01 septembre 2007

Luz ou le temps sauvage


Lecture du 1er septembre de notre Club
de lecture des blogueuses.


Luz ou le temps sauvage, d'Elsa Osorio, traduit de l'espagnol (Argentine), publié aux éditions Métailié en 2000. 354 p. La version originale, A veinte anos, Luz, date de 1998.


Le seul petit reproche que je peux faire à ce livre, c'est d'être resté un peu flou sur le contexte historique, qui joue pourtant un rôle de premier plan dans l'intrigue. Avant de commencer ce roman, tout ce que je connaissais de l'histoire récente de l'Argentine, c'est la chanson Don't Cry for Me, Argentina, chantée par Madonna et tirée de la comédie musicale Evita...

J'ai dû faire quelques recherches pour apprendre que les événements décrits ici se passent durant la période qu'on a appelée la «Guerre sale», soit la dictature militaire qui a suivi la mort du président Juan Peron, de 1976 à 1983. De nombreux militants (entre 10 000 et 30 000), ou ceux qu'on soupçonnait de l'être, ont été systématiquement enlevés, torturés et leur trace n'a jamais été retrouvée. Leurs jeunes enfants, souvent nés en captivités, leur étaient enlevés et étaient adoptés clandestinement par des militaires ou des amis du pouvoir. C'est l'histoire d'une de ces enfants, et sa quête pour retrouver ses origines, que raconte ce livre.

Cela aurait pu être une lecture insupportable. J'ai eu de la misère à passer au travers des scènes où il est question de torture, même si heureusement elles ne sont pas trop détaillées. Les histoires qui se passent durant des périodes noires de l'humanité, comme pendant la Deuxième Guerre mondiale, par exemple, provoquent toujours en moi un questionnement; comment savoir de quel bord j'aurais été? Bon, je n'aurais pas été une tortionnaire, mais est-ce que j'aurais été de ceux qui se battent, au péril de leur vie et de celle de leur famille, ou plutôt de ceux qui préfèrent ne rien voir? Acculée au pied du mur, puis-je être sûre que je n'aurais pas collaboré avec le pouvoir pour sauver ma famille de la prison, ou pire?

Heureusement, il n'y a pas que du noir dans ce livre. Au contraire, il est rempli d'amour. Ainsi, le père «adoptif» de Luz aime tellement sa petite fille qu'on ne peut lui en vouloir de ne pas s'être posé plus de question sur les origines de celle-ci. La relation difficile de Luz avec sa «mère» est aussi très bien développée. Le personnage de Miriam est mon préféré, cette ancienne prostituée, d'abord collaboratrice par ignorance, à qui la rencontre de Liliana, la vraie mère de Luz, va ouvrir les yeux.

Un autre aspect intéressant, c'est que l'on passe constamment d'un narrateur à l'autre, et du présent au passé. On reconstruit donc les événements peu à peu, selon ces différents points de vue. Toutefois, cela demande une certaine concentration lors de la lecture; j'ai dû à quelques reprises relire un passage pour comprendre où on en était.


Pour les billets des autres membres du club de lecture, consultez le blog de Sylire!

31 août 2007

Prochaine lecture du Club des blogueuses


C'est maintenant officiel: on connaît le titre du livre que nous lirons d'ici au 1er novembre pour notre club de lecture. Il s'agit de Compartiment pour dames (Ladies Coupé) d'Anita Nair, une auteure indienne dont je n'avais jamais entendu parler! Excitant! Je vais essayer d'obtenir la version originale anglaise à la bibliothèque.

27 août 2007

Le Cahier noir


Le Cahier noir de Michel Tremblay, publié chez Leméac/Actes Sud en 2003. 258 p.

Je m'apprête peut-être à commettre un sacrilège, mais je dois l'avouer. Je n'ai pas été emballée par ce roman de notre grand écrivain national. Voilà, c'est dit.

J'ai bien apprécié la première partie: le personnage central est sympathique (c'est une jeune fille de vingt ans au physique... particulier, affligée d'une famille qui ne lui rend pas la vie facile), on s'y attache et on s'y identifie, et bien sûr c'est le monde fascinant du Plateau Mont-Royal et de la Main dans les années soixante, décrit par Michel Tremblay avec sa verve habituelle. Mais par la suite, l'intrigue tombe à plat.

Il est vrai qu'à peine sorti de l'adolescence, tout nous semble plus dramatique; on comprend donc que ce qui arrive à l'héroïne lui semble énorme, mais cela ne veut pas dire que nous lecteurs avons envie d'en entendre parler pendant 250 pages... Je me suis donc surprise à soupirer d'impatience plusieurs fois.

La conclusion est intéressante, mais pas assez pour racheter ce livre à mes yeux. Dommage, je crois que je ne lirai pas le reste de la trilogie, Le Cahier rouge et Le Cahier bleu, à moins que quelqu'un me convainque qu'ils en valent vraiment la peine!


Prochaine lecture: Harry Potter and the Deathly Hallows!!! Hourra!!! Aussi n'oubliez pas que c'est le premier septembre que seront publiées les critiques de notre Club de lecture des blogueuses, et que nous connaîtrons le livre choisi pour la période suivante!

23 août 2007

Quel livre êtes-vous?

Quel livre correspond le mieux à votre personnalité? J'ai pris ce petit quiz rigolo chez Chimère:






You're Adventures of Huckleberry Finn!

by Mark Twain

With an affinity for floating down the river, you see things in black
and white. The world is strange and new to you and the more you learn about it, the less
it makes sense. You probably speak with an accent and others have a hard time
understanding you and an even harder time taking you seriously. Nevertheless, your
adventurous spirit is admirable. You really like straw hats.



Take the Book Quiz.

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Ça colle plus ou moins bien; si je ne vois pas du tout le monde en noir et blanc et n'ai pas d'accent, il est vrai que j'adore me laisser flotter en portant un chapeau de paille... Maintenant il faut sans doute que je lise Huckleberry Finn, afin de mieux me connaître!

Edit: Pour Anjelica et mes autres lecteurs unilingues, une traduction approximative:

Avec une tendance à vous laisser flotter le long de la rivière [NdT: c'est vrai, au propre comme au figuré], vous voyez le monde en noir et blanc [NdT: Pas du tout, j'aime mieux les nuances]. Le monde est étrange et nouveau pour vous et plus vous en apprenez sur lui, moins cela a de sens [vrai]. Vous parlez probablement avec un accent [pas que je sache] et les autres ont de la peine à vous comprendre [très probable], et encore plus à vous prendre au sérieux [sûr et certain]. Néanmoins, votre esprit d'aventure est admirable [Hmmm non]. Vous aimez beaucoup les chapeaux de paille [je les adore mais n'en porte jamais...].

Une Enfance africaine


Une Enfance africaine de Stefanie Zweig, traduit de l'allemand, publié aux Éditions du Rocher en 2002. La version originale date de 1995.


Il s'agit nous dit-on d'un «roman autobiographique». J'en conclus donc que la plupart des événements sont réellement arrivés à l'auteure lorsqu'elle était enfant, mais comme le récit est raconté de différents points de vue (non seulement celui de la petite fille, mais aussi de son père, de sa mère et même de leurs serviteurs africains), elle ne pouvait pas appeler cela une autobiographie.

C'est l'histoire, donc, d'une famille juive qui quitte l'Allemagne nazie quelques années avant la Deuxième Guerre mondiale pour aller se réfugier au Kénya, alors une colonie britannique. Le déchirement de l'exil, les difficultés d'adaptation à un environnement complètement différent, le choc des cultures, l'angoisse et la culpabilité face aux proches qu'on a laissés derrière, l'antisémitisme hypocrite des anglais et des autres immigrés, les difficultés de communication entre les parents et l'enfant qui en vient peu à peu à oublier sa langue maternelle, sont certains des thèmes bien développés dans ce roman, entre autres.

Un détail qui m'a frappée: comme la famille est sans le sous, le père accepte comme premier emploi une place de manager dans une ferme éloignée appartenant à un Anglais (ce qui faisait semble-t-il partie d'une stratégie concertée des Britanniques pour disperser les immigrants, en particulier les Juifs, et ainsi empêcher leur ghettoïsation dans les villes); au début il n'est pas payé, seulement nourri-logé avec sa femme et sa fille, mais on leur fournit tout de même des serviteurs noirs pour cuisiner, faire le ménage et les commissions! Et cela semble naturel à tout le monde! Autres temps, autres moeurs...

Je ne peux pas dire que le style d'écriture m'a emballée, et il y a bien quelques longueurs, mais juste pour l'histoire, ce livre vaut vraiment la peine d'être lu. Il faut dire que j'adore les romans qui se passent en Afrique, c'est vraiment le dépaysement total, une autre planète! Bon, comme j'essaie de trouver les titres de ceux que j'ai lus, ma mémoire me fait défaut; vous en avez à me suggérer?

Je vais sûrement éventuellement lire les autres romans autobiographiques de Mme Zweig: Une Jeunesse allemande, Filles de l'Afrique et Le Bonheur est ailleurs.


Prochaine lecture: Le Cahier noir de Michel Tremblay.

17 août 2007

Mes amis mes amours


Mes amis mes amours, de Marc Lévy, publié en 2006 chez Robert Laffont. 417 p.

Bon, ce livre ne m'a pas tenue occupée aussi longtemps que je croyais (je suis toujours dans l'attente quasi-insoutenable de mettre la main sur le dernier Harry Potter, qu'un ami doit me prêter...); il s'agit encore d'une de ces fausses briques à caractères énormes et larges marges. Je pensais m'y plonger pour une semaine, je l'ai lu en deux jours!

Dans l'ensemble j'ai assez aimé, mais sans être aussi emballée que j'aurais pensé, vu la renommée de l'auteur. Il est vrai qu'on m'a prévenue que ce n'était pas son meilleur (j'avais choisi celui-là tout à fait par hasard, parce qu'il était disponible à la bibliothèque municipale); je ferai donc sûrement un autre essai éventuellement -- j'attends vos suggestions, lequel est votre préféré?

La lecture est agréable, les personnages attachants, le thèmes des amitiés masculines est intéressant et pas si souvent traité en littérature, il me semble. L'opposition entre les caractères des deux amis, l'un altruiste, l'autre égoïste, est bien développée. Il y a quelques trouvailles assez amusantes (le saumon cuit à la vapeur dans le lave-vaisselle!) mais l'intrigue est extrêmement prévisible. On dirait qu'il manque un petit quelque chose pour vraiment nous happer.

14 août 2007

Labyrinth (suite)

Ci-contre, le sceau des Trencavel -- le vicomte Raymond-Roger Trencavel est un des personnages historiques décrits dans ce roman.


Finalement, malgré ses défauts, j'ai beaucoup aimé ce roman. Comme je le disais dans mon message précédent, tous les éléments sont réunis pour me plaire. J'adore ce mélange de roman historique et de thriller contemporain, avec une touche fantastique. De plus, j'avais déjà lu d'autres romans sur la période de la croisade contre les Cathares et j'ai toujours gardé une fascination pour ce thème, comme j'en ai une de même pour tout ce qui concerne le Moyen-Âge depuis qu'adolescente j'ai dévoré les livres de Jeanne Bourin!

Pour ceux qui ne connaissent pas cette période, disons que les Cathares sont les membres d'une secte pacifique chrétienne qui eut un certain succès au Moyen-Âge dans le Sud de la France. Le Pape annonça une croisade contre cette secte de plus en plus populaire et contre les nobles qui laissaient les «Parfaits» ou «Bons Hommes» prêcher sur leurs terres, et qui par ailleurs vivaient également en harmonie avec les Juifs et autres Sarrasins; les nobles du Nord répondirent à l'appel, plus pour avoir l'occasion de s'emparer des riches terres du Pays d'Oc que par piété, dans la majorité des cas. Cette guerre civile donna lieu à des tueries épouvantables, et l'on y entendit une des phrases les plus cyniques de l'histoire, devenue une citation célèbre. Lors de la chute de la ville fortifiée de Béziers, les croisés demandèrent comment on allait différencier les catholiques des hérétiques parmi les citoyens de la ville. L'abbé de Cîteaux répondit: «Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens.» Les soldats obéirent... C'est aussi là que l'Inquisition fut fondée, et non en Espagne comme on le croit généralement.

Le début du roman est un peu lent, on sent un peu trop la mécanique «mise en place des personnages»! Et comme je le disais précédemment, il y a quelques erreurs d'édition, voire même quelques fautes factuelles: ainsi, on peut lire que pour aller de Béziers vers Carcassonne, l'armée se met en marche vers l'Est, alors que d'après la carte fournie, c'est plutôt vers l'Ouest qu'il faudrait se diriger! On note aussi quelques détails invraisemblables, et on a parfois envie de secouer Alice, l'héroïne de la partie contemporaine (partie qui est à mon avis légèrement plus faible que la partie médiévale) en lui criant «Va pas là!!! Fais pas ça!!! Réveille!!!»


Mais l'intrigue est assez prenante pour qu'on passe par-dessus ces quelques défauts et qu'on prenne beaucoup de plaisir à cette lecture. J'ai beaucoup apprécié aussi les descriptions du mode de vie médiéval, j'ai toujours pensé que j'aurais bien aimé vivre dans ce temps (oui, oui, je sais, il y avait les famines, la peste, etc, mais on peut bien rêver!)


Mon premier message sur ce livre. Et aussi les avis favorables d'Elfique et de Coversgirl (en anglais).



Prochaine lecture: Zut, mon copain m'a fait défaut et a oublié de m'amener le dernier Harry Potter quand on s'est vu dimanche... Je le revois dans deux semaines, cette fois je vais m'arranger pour qu'il ne l'oublie pas (en l'inondant de courriels durant les jours précédents). En attendant, Marc Lévy (que je ne connais pas encore, hé non!) me fera patienter avec Mes amis, mes amours.