30 janvier 2013

Une Maison dans les nuages

Dans ce livre magnifique, Margaret Laurence nous emmène beaucoup plus loin qu'un simple récit de voyage le ferait. Ayant passé deux ans en Somalie avec son mari ingénieur dans les années 50, elle a eu non seulement l'occasion de visiter différentes régions, d'observer les paysages, l'architecture,  la faune, la flore, de côtoyer les habitants, mais cela lui a permis de réfléchir (et de nous faire réfléchir) sur la condition humaine, la religion, l'écriture et surtout sur l'incompréhension entre les peuples. Canadienne-anglaise, elle ne trouve pas sa place auprès des Anglais installés dans le pays, qu'elle trouve racistes et colonialistes pour la plupart. Elle tente plutôt de se rapprocher des Somaliens, en particuliers des ouvriers de son mari, mais découvre bientôt que cela est plus difficile qu'elle pensait. Au-delà de la barrière linguistique, c'est l'absence de références communes qui est le principal obstacle. Cela donne lieu à des épisodes parfois comiques, parfois émouvants, voire déchirants; je suis encore toute remuée par l'histoire de la petite prostituée de huit ans, dont le nom en Somali signifie «petit trou»...  Qu'aurais-je fait à la place de Mme Laurence? Je n'en ai aucune idée.

Merci à Jules de m'avoir fait découvrir ce récit enrichissant, admirablement traduit par Dominique Fortier.


Une Maison dans les nuages de Margaret Laurence, traduit de l'anglais en 2012, éd. originale 1963, 374 p. Titre original: The Prophet's Camel Bell.

19 janvier 2013

Bilbo le Hobbit

Il y a quelques mois, comme j'avais exprimé le désir de relire pour une énième fois ce classique en prévision de la sortie du film The Hobbit de Peter Jackson, Gropitou en a acheté la nouvelle édition en remplacement de mon vieil exemplaire de la Bibliothèque verte qui tombe littéralement en morceau.  Depuis, je le lisais nonchalamment, une page par-ci, une page par-là, de façon un peu décousue, sans en faire ma lecture principale (je lis rarement deux romans à la fois). Bon, ok, j'avoue tout, c'était ma lecture de cabinet -- pardon M. Tolkien!

Mais après un récit un peu pénible, à l'atmosphère sordide, j'avais envie de quelque chose de léger, d'innocent, voire d'enfantin, et rien dans ma PAL ne faisait l'affaire. J'ai donc décidé de plonger dans Bilbo le Hobbit, et quel bon choix ce fut! Un véritable vent de fraîcheur!  Et aussi une véritable remontée dans le temps, puisque j'avais douze ans la première fois que je l'ai lu.  Je vous ai déjà raconté ma découverte de ce roman et de ce genre littéraire en sixième année (ici et ), alors je ne radoterai pas cette histoire de nouveau. 

Je me demandais si j'allais pouvoir retrouver le même émerveillement, et la réponse est oui!  En même temps, avec mes yeux d'adulte, j'ai pu comprendre pourquoi j'avais tant aimé Bilbo et ce qui en fait un personnage auquel tout enfant peut s'identifier. Peu importe nos habiletés physiques ou mentales, nous avons tous, un jour, été le plus petit, le plus faible d'un groupe. Nous avons donc tous été un jour un petit Hobbit dans un groupe d'aventuriers nains vantards et bruyants. On ne peut donc s'empêcher d'être transporté de joie lorsque ce petit Hobbit devient le sauveur, le cerveau, le meneur de la bande!

Ce qui m'a frappé par contre, ce qui n'était pas comme dans mes souvenirs, c'est à quel point les Nains sont presque antipathiques! Quels pleutres et quels orgueilleux! Heureusement qu'ils ont de temps en temps le geste ou la parole qui rachète tout, sinon on aurait pu en venir à les détester! Tolkien a vraiment marché sur une corde raide.

Je ne me souvenais pas non plus de cette fin mi-douce mi amère. Oui, j'ai eu la larme à l'oeil!

Quant à mon vieil exemplaire de la Bibliothèque verte, demandez-vous, a-t-il pris le chemin du bac de recyclage? Jamais! D'abord, j'adore revoir les illustrations, qui sont très amusantes, et puis j'ai remarqué hier que quelqu'un avait écrit sur la dernière page, d'une écriture enfantine (pas la mienne, j'avais acheté ce livre au bazar de l'école), «Charles est le chou de Lisa». Un tel témoignage ne doit pas être détruit mais conservé pour la postérité!



Bilbo le Hobbit de J.R.R. Tolkien, traduit de l'anglais, 1937 (pour la VO), 443 p. Titre original: The Hobbit.

08 janvier 2013

Running with Scissors (Courir avec des ciseaux)

«Des mémoires à la fois horrifiants et d'un humour mordant» dit le San Francisco Chronicle. Tous les autres critiques cités en quatrième de couverture mettent aussi l'emphase sur le côté drôle de ce récit autobiographique. Oubliez le mot drôle, retenez seulement horrifiant!  À moins que vous ne soyez du genre à pouvoir trouver hilarante l'histoire d'un jeune garçon que sa mère bipolaire confie à son psychiatre encore plus fou qu'elle, qui trouve normal qu'un adolescent ait des relations sexuelles avec un homme de deux fois son âge. Relations sexuelles d'ailleurs décrites de façon assez détaillée et sordide. Sordide et glauque, oui, voilà les qualificatifs qui conviendraient mieux à ce bouquin. Car lorsqu'on sait qu'il s'agit d'une histoire vraie, même les passages plus légers nous semblent pénibles puisqu'ils apparaissent comme les symptômes de problèmes graves. J'ai bien failli abandonner à plusieurs reprises, mais je m'étais attachée à ce petit Augusten et je voulais savoir comment il allait s'en sortir. Cependant j'aurais préféré carrément ne pas avoir entamé ce livre.


Il faut une première à tout, Raych n'est pas du tout du même avis que moi.  Chimère se range de son côté,  Jules et Laurence du mien.  Des opinions très contrastées!


Running with Scissors d'Augusten Burroughs, 2002, 331 p.  Titre de la traduction française: Courir avec des ciseaux.

05 janvier 2013

Bye-Bye 2012!

Bilan livresque de l'année (une petite semaine en retard):
(Pour les liens, je vous invite à consulter l'index, en colonne de droite...)
  1. Possession de A.S. Byatt (abandon)
  2. Julie & Julia de Julie Powell
  3. La Forêt ivre de Gerald Durrell
  4. The Guernsey Literary and Potatoe Peel Pie Society de Mary Ann Shaffer & Annie Barrows
  5. Le Maître de Garamond d'Anne Cunéo
  6. The Road de Cormac McCarthy
  7. N'espérez pas vous débarrasser des livres de Jean-Claude Carrière et Umberto Eco
  8. Lady Susan de Jane Austen
  9. Dewey's Nine Lives de Vicky Myron
  10. Le Renard bleu d'Yves Beauchemin
  11. L'Âme du minotaure Dominike Audet
  12. On veut votre bien et on l'aura (La dangereuse efficacité du marketing) de Jacques Nantel avec Ariane Krol
  13. Six Suspects de Vikas Swarup
  14. Les Braises de Sandor Marai
  15. The Gunslinger (The Dark Tower, tome 1) de Stephen King
  16. La Fille du tanneur d'Hélène Buteau
  17. La Traversée du continent de Michel Tremblay
  18. Le Bouchon de cristal de Maurice Leblanc
  19. The New York Trilogy de Paul Auster
  20. Naked Heat de Richard Castle
  21. The Help de Kathryn Stockett
  22. La Porte du ciel de Dominique Fortier
  23. Anansi Boys de Neil Gaiman
  24. Les Champs d'honneur de Jean Rouaud
  25. La Chambre de Françoise Chandernagor
  26. Le Goût des pépins de pomme de Katharina Hagena
  27. Les Bûchers de Bocanegra d'Arturo Pérez-Reverte
  28. C'était au temps des mammouths laineux de Serge Bouchard
  29. The Plague of Doves de Louise Erdrich
  30. Seul dans Berlin de Hans Fallada
  31. Il pleuvait des oiseaux de Jocelyne Saucier
  32. Adieu, Betty Crocker de François Gravel
  33. Le Cri des oiseaux fous de Dany Laferrière
  34. Griffintown de Marie-Hélène Poitras
  35. La Traversée de la ville de Michel Tremblay
  36. Affinity de Sarah Waters
  37. La Librairie des ombres de Mikkel Birkegaard
  38. Mr Peanut d'Adam Ross
  39. My Brilliant Career de Miles Franklin
  40. La Fiancée américaine d'Éric Dupont

Coups de coeur:
The Road de Cormac McCarthy
Seul dans Berlin de Hans Fallada
Les Braises de Sandor Marai

Une sélection bien internationale, cette année, dites donc!

Prix Éclat de rire:  
Anansi Boys de Neil Gaiman. Désopilant!

Dans la catégorie Livre surestimé de l'année, le gagnant est:  
Le Goût des pépins de pommes de Katharina Hagena.  Tout ce houpla pour ça?

Prix Citron:  
Dewey's Nine Lives de Vicky Myron (ou comment profiter sans vergogne et sans trop se forcer du succès d'un premier livre...)

Quelques statistiques:
Lus en VO anglaise: 16
Traduit de l'espagnol: 1
Traduits de l'allemand: 2
Traduit du hongrois: 1
Traduit du danois: 1
Littérature québécoise:13
Essais: 3 seulement.   Une baisse due plus au hasard qu'à un manque d'intérêt...

Découverte de l'année
Non pas un titre ou un auteur, mais plutôt un support! Ce fut pour moi comme pour bien d'autres lecteurs l'année d'apprentissage de la liseuse électronique! Combien de livres lus? Euh... j'ai pas compté, et dans bien des cas je n'arrive plus à me souvenir du mode de lecture.  On va dire une quinzaine, voilà.  Mes impressions: très positives dans l'ensemble. J'adore la sensation de pouvoir obtenir en quelques clics le bouquin convoité, sans même sortir de la maison. J'ai seulement hâte que l'offre s'améliore en prêt numérique dans nos bibliothèques.

Résolution pour 2013:
Continuer quelques séries déjà entamées: La Tour sombre de King, Le Capitaine Alatriste d'APR et la Diaspora des Desrosiers de Tremblay. Oui, point de vue résolution j'ai décidé d'y aller mollo cette année. Notez que j'ai bien dit «continuer» et non pas «terminer», hein?


Et vous? des coups de coeur, des déceptions, des résolutions? 

28 décembre 2012

La Fiancée américaine

Dès les premières pages de cette brique (557 p., mais avec une police de taille normale, on aurait facilement atteint les 800!), j'ai été happée par cette saga familiale des plus originales, voire déjantées, une saga familiale pour ceux qui détestent les sagas familiale!  J'avais l'impression de lire un John Irving qui aurait grandi dans le bas du fleuve.  Le personnage de Louis «Cheval» Lamontagne, cet homme fort qui se produit dans les foires en Nouvelle-Angleterre, est particulièrement irvingesque. Quant au personnage de la grand-mère, dont le fantôme habite chez son petit-fils entrepreneur de pompes funèbres en attendant sa deuxième mort, il m'a fait penser à Gabriel Garcia Marquez. D'ailleurs, Cent Ans de solitude n'est-il pas aussi une saga familiale pour ceux qui détestent les sagas familiales?

En deuxième moitié, j'ai été un peu déstabilisée par un changement de cap un peu brusque. Sous forme épistolaire, les deux jumeaux de la quatrième génération des Lamontagne, l'un à Berlin-Est, l'autre à Rome, échangent leurs souvenirs d'enfance. On abandonne le côté un peu fantaisiste de la première partie, qui ressemblait presque à un conte de Fred Pellerin, pour un ton plus cynique, moins bon enfant.  J'ai tout de même trouvé intéressant de comparer le point de vue de chacun des jumeaux sur leur famille et sur divers événements de leur enfance.

C'est le personnage de la vieille Allemande qui raconte à un des jumeaux ses souvenirs de la Deuxième Guerre mondiale qui m'a de nouveau passionnée, et à partir de là j'ai été accrochée jusqu'à la fin.  J'ai particulièrement apprécié les éléments qui reviennent tout au long du récit: La Tosca de Puccini, la scène de la mise au tombeau de la Vierge, les amoureux qui se rencontrent à des cours de chants, les petites croix en or, etc.  Bien sûr, il y a énormément de coïncidences dans l'intrigue, mais sont-ce des coïncidences ou le jeu du Destin?

Fait amusant, je pense avoir relevé un petit anachronisme: selon moi, la station de métro Outremont n'était pas construite en 1980. Bien sûr, il n'y a que moi pour remarquer ce genre de détails insignifiants, qui ne gâchent en rien le plaisir de la lecture!

Je ne connaissais pas Éric Dupont, mais ce roman fait de lui un écrivain à suivre désormais!

(Merci aux éditions Marchand de feuilles pour l'envoi.)

La Fiancée américaine d'Éric Dupont, 2012, 557 p.

06 décembre 2012

My Brilliant Career (Ma Brillante Carrière)

Houlala, je suis vraiment très en retard pour le Blogoclub!  Il ne faudrait pas en conclure que la sélection de ce trimestre ne m'a pas plu, bien au contraire.  En fait, j'ai bien aimé découvrir cette écrivaine australienne du début du XXe siècle dont je n'avais jamais entendu parler. Ayant appris qu'elle a écrit ce roman largement autobiographique à l'âge de vingt et un ans, je n'en ai que plus d'admiration pour elle!

Je dois dire qu'au début j'ai eu un peu de difficulté à accrocher.  La narratrice, jeune fille d'une famille aisée tombée dans la dèche à cause des mauvais choix et de l'alcoolisme du père, me semblait geignarde. Lorsque dans le deuxième tiers elle va habiter chez sa grand-mère où elle retrouve l'abondance et une vie plus facile, elle devient capricieuse, égocentrique, mais on sent qu'elle a un bon fond et l'on se prend d'affection pour elle. Différents événements la feront évoluer jusqu'à ce qu'elle quitte l'enfance et trouve sa voie, celle d'une femme indépendante qui sait qu'elle peut aspirer à autre chose qu'être une épouse et une mère.

J'ai apprécié la description de la vie quotidienne dans un ranch du bush australien.  Noël en plein été, c'est original!  Le dictionnaire Oxford intégré à ma liseuse a d'ailleurs été des plus utiles, puisqu'il donnait la définition d'expressions typiquement australiennes et de noms de plantes, d'oiseaux, inconnus ici.  Par exemple, to be on the wallaby signifie être en chômage, et des poddies sont des veaux!

 
Pour connaître l'avis des autres membres du Blogoclub, suivez les liens chez nos aimables organisatrices Lisa et Sylire

My Brilliant Career de Miles Franklin, 1901, 260 p.  Titre de la version française: Ma Brillante Carrière.

14 novembre 2012

Bonne nouvelle...

1500 titres québécois offerts en version numérique en Europe.

Voilà qui va réjouir les Européens amateurs de littérature québécoise...  Presque une raison suffisante pour s'acheter une liseuse!