29 septembre 2014

L'Encyclopédie du petit cercle

Quand j'ai vu que Dominique Fortier, une de mes écrivaines chouchous, avait publié un nouveau livre (Révolutions) et qu'il s'agissait d'une correspondance avec Nicolas Dickner, j'ai pensé qu'il fallait que je fasse d'abord connaissance avec ce dernier. Et comme il ne restait que quelques jours pour Québec en septembre, cela me prenait quelque chose de court, et rapidement.  Parmi les titres offerts en numérique par la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, j'ai sélectionné celui-ci, sans remarquer qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles, un genre qui ne m'attire pas, en général.

Heureusement, je ne suis pas convaincue qu'il s'agisse d'authentiques nouvelles puisque plusieurs personnages sont récurrents, quoique un peu différents et à des époques différentes.  Ce principe m'a beaucoup plu, comme celui de commencer chaque nouvelle par un extrait de cette improbable Encyclopédie du petit cercle, dont on ne sait trop si elle a vraiment existé ou si elle est un figment de l'imagination fertile de Dickner. 

J'ai constaté une parenté évidente entre son écriture et celle de Fortier: même mélange de faits scientifiques et de fantaisie, même vocabulaire recherché, même fluidité. Ce qui augure drôlement bien pour leur ouvrage commun, que je m'en vais de ce pas réserver à la bibliothèque!


Je profite de l'occasion pour féliciter les deux organisatrices de Québec en septembre, Karyne et Yueyin pour ce succès retentissant!


L'Encyclopédie du petit cercle de Nicolas Dickner, 2000, 109 p.



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27 septembre 2014

Stardust

J'ai souvent un peu de difficulté avec les livres dont j'ai déjà vu le film qui en est tiré. Dans ce cas-ci, je croyais qu'il s'était écoulé assez de temps entre les deux expériences; je ne me rappelais que de quelques scènes plus marquantes (par exemple Robert De Niro en travesti, passage qui n'apparaît pas dans le livre, d'ailleurs).  Mais dans ce cas-ci et contrairement à son habitude, ma mémoire n'était pas si mauvaise, et j'ai passé le premier tiers du roman à le comparer à mes souvenirs du film, ce qui m'agace toujours au plus haut point.  Heureusement, Neil Gaiman est tellement bon conteur que j'ai finalement à peu près oublié de faire des comparaisons et j'ai pu vraiment apprécier à sa juste valeur l'histoire de ce jeune homme qui pénètre dans un monde féérique pour rapporter à sa bien-aimée une étoile filante, qui s'avère être en fait une jolie jeune fille qui ne se laissera pas emmener sans protester. Licornes, sorcières, méchants princes et bien d'autres créatures peuplent ce conte amusant, frais et romantique.


Stardust de Neil Gaiman, 1999, 238 p.  Titre de la traduction française: Stardust.

26 septembre 2014

Chat sauvage

Avec Poulin, j'ai toujours un peu l'impression de relire le même roman. Et je ne le dis pas d'une façon péjorative, au contraire: c'est comme retrouver un très bon ami un peu pantouflard. Il n'y aura pas beaucoup de surprises, mais Dieu qu'on est bien. 

Le narrateur est ici un écrivain public, mais il pourrait aussi être libraire, bibliothécaire, traducteur... Toujours ce rapport aux mots, à la lecture.  Toujours la ville de Québec magnifiquement décrite, mais aussi la nature (j'aurais aimé que le voyage dans le Maine dure plus qu'un chapitre). Comme souvent, une femme avec laquelle il a une relation d'une grande tendresse.  Aussi une adolescente rebelle, plus ou moins en fugue. Et puis toujours, des chats, ici Petite Mine courtisée par tous les matous du voisinage.

Et comme toujours, il faut tenir pas trop loin un bout de papier où consigner les suggestions de lectures.  John Fante, déjà noté, vient d'être souligné et encerclé sur ma LAL.  La petite différence de ce roman-ci vient des extraits de correspondance amoureuse d'écrivains connus dont le narrateur s'inspire dans son métier.

Et lorsque Poulin rouspète (plus gentiment que je ne l'aurais fait) contre les traducteurs français de romans américains, particulièrement pour les passages où il est question de sport, je jubile! (À ce sujet, lire la série d'articles de Louis Hamelin sur la traduction dans Le Devoir.)


Chat sauvage de Jacques Poulin, 1998, 224 p.

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15 septembre 2014

La Grande Mêlée

Ce joli roman fait le pont entre deux séries de Michel Tremblay, La Diaspora des Desrosiers et Les Chroniques du Plateau Mont-Royal.  Il raconte les préparatifs du mariage de Rhéauna (qui deviendra la fameuse «grosse femme») avec son promis Gabriel, dont on a connu les parents dans les tomes précédents de La Diaspora.  Tremblay a eu la bonne idée de nous faire assister à la lecture de l'invitation aux noces par plusieurs des invités d'un bout à l'autre du Canada ou presque. Ce qui nous permet de retrouver avec grand plaisir certains personnages comme les tantes Bébette et Régina-Coeli et les cousines Ti-Lou et Rose.

Ce dont je me suis aperçue en lisant ce tome, c'est que j'aime vraiment beaucoup plus les passages qui mettent en scène des femmes.  Les hommes de Tremblay me dépriment un peu, ils sont souvent alcooliques ou faibles alors que les femmes, même pleines de défauts, sont plus énergiques, se complaisent moins dans leur malheur.  Il y a bien longtemps que j'ai lu Les Chroniques du Plateau, donc je généralise peut-être un peu trop mais pour La Diaspora j'ai vraiment cette impression.  Par exemple ici, lorqu'on parlait de Josaphat ou de Télesphore, j'avais hâte qu'on revienne à Rhéauna et sa famille.

Détail intéressant, en appendice, une chronologie passe en revue les différents romans, récits et pièces de Tremblay pour les situer dans le temps et dans les familles (du côté de Rhéauna et/ou de Gabriel).



La Grande Mêlée de Michel Tremblay, 2011, 273 p.

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12 septembre 2014

C'est le coeur qui meurt en dernier

Robert Lalonde ne l'a pas eu facile, entre un père abuseur (c'est à peine évoqué ici, peut-être en parle-t-il plus dans une autre oeuvre?) et une mère fantasque, dépressive et étouffant dans ce rôle de ménagère qui, elle en est consciente elle-même, n'était pas fait pour elle.  C'est de sa relation difficile avec cette femme qu'il va retrouver quelques temps avant sa mort qu'il nous entretient.  Cette femme qui savait mais n'a rien dit, cette femme qui n'oublie rien mais invente beaucoup.

Comme il est difficile de trouver les mots justes pour vous parler de ce récit!  Il pourrait être déprimant et pourtant non, même qu'on rit presque constamment grâce à des dialogues en joual d'une grande vérité.  Mais tout de même, après la dernière page on a envie de dire: merci maman, merci papa, d'avoir été des parents normaux!


C'est le coeur qui meurt en dernier de Robert Lalonde, 2013, 164 p. 

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10 septembre 2014

Le Syndrome de la vis

Tous les insomniaques du monde ont sans doute leur propre métaphore de l'insomnie. Pour plusieurs c'est un hamster qui court dans sa roue pendant des heures. Pour moi c'est un petit hobbit qui tourne en rond dans ma tête encore et encore.  Pour l'amateur de science-fiction, ce pourrait être Marvin le robot qui passa un million d'années dans un marais à pivoter sur sa jambe défectueuse, ou encore le joggeur de 2001 l'odyssée de l'espace dans son vaisseau circulaire (avec ou sans Danube bleu).

Pour la narratrice du Syndrome de la vis de Marie-Renée Lavoie, vous l'aurez deviné, c'est une vis sans fin, qui déchiquète les pensées et les rend incohérentes. Ça illustre parfaitement notre état d'esprit après plusieurs mauvaises nuits.

Heureusement pour moi, mon insomnie n'est qu'occasionnelle et de courte durée.  Pour Josée Gingras, au nom qui «sort de la bouche comme des mots d'hiver empesés qu'on prononce, le menton paralysé par le froid», le problème est chronique et remonte à sa plus tendre enfance.  Je compatis.  Contrairement à son petit ami qui, excédé, lui affirme qu'elle n'a qu'à penser à rien et à se relaxer.  Le con.  Gropitou ne se risquerait jamais à ce genre de commentaire (même s'il s'endort toujours en trois nanosecondes, maximum), il sait parfaitement qu'il se mériterait une bonne claque en arrière de la tête.

En plus de l'insomnie, il est beaucoup question de deuil, de santé mentale.  Et malgré ces graves sujets, on rigole tout le long grâce à une plume légère et à un humour à toute épreuve, grâce aussi aux personnages secondaires qui entourent la narratrice qui de leur amour maternel ou fraternel, qui de leur amitié.

Quelle belle découverte que cette nouvelle auteure! Je me découvre beaucoup d'atomes crochus avec elle; nous avons les mêmes références culturelles (allant de Cyrano de Bergerac à Star Wars en passant par Roméo et Juliette), rions des mêmes choses, sommes à peu près de la même génération (j'ai neuf ans de plus).  La bonne nouvelle, c'est qu'elle a déjà publié deux autres romans, qu'il me tarde déjà de lire.


(Note à l'éditeur: la version numérique a un défaut: la note manuscrite que l'héroïne griffonne dans la salle d'attente du médecin se retrouve à la toute fin du livre.)


Le Syndrome de la vis de Marie-Renée Lavoie, 2012, 210 p. 

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09 septembre 2014

Québec-o-trésors: mes trésors

(Ce titre me fait un peu trop penser à Gollum... Mon trésssor... Mon trésssor!  Mais passons.)

Voici les cinq titres que j'ai choisis comme trésors pour notre défi.  Comme pour plusieurs d'entre vous sans doute, le plus dur a été de m'en tenir à cinq!