Dix ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch a recueilli les témoignages de différentes personnes touchées de près ou de loin par la tragédie, donnant enfin la parole à ceux auxquels ont avait ordonné de se taire pendant toutes ces années: familles des victimes, parents d'enfants nés avec des difformités, fonctionnaires, scientifiques, paysans évacués, liquidateurs (ces soldats ou civils envoyés sur les lieux pour contenir les fuites ou décontaminer les lieux, équipés de façon dérisoire).
Le sentiment qui revient le plus souvent dans ces récits à la fois magnifiques et terribles, plus que la colère ou la peur, c'est l'incompréhension. C'est en effet une expérience sans aucune mesure avec ce qu'on a pu vivre de mémoire d'homme. La guerre, aussi traumatisante qu'elle puisse être, il y en a toujours eu, on a lu des livres, vu des films, on connaît des gens qui l'ont vécue... Mais cette mort invisible, omniprésente, non. Un soldat atteint par la radiation affirme qu'il aurait préféré mourir en Afghanistan, car la mort, là-bas, était banale, compréhensible.
Plusieurs de ces témoignages me resteront longtemps en tête. Comme celui de cette femme qui a fui la guerre civile dans une des républiques de l'ex-URSS et qui s'est réfugiée dans un village contaminé, dans une maison abandonnée, parce que de cette terre-là, personne ne viendra la déloger...
La Supplication de Svetlana Alexievitch, 1997, traduit du russe en 1998, 249 p. Titre de la version originale: Tchernobylskaïa molitva.
Ca m'intéresse mais j'ai un peu peur de freaker pour une attaque nucléaire après. Je sais, Tchernobyl n'a rien d'une attaque mais bon... je suis folle, faut croire!
RépondreEffacerTu pourrais peut-être sauter le premier récit, Une Voix solitaire, où la description des effets des radiations est assez... détaillée, disons! Dans les autres histoires, c'est beaucoup moins pire de ce point de vue là.
EffacerOh je le note celui-là, un sujet difficile mais qui m'intéresse....
RépondreEffacerL'important je pense c'est de bien choisir le moment pour le lire!
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