une.  Le tableau fut ensuite volé, pour réapparaître vingt ans plus tard derrière un buisson du jardin du musée d'où il avait disparu.  Rocambolesque, je vous dis!

Camille de Peretti brode toute une saga familiale autour de cette histoire, nous emmenant de l'Autriche du début du XXe siècle jusqu'à New York, où se déroule la plus grande partie de l'intrigue.  

Quelques bémols: tout d'abord, j'ai relevé une invraisemblance.  Comme c'est au tout début du roman, je me permets de divulgâcher un peu: le personnage principal, un jeune cireur de chaussures, arrive en quelques années à économiser la coquette somme de mille dollars qu'il investira pour tenter de faire fortune.  Mille dollars à coup de dix cents la paire de souliers cirés?  J'ai eu de la difficulté à y croire, et donc à croire à tout ce qui s'ensuit.

Deuxièmement, j'ai remarqué un petit tic d'écriture chez cette auteure.  Elle aime accoler deux phrases complètes, parfois même trois ou quatre, en les séparant par une virgule, sans conjonction pour les relier (dans le genre «Il faisait beau, Machin alla se promener, il rencontra Bidule.»).  Rien de bien grave, donc, mais c'est le genre de trucs qui m'agacent quand je me mets à les remarquer!

Heureusement, ces petits défauts ne m'ont pas empêchée d'apprécier ce roman.  L'intrigue est originale et, si l'on oublie la petite invraisemblance du début, bien ficelée.  Les personnages bien développés soutiennent notre intérêt jusqu'à la fin, surtout qu'au départ on ne sait pas quels sont les liens entre eux et avec le tableau.  Un bon roman historique! 


L'Inconnue du portrait de Camille de Peretti, 2024, 356 p. 

03 septembre 2025

Reliquary (Le Grenier des Enfers)

Pendergast, tome 2

Ce billet sera assez court puisque je reprends un peu les mêmes arguments que dans mon billet sur le tome 1 de cette série.  Le gros point fort du roman, c'est la description des lieux où l'intrigue se déroule.  Cette fois-ci, les deux écrivains nous emmènent dans les bas-fonds de NewYork.  Mais quand je dis bas-fonds, pensez baaaaaaas-fonds!  On visite plusieurs étages de tunnels labyrinthiques et nauséabonds, de stations de métro désaffectées,  d'égouts infestés de rats, d'aqueducs obsolètes et j'en passe.  Et tout cela peuplé par des milliers d'humains: sans-abris, drogués, vétérans de la guerre du Vietnam ayant rejeté la société.  En postface, les auteurs nous préviennent qu'ils ont modifié des détails, ajouté des trucs par-ci, par-là, mais qu'en gros, la plupart de ces lieux existent vraiment, de même que leurs habitants! 

De plus, on a le plaisir de retrouver plusieurs des personnages du tome 1!  En fait, je suis contente de n'avoir attendu que quelques mois entre les deux tomes, puisque celui-ci est la suite directe du précédent.  Comme dans ce dernier, j'ai parfois trouvé l'intrigue un peu tirée par les cheveux, mais si l'on décide d'accepter ces détails un peu invraisemblables, c'est une vraie partie de plaisir -- à condition d'aimer être assis au bord de son siège en retenant son souffle, bien sûr! 

(Concernant la traduction française, je me demande pourquoi la série s'intitule Inspecteur Pendergast... Ce cher homme est un agent du FBI, et ne porte donc pas le titre d'inspecteur, à ce que je sache!  Comptez sur moi pour remarquer ce genre de détails anodins!) 

 

Reliquary (Pendergast, tome 2) de Douglas Preston et Lincoln Child, 1997, 464 p.  Titre de la traduction française: Le Grenier des Enfers (Inspecteur Pendergast, tome 2).

01 septembre 2025

La Maison d'Hortense, tome 1: Printemps-été 1935

Après le rythme trépidant des Guerriers de l'hiver d'Oliver Norek, cela faisait du bien de souffler un peu dans une atmosphère plus reposante, celle d'un roman historique signé Maryse Rouy.  Dans le premier tome de cette nouvelle série, on se retrouve sur le Plateau Mont-Royal en 1935, et l'on suit un groupe de femmes de différentes générations.

Le sujet principal du roman est le choix qu'avaient à faire les jeunes femmes de l'époque: se conformer au diktat de la société en se préparant à devenir des épouses modèles (d'éventuelles études supérieures ne servant qu'à se trouver un bon parti) ou choisir d'exercer un métier, sachant qu'il faudra se battre bec et ongles pour se faire une place dans ce monde masculin.

Comme toujours chez cette auteure, la force du roman provient de deux sources: la reconstitution détaillée mais toujours très vivante, de la vie quotidienne de l'époque, et l'attachement que l'on développe pour plusieurs des personnages. Comme il s'agit d'un premier tome, certains portraits sont esquissés plus rapidement que d'autres;  nul doute qu'on en apprendra plus sur ces femmes dans les prochains tomes!

 

La Maison d'Hortense, tome 1: Printemps-été 1935 de Maryse Rouy, 2022, 344 p.