18 juillet 2015

Fall of Giants (La Chute des géants)

J'ai tellement aimé Pillars of the Earth et sa suite World Without End que je savais bien qu'éventuellement je lirais la nouvelle trilogie de Ken Follett.  Toutefois le volume de la chose et le nombre de séries que j'ai commencées et pas encore terminées me faisaient hésiter. Puis j'ai reçu le premier tome à ma fête et il a rejoint ma PAL.  Puis j'ai attrapé la fin de la rediffusion de l'entrevue de l'écrivain britannique à l'émission télévisée 24/60.  J'ai eu la piqûre, et le livre s'est magiquement retrouvé tout en haut de la pile!

J'ai été particulièrement frappée par la définition qu'il a donnée de son style d'écriture, le comparant à une fenêtre: on regarde ce qui se passe dehors, pas la fenêtre elle-même.  C'est-à-dire que son style est si fluide qu'il en est transparent.  On ne cesse pas de lire pour l'admirer, on est tout simplement happé par l'histoire racontée.  Venant de terminer le premier tome d'À la recherche du temps perdu de Proust, et sans rien enlever à ce dernier que j'ai d'ailleurs adoré, je dois dire que j'ai trouvé cette lecture bien reposante!  On pourrait dire que Follett et Proust sont aux extrémités opposées du spectre littéraire.  Chez Proust, on s'arrête constamment de regarder par la fenêtre pour s'extasier devant les rideaux...

La force de Follett, c'est avant tout sa capacité de créer des personnages si attachants qu'on a l'impression de les connaître personnellement.  Mais il est aussi maître dans l'art d'intégrer la trame historique à son intrigue si parfaitement qu'on ne s'aperçoit pas qu'on est en train de lire une leçon d'Histoire de neuf cents pages.  On voyage avec plaisir et trépidations du fond d'une mine galloise à la Sibérie, en passant par le palace d'un lord anglais, par les bureaux de la Maison-Blanche et par les bas-fonds de St-Petersbourg, et on en redemande.  Ça tombe bien, il reste deux autres tomes.


Fall of Giants (trilogie The Century, livre 1) de Ken Follett, 2010, 922 p.  Titre de la traduction française:  La Chute des géants (trilogie Le Siècle, livre 1).

03 juillet 2015

Du côté de chez Swann

«Le meilleur roman jamais écrit, toutes cultures confondues» a décrété Denys Arcand à l'émission télévisée du Canal Savoir La Bibliothèque de...  C'est plutôt présomptueux et je n'irais pas jusque là, mais tout de même, son commentaire a éveillé chez moi un certain intérêt pour cette oeuvre immense et qui fait un peu peur.  Ce sont les billets de Karine et de Yueyin en 2014 qui m'ont donné le petit coup de pied au derrière nécessaire.  J'en ai même fait ma résolution du Nouvel An: en 2015, j'allais me lancer dans cette série!

Alors non seulement on est le 3 juillet et je peux affirmer pour une fois avoir accompli ma résolution annuelle, mais en plus j'ai vraiment adoré ce premier tome!  Alors double merci à Denys Arcand, Karine et Yueyin!

Ce premier tome se divise en trois parties.  Dans la première, le narrateur (qui est peut-être Proust lui-même, ou pas) raconte des souvenirs d'enfance reliés au village où il passait tous ses étés, Combray.  La deuxième est narrée à la troisième personne, du point de vue de Swann, un ami de la famille, (bien que le narrateur y fasse quelques incursions) et peut se lire comme un roman séparé, Un Amour de Swann, que d'ailleurs j'avais déjà lu sans en avoir gardé d'impressions marquantes (j'étais peut-être trop jeune ou c'est meilleur en faisant partie d'un tout?) et qui se déroule dans les milieux mondains parisiens.  Dans la troisième partie, très courte, on revient au narrateur et il est surtout question de voyages et de son amour d'adolescent pour la fille de Swann.

C'est sûr qu'en lisant cette oeuvre, il ne faut pas être pressé.  Les phrases sont très longues (j'ai dû souvent les relire car arrivé au bout on ne sait plus quel est le sujet du verbe!) et surtout il ne se passe pas grand-chose!  Amateurs de sensations fortes s'abstenir.  Tout est dans l'ambiance fin de siècle, dans la formidable force évocatrice des mots, dans la psychologie des personnages.  J'ai particulièrement apprécié les personnages secondaires comme les Verdurin et leurs commérages, le docteur Cottard et ses jeux de mots déplacés, et surtout la grande-tante Léonie dont la seule occupation est de surveiller par la fenêtre de sa chambre les activités de ses voisins, au point d'envoyer sa bonne enquêter dans tout le village pour savoir si Mme Unetelle est bel et bien arrivée en retard à la messe!

Et puis comme toujours lorsque je lis des auteurs français du XIXe ou du début du XXe siècle, cette langue admirable me donne le goût de mieux parler.  J'ai noté le «Je suis sans lumière à ce sujet» de la princesse des Laumes et j'ai bien l'intention de l'utiliser à la première occasion au lieu de notre horrible «ché pas» québécois.


Du côté de chez Swann (À la recherche du temps perdu, tome 1) de Marcel Proust, 1913, 503 p.

23 juin 2015

Texts from Jane Eyre (semi-abandon)

Petite leçon d'humilité!  Je croyais m'y connaître assez bien en littérature anglo... Pas assez pour apprécier ce petit bouquin à sa juste valeur, semble-t-il!

L'idée est vraiment originale.  Mallory Ortberg a imaginé les textos qu'auraient envoyés différents personnages de la littérature si cette technologie leur avait été accessible.  J'ai bien ri aux textos de Scarlett O'hara, Jane Eyre, Miss Havisham de Dickens, Ulysse et Circé...  Mais dans de nombreux cas, soit je n'étais pas assez familière avec l'oeuvre en question (je ne connais que les grandes lignes de Moby Dick, ce n'est pas suffisant, on dirait) soit il y avait trop longtemps que je l'avais lue (mon Roi Lear est un peu rouillé), soit le personnage ou l'auteur m'étaient complétement inconnus (qui est J. Alfred Prufrock, pour l'amour?)!   J'ai donc sauté de nombreux chapitres, en ai survolé d'autres; c'est pourquoi je considère cela comme un semi-abandon, et je ne conseille ce livre qu'à ceux qui s'y connaissent vraiment!


Texts from Jane Eyre de Mallory Ortberg, 2014, 226 p.  Pas encore traduit.

16 juin 2015

The Philosopher and the Wolf (Le Philosophe et le loup)

Je ne sais plus sur quel blogue j'ai lu une critique de ce livre (peut-être durant le Projet non-fiction de Flo? Impossible de vérifier, je ne suis plus capable d'accéder à son blogue); c'est dommage car j'aurais bien aimé remercier la blogueuse en question!  Sans elle, je n'aurais sans doute jamais entendu parler de ce bouquin car il semble peu connu dans la blogosphère francophone.

Mark Rowlands est un professeur de philosophie anglais qui a adopté un louveteau alors qu'il commençait sa carrière dans une université américaine.  S'ensuivra une histoire d'amour qui durera quinze ans et changera complètement sa vie. Il nous raconte non seulement cette relation, mais surtout toutes les réflexions que celle-ci a engendrées sur des sujets aussi divers que la mort, la religion, la liberté, la civilisation, le Mal et bien d'autres.  S'il paraît parfois un peu arrogant, on ne peut lui en vouloir car il fait également preuve d'auto-dérision et surtout on sent la profondeur de son amour pour son «frère-loup», Brenin.  De plus, il est un excellent vulgarisateur; il cause Heidegger et Nietzsche sans que notre cerveau n'explose.  Le niveau de langage est juste assez relevé pour qu'on se sente intelligent en le lisant.


The Philosopher and the Wolf de Mark Rowlands, 2008, 244 p.  titre de la traduction française: Le Philosophe et le loup.

06 juin 2015

Wizard and Glass (Magie et cristal)

Tome 4 de la série The Dark Tower (La Tour sombre)

***Divulgâcheur ci-dessous!***

Je ne répéterai pas tout le bien que je pense de cette série...  Vous pouvez lire mes billets sur les trois premiers tomes ici, ici et .  Sachez seulement que la saveur western est encore plus prononcée que dans les précédents: un shérif et ses députés, un saloon et son pianiste, des chevauchées, des fusillades, tout y est! Mais le fantastique est encore présent (notamment une scène assez cauchemardesque à la fin), de même que quelques clins d'oeil à Tolkien (la boule de cristal qui tient à la fois des palantiri et de l'Anneau).

Dans la postface, King annonce qu'il introduira des éléments de Salem's Lot dans les prochains tomes, alors je me demande si je devrais lire ce dernier avant de continuer.  Dans celui-ci il y a des références importantes à The Stand (Le Fléau) et j'étais bien contente de les comprendre.  Quelqu'un peut me conseiller là-dessus?


Wizard and Glass (The Dark Tower 4) de Stephen King, 1997, 672 p.  Titre de la traduction française: Magie et cristal (La Tour sombre 4)

01 juin 2015

Le Liseur

********Attention, spoilers (ou «divulgâcheurs» comme le recommande l'Office québécois de la langue française.  Je trouve ça très mignon, je vais l'utiliser dorénavant; tenez-vous le pour dit!)************

Ce qui commence comme un roman d'apprentissage classique, l'histoire d'amour entre un adolescent et une femme dans la trentaine, se change bien vite en autre chose...  J'aurais bien aimé ne pas savoir en quoi, la surprise aurait été formidable! Mais j'avais vu la bande-annonce du film, je savais donc que la femme serait accusée d'être une nazie. Je n'étais pas sûre d'avoir envie de lire un énième livre sur l'Holocauste -- pas que le sujet soit épuisé, comprenons-nous, je n'étais juste pas certaine d'en avoir le goût en ce moment...  Finalement, comme c'était notre sélection du Blogoclub, j'ai joué le jeu, et j'ai vraiment beaucoup apprécié.  Le point de vue, celui d'un jeune homme de la première génération d'après-guerre allemande, m'a semblé très original et donne lieu à d'intéressants questionnements sur la culpabilité, la responsabilité, la honte.  Le thème de la lecture aurait pu être encore plus développé, vu le titre, mais la fin est très émouvante.


Pour voir les commentaires des autres particpants du club, c'est chez Sylire et Lisa!


Le Liseur de Bernhard Schlink, 1996, 201 p.

07 mai 2015

Brida (abandon)

Les lectures communes et autres clubs de lecture sont souvent l'occasion de faire de chouettes découvertes, des livres que l'on n'aurait pas choisis spontanément.  C'est pourquoi je me prête volontiers au jeu, même lorsque les oeuvres sélectionnées sont a priori en dehors de ma zone de confort, comme c'est le cas pour le titre élu ce trimestre pour la lecture commune du Forum du Guide de la bonne lecture, Brida de Paulo Coelho.

Malheureusement, je ne me suis pas rendue très loin...

Je pensais qu'il s'agirait d'une sorte de fable ou de conte initiatique. Mais Coelho nous dit dès l'introduction que c'est l'histoire d'une femme qu'il connaît!  Autant en fiction j'aime le fantastique, autant dans la «vraie vie» les machins ésotériques me laissent complètement sceptique, voire m'irritent si j'ai l'impression qu'on tente de berner les gens.   Dès la première phrase, «Dans Le Pèlerin de Compostelle , j'ai remplacé deux des Pratiques de RAM par des exercices de perception, appris à l'époque où je faisais du théâtre»,  je me sens exclue et j'ai un mauvais pressentiment.  Première prise!*

Je persévère mais le style d'écriture n'est pas du tout dans mes goûts.  Tout est appuyé, les émotions et motivations de l'héroïne sont soulignées à gros traits, rien n'est laissé à l'imagination ou à la perspicacité du lecteur et il y a beaucoup de répétitions.  Beaucoup de majuscules, aussi: la Tradition, les Dons, la Magie, l'Autre Partie...  Deuxième prise!

«Les gens qui ont le Don à la naissance ont les lobes des oreilles petits et collés à la tête.»  Ai-je besoin d'en dire plus?  Après avoir levé les yeux au plafond, j'aperçois près de ma table de chevet un Stephen King des plus alléchants... Troisième prise, retiré!


*Pour mes lecteurs européens: terme relié au baseball. Après trois prises (essais de frapper la balle), le frappeur laisse sa place au suivant.


Brida de Paulo Coelho, 2010, 297 p.