12 février 2015

The Light Fantastic (Le Huitième Sortilège)

(Discworld, tome 2)

On m'avait prévenue qu'il ne s'agissait pas du meilleur tome de cette immense série de Terry Pratchett, et effectivement j'ai trouvé l'intrigue un peu décousue au début et l'humour parfois forcé.  Certains personnages sont présentés et on ne les revoit pas par la suite (ce sera pour plus tard, j'imagine). Tout de même, j'ai bien rigolé, ce qui était le but de l'affaire, et la fin est très réussie!  J'ai particulièrement apprécié les passages avec la Mort; notamment, le bout où Twoflower tente d'enseigner le bridge (enfin, une version du bridge qui contient des tortues et des éléphants!) aux quatre Cavaliers de l'Apocalypse est hilarant!  Je sais que plusieurs des romans suivants mettent en scène la Grande Faucheuse, je vais tenter de mettre la main sur le premier du cycle.  Parlant de cycles, j'ai trouvé sur wikipédia un chouette tableau qui met un peu d'ordre dans tout ça.

Mon billet sur le premier tome: The Colour of Magic.


The Light Fantastic (Discworld, tome 2) de Terry Pratchett, 1986, 284 p.  Titre de la version française: Le Huitième Sortilège (Les Annales de Disque-Monde, tome 2).

01 février 2015

À l'ouest rien de nouveau

Encore une fois un billet qui, je le crains, ne rendra pas justice à ce magnifique et terrible roman. Roman qui, on le sent bien, est basé sur des faits vécus puisque Remarque a été fantassin durant la Première Guerre mondiale.  Les descriptions sont d'un réalisme époustouflant. J'ai eu le coeur brisé lorsque le narrateur et ses compagnons, à dix-neuf ou vingt ans, sont considérés comme des vétérans et tentent en vain de montrer aux recrues comment survivre aux gaz, aux bombes.

Au début, le héros est encore capable d'apprécier quelques instants de beauté dans toute cette laideur:
«Sur un chemin transversal passent des canons légers et des voitures de munitions.  Les dos des chevaux luisent sous la lune, leurs mouvements sont beaux, ils portent la tête haute et on voit étinceler leurs yeux.  Les canons et les voitures semblent glisser sur l'arrière-plan estompé du paysage lunaire; les cavaliers, avec leurs casques d'acier, ont l'air de chevaliers du temps passé; c'est, d'une certaine manière, beau et émouvant.»

Mais ces moments de grâce sont de plus en plus rares, et la seule chose qui lui permet de garder une certaine sanité est l'amitié et la complicité des autres soldats.  Même les permissions, où il peut retrouver sa famille, ne lui sont d'aucun réconfort puisque rien n'est plus comme avant; il se sent comme un étranger dans sa propre chambre et est complètement déphasé par rapport aux civils. Il s'interroge également sur ce qui l'attend après la démobilisation, puisqu'il a quitté l'école pour s'engager et ne sait faire rien d'autre que de tuer pour survivre. Fait à remarquer, il ne montre que très peu de haine envers l'ennemi, qui est à peine mentionné, réservant toute sa grogne pour les dirigeants qui ont déclaré cette guerre et pour les officers aux ordres insensés.

Vous le savez, je ne suis pas fan de l'utilisation du présent dans les romans; toutefois ici il est très approprié et extrêmement efficace puisqu'il nous plonge directement dans l'enfer des tranchées.

Un livre qui n'a pas pris une ride, sauf pour un paragraphe sur les «nègres de la brousse», qu'il faut bien sûr replacer dans son contexte.  Un grand roman pacifiste qui fut brûlé par les nazis et valut à son auteur de se voir retirer sa citoyenneté allemande.  Le titre prend tout son sens au dernier paragraphe et c'est une vraie claque...


À l'ouest  rien de nouveau de Erich Maria Remarque, traduit de l'allemand, 1929, 282 p.  Titre original: Im Westen nichts Neues.

15 janvier 2015

La Marche en forêt

Un peu en panne d'inspiration bloguesque ces jours-ci (heureusement pas en panne de lecture, ce qui serait bien plus grave, hein?), je ferai donc un billet plutôt court sur ce livre qui mériterait mieux et qui de plus constitue ma première participation au défi Québec-o-trésors!

L'objet lui-même est magnifique, comme presque toujours chez Alto.  Le plaisir continue à l'intérieur avec beaucoup de petits détails accrocheurs (la joie d'une bonne cachette dans la maison des grands-parents!) et une construction intelligente, qui demande un certain effort car on fait des allers-retours entre différentes époques et différents personnages, nombreux (vive l'arbre généalogique!) et pour la plupart attachants.  Par exemple, le personnage du violeur est bien sûr repoussant, mais on éprouve une grande compassion pour sa mère et sa soeur.  Une belle saga familiale qui m'a rappelé La Patience des fantômes de Rachel Leclerc, mais avec une écriture plus émotive, si je puis dire.

Une belle découverte, une écrivaine que je relirai certainement!


La Marche en forêt de Catherine Leroux, 2011, 299 p.



http://jai-lu.blogspot.ca/2014/11/quebec-o-tresors-le-billet-recapitulatif.html

06 janvier 2015

Révolutions

Idée ultra-originale:   un échange de courriels quotidien entre deux écrivains québécois, Dominique Fortier et Nicolas Dickner, inspirés des mots qui ornaient chaque jour le calendrier républicain, mots reliés, donc, à l'agriculture, à la faune et à la flore.  Je sais, ça a l'air bizarre dit comme ça, mais je vous jure, c'est tout sauf plate!  Cela donne lieu à des souvenirs d'enfance ou de voyages, des réflexions sur la vie quotidienne, des jeux de mots, des pannes d'inspiration tournées à la blague comme dans l'extrait  ci-dessous:

« Alors ? »
De temps en temps, le matin, il accepte de m’aider.
« Ajonc.
— A-quoi ?
— Ajonc, comme un jonc, avec un a devant.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Je ne sais pas.
— Mmm.
— …
— Il me semble qu’il y a un proverbe d’un Japonais… Un truc zen…
— Oui ?
— Oui, sur le fait qu’il ne se casse jamais… Attends voir…
— Le roseau plie mais ne rompt pas ?
— Oui.
— Jean de la Fontaine ?
— C’est ça.»

Décidément je me découvre de plus en plus de points communs avec Dominique Fortier. Par exemple, je crois moi aussi que les amateurs de dictionnaires se divisent en deux clans, les Larousse et les Robert (dans ma famille on est nettement Robert), et j'ai redécouvert récemment le gruau à l'ancienne qu'on fait mijoter lentement sur le feu, qui n'a rien à voir avec la bouillie pour les chats qui se prépare en quelques secondes au four à micro-ondes (pssst Dominique, essaye de le faire cuire dans un mélange de lait et d'eau, c'est encore plus délicieux!). Je crois que nous avons été soeurs dans une vie antérieure. Quant à Nicolas Dickner, j'ai vraiment apprécié son petit côté geek, à la limite du pédant parfois et pourtant toujours sympathique!

Un livre qu'on ne lit pas d'une traite mais qu'on déguste quelques pages à la fois (c'est pourquoi j'en suis au quatrième emprunt successif à la bibliothèque numérique!).  On pourrait même faire l'expérience de suivre les jours du calendrier, chaque jour son mot, un peu comme un calendrier de l'Avent qui durerait toute l'année!


Révolutions de Dominique Fortier et Nicolas Dickner, 2014, 405 p. en version numérique.

31 décembre 2014

Byebye 2014!

Voici mon traditionnel bilan annuel!  Légère diminution en terme de quantité cette année...

  1. L'Enchanteur de Barjavel
  2. The Sound and the Fury de William Faulkner
  3. La Liste de mes envies de Grégoire Delacourt
  4. The Call of the Wild and other stories de Jack London
  5. La Jeunesse mélancolique et très désabusée d'Adolf Hitler de Michel Folco
  6. Bridge of Sighs de Richard Russo
  7. Quand souffle le vent du nord de Daniel Glattauer  
  8. Still Life de Louise Penny
  9. Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepulveda
  10. The Waste Lands (The Dark Tower, tome 3) de Stephen King
  11. Un Dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche
  12. L'Odeur du café de Dany Laferrière
  13. La Théorie des nuages de Stéphane Audeguy
  14. Bouquiner d'Annie François
  15. Behind the Scenes at the Museum de Kate Atkinson     
  16. The Colour of Magic de Terry Pratchett
  17. Malavita de Tonino Benacquista
  18. Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants de Mathias Enard
  19. Le Roi transparent de Rosa Montero
  20. Maison de poupée d'Henrik Ibsen
  21. Travels with a Donkey in the Cévennes de Robert Louis Stevenson
  22. Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke
  23. Les Larmes de saint Laurent de Dominique Fortier
  24. Le Syndrome de la vis de Marie-Renée Lavoie 
  25. C'est le coeur qui meurt en dernier de Robert Lalonde
  26. La Grande Mêlée de Michel Tremblay
  27. Chat sauvage de Jacques Poulin
  28. Stardust de Neil Gaiman
  29. L'Encyclopédie du petit cercle de Nicolas Dickner
  30. A Moveable Feast d'Ernest Hemingway
  31. Le Chinois de Henning Mankell
  32. Miss Peregrine's Home for Peculiar Children de Ransom Riggs
  33. Regain de Jean Giono
  34. Slaughterhouse Five de Kurt Vonnegut
  35. La Promesse de l'aube de Romain Gary 
  36. The Goldfinch de Donna Tartt
  37. Révolutions de Nicolas Dickner et Dominique Fortier (billet à venir)
Prix coup de coeur 2014:
 Comme d'habitude, je fais l'effort de ne choisir que trois coups de coeur, question de vraiment sélectionner les plus marquants, ce qui est parfois déchirant!
Prix Citron 2014:
The Sound and the Fury de William Faulkner.  Je sais que c'est un classique important de la littérature américaine, mais la lecture ne devrait jamais être une corvée. Je plains les pauvres étudiants américains qui se le tapent en lecture obligatoire!

Prix Éclat de rire:
The Colour of Magic de Terry Pratchett.  Du bonbon, et la suite est déjà dans ma PAL!

Surprise de l'année:
Le Syndrome de la vis de Marie-Renée Lavoie.  Je ne m'attendais pas à me découvrir autant d'atomes crochus avec cette écrivaine!

Quelques statistiques:
Sur la liseuse: 9
En VO anglo: 14
Traduits d'autres langues que l'anglais: 5 (1 de l'allemand, 1 du suédois, 2 de l'espagnol, 1 du norvégien)
Littérature québécoise: 10
Abandons: 0!

Fait marquant de l'année:
Bloguement parlant,  le fait marquant de l'année a été pour moi le retour à l'organisation d'un défi de lecture, à l'instigation de la charmante Karine qui a eu l'idée de ressusciter le défi Blog-o-trésors en lui donnant une couleur toute québécoise.  Québec-o-trésors a donc vu le jour, et nous avons été enchantées de la participation enthousiaste de nombreux blogueurs et non-blogueurs. Je profite de l'occasion pour rappeler aux intéressés qu'il est toujours possible de s'inscrire, puisque le défi se déroule jusqu'en septembre 2015 (toutes les info se trouvent dans la colonne de droite, sous le logo). 

Résolutions 2015
 En 2014, mes résolutions étaient de continuer les séries déjà commencées et de perdre moins de temps sur l'ordinateur pour pouvoir lire plus... Hem!  C'est moyennement réussi!  J'ai lu trois livres de moins que l'an passé, et je n'ai continué que deux séries (La Diaspora des Desrosiers de Tremblay et Dark Tower de King), tout en en commençant une nouvelle (Discworld de Pratchett).  Devant ce résultat mitigé je pense qu'il est plus raisonnable de ne pas prendre de résolutions pour l'année qui débute... On verra!

Ah et puis non, en voici une, de résolution: cette année, j'entame À la recherche du temps perdu!

À tous une année formidable remplie de lectures passionnantes!

30 décembre 2014

The Goldfinch (Le Chardonneret)

Après avoir adoré The Secret History (Le Maître des illusions), j'avais de grandes attentes face au plus récent roman de Donna Tartt. Surtout que les lecteurs du club de l'émission Bazzo.tv n'avaient pas tari d'éloges!  Peut-être de trop grandes attentes...

Le début est vraiment fantastique...  Ayant survécu à un attentat à la bombe au Musée des Beaux-Arts de New-York, un adolescent en ressort traumatisé, orphelin et avec dans son sac à dos un tableau d'un maître flamand, Le Chardonneret de Fabritius. Ne sachant comment rendre l'oeuvre sans s'attirer des ennuis, et parce qu'elle lui parle, lui sert en quelque sorte de bouée de sauvetage, il la gardera cachée plusieurs années.  

Le dernier tiers du roman est également passionnant, plein de revirements de situation rocambolesques, et se termine par de belles réflexions sur l'art et la vie.

L'ennui, c'est entre les deux. Et j'attire votre attention sur le mot ennui.  Car oui, je me suis ennuyée, au point que je me forçais parfois à lire, craignant de ne pas avoir terminé avant la date limite du prêt numérique!  Il faut dire que j'ai peu de tolérance et de compassion pour les personnages d'alcooliques et de drogués, c'est là mon moindre défaut, et le milieu du roman m'a fait l'effet d'une longue brosse* de 500 pages.

Sans avoir détesté, c'est donc une déception.  


*Pour mes lecteurs européens, une brosse = une cuite!


The Goldfinch de Donna Tartt, 2013, 719 p. en version numérique.  Titre de la traduction française: Le Chardonneret.

01 décembre 2014

La Promesse de l'aube

 Ne vous fiez pas à cette page couverture un peu moche, ce livre est magnifique!

 Ce titre se trouvait depuis des lustres dans ma LAL, mais c'est le Blogoclub (dont le thème ce trimestre était l'amour maternel) qui m'a donné le petit coup de pied au derrière nécessaire pour que je me décide finalement à l'emprunter à la bibliothèque.  Merci merci merci Blogoclub!  Quelle belle lecture!

Romain Gary nous y raconte son enfance en Pologne,  son adolescence en France, puis son séjour dans l'armée durant la Deuxième Guerre mondiale.  Mais c'est avant tout un livre sur sa mère, sur l'amour complètement irrationnel qu'elle lui portait, amour qu'il chercha ensuite toute sa vie sans le retrouver.

Cela se lit comme un roman, tout en étant rempli de réflexions sur la guerre, la mort, l'amour.  C'est fin, c'est très drôle, intelligent, poignant, émouvant...

Je n'aime pas tout de Romain Gary (Lady L, je pense à toi...), mais celui-là je le recommande très chaudement!




La Promesse de l'aube de Romain Gary, 1960, 391 p.