01 septembre 2010

Islands in the Stream

(Îles à la dérive)

Ce mois-ci, le thème du Blogoclub était une lecture libre d'un prix Nobel de littérature. Le choix était donc vaste, et plusieurs participants en ont profité pour faire baisser leur PAL*.  C'est ce que j'ai fait moi aussi, pigeant dans ma (relativement) modeste  pile un roman qui s'y trouvait depuis des lustres (en fait, je ne sais même pas d'où il sort, ce bouquin!). 

C'était l'occasion idéale de découvrir ce monstre sacré de la littérature américaine qu'est Ernest Hemingway.  Ce que j'ignorais au départ, c'est que cette oeuvre fut publiée de façon posthume, après remaniement par sa femme et son éditeur.  Elle laisse donc une impression d'inachevé, non par son absence de conclusion mais plutôt par des fils laissés en l'air au cours du récit.

Le livre est divisé en trois parties de tons complètement différents.  La première, ma préférée, se passe sur l'île de Bimini au large de la Floride, où l'on rencontre Thomas Hudson et ses trois fils venus y passer l'été.  Hudson, un peintre renommé, semble avoir fait la paix avec un passé trouble dont on ne sait pas grand chose. Une discipline de travail assez stricte ainsi que l'amour de ses enfants lui permettent de garder son équilibre.  Des descriptions d'une beauté lumineuse, beaucoup d'humour, quelques récits d'excursions en bateau assez palpitants, vraiment si on était resté dans cette veine ce livre aurait été un grand coup de coeur.

Mais une cassure se produit et dans la deuxième partie le ton change complètement.  C'est la guerre, Hudson se trouve maintenant à Cuba où il effectue des missions pour le compte du gouvernement américain. Tout ce chapitre nous raconte une seule journée pendant laquelle, après avoir échoué dans sa tentative de rencontrer son supérieur à l'ambassade, il se rend dans un bar et entreprend de s'y saoûler copieusement.  Une ambiance de roman noir, une multitude de personnages dont on ne saura pas grand-chose, des dialogues amers remplis de sous-entendus plus ou moins compréhensibles, cette section m'a semblé presque pénible et j'aurais abandonné, n'eût été du titre prometteur de la partie suivante, At Sea.

Dans ce dernier acte, nous partons en mission à la recherche d'un groupe d'Allemands dont le sous-marin a coulé près des îles entourant Cuba.  Après un début un peu lent et malgré l'absence de description des personnages formant l'équipage d'Hudson, ce qui les rend difficiles à différencier, l'intrigue de style roman d'espionnage a réussi à renouveler mon intérêt, et j'ai trouvé la fin excellente.

Donc une première rencontre pas tout à fait convaincante, mais assez tout de même pour que je donne une deuxième chance à cet auteur. D'ailleurs si vous avez des titres à me suggérer, je suis preneuse!

*PAL=Pile à lire.

Islands in the Stream d'Ernest Hemingway, 1970, 435 p. Titre de la version française: Îles à la dérive.

4 commentaires:

  1. L'incontournable «Le Vieil homme et la mer». À découvrir vraiment.

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  2. Contrairement à Suzanne (que je salue), j'ai plus ou moins aimé Le vieil homme et la mer. Je l'ai lu il y a très longtemps, il faut dire. Ma préférence va à Paris est une fête (A Moveable Feast), qui est le récit des années d'écriture d'Hemingway à Paris avant qu'il ne soit connu. C'est un livre dans lequel il se passe surtout de petites choses, mais qui dégage énormément de charme. Mais peut-être qu'étant écrivain moi-même, j'y suis particulièrement sensible. J'adore aussi certaines de ses nouvelles (mais pas toutes).

    Éloi
    Sonate en fou mineur

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  3. J'ai du dire Hemingway il y a fort longtemps, le vieil homme et la mer, je crois. Mais il faudrait que je le relise. Je tenterai un autre titre que celui-ci qui me semble très particulier dans son oeuvre.

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  4. Suzanne: Merci pour la suggestion!

    Éloi: Bon, il faudra que je me fasse ma propre idée sur ce Vieil Homme! Moveable Feast me tente bien, justement dans Islands in the Stream il y a quelques passages où le peintre raconte à ses enfants la période de sa vie où il a vécu à Paris et ces passages sont formidables!

    Sylire: Oui, j'ai l'impression que j'ai eu la main plus ou moins heureuse sur ce coup...

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