(J'écris le titre en toutes lettres car l'édition ci-contre est la seule à avoir utilisé des chiffres... Aussi, ce n'est pas une faute de frappe, «quatre-vingt» s'écrivait sans trait d'union à l'époque, semble-t-il, et les éditeurs au fil des ans ont choisi de garder l'orthographe originale!)
Fait cocasse, j'ai trouvé ce roman dans une boîte à livres quelques semaines à peine après qu'un participant d'un forum en ait parlé de façon élogieuse! Ce n'est pourtant pas un des titres les plus connus de Victor Hugo... C'était un signe du Destin, non? Il a donc rejoint ma PAL et y a séjourné... quelques années!
Du coup, je ne me souvenais pas du tout du résumé. Je croyais qu'il y serait question de l'exécution de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Alors que non, ça se passe plus tard dans l'année et le gros de l'intrigue se déroule en Vendée, durant la guerre civile qui y a opposé les monarchistes et les républicains.
Deuxième surprise, on entre tout de suite dans l'action et plusieurs chapitres se terminent par un revirement ou une révélation fracassante (de type «Luke, I am your father»), à un point tel qu'il est difficile de poser le livre tant on a envie de connaître la suite (quelqu'un a une bonne traduction pour l'expression page-turner?). Je m'attendais à un début plus tranquille, comme dans Les Misérables où l'on prend quatre-vingts pages à découvrir la vie du curé Machin qu'on ne reverra plus après la page 120...
Troisième surprise, moins agréable, cette édition bon marché (Bellevue-Capitol pour ne pas nommer la maison) comporte plusieurs coquilles; enfin pas tant que cela, j'ai peut-être été trop sévère, mais après avoir ri des moulets de canon, le ciel constellé de toiles a eu raison de ma patience et je me suis plutôt tournée vers la version du prêt numérique de la BAnQ, celle-là d'excellente qualité. J'ai donc pu reprendre ma lecture avec grand plaisir.
Par contre, j'ai déchanté dans le deuxième tiers, là où l'intrigue se transporte à Paris. On y assiste à une longue conversation entre Marat, Danton et Robespierre, ce qui aurait pu être intéressant, mais il me manquait clairement les bases pour bien comprendre la plupart des références et des enjeux. Pire, Hugo se lance ensuite dans une description de la Convention: architecture et décoration de la salle, énumération des représentants avec un petit commentaire pour chacun (du style Bidule, qui déclara ceci en telle circonstance, encore là ça me passait vingt pieds par-dessus la tête). Il nous présente ensuite les différents officiers des forces en présence en Vendée, personnages qui n'auront pour la plupart rien à voir dans l'histoire par la suite. S'ensuivent de longues considérations assez abstraites sur la Révolution. Noyée dans tout cela, la seule partie importante est celle où l'on nous présente l'ancien prêtre Cimourdain, qui jouera un rôle primordial dans l'intrigue.
Je vous avoue que j'ai bien failli tout lâcher tellement cette partie est chiante, excusez-moi mais c'est la vérité! Et ça dure comme ça de la page 140 à 250 dans l'édition papier. En plus, les personnages auxquels on aurait pu s'attacher (les enfants, la mère, Radoub, Gauvain) ne sont qu'évoqués, il faudra attendre le dernier tiers pour faire vraiment leur connaissance. Heureusement, en feuilletant un peu plus loin, j'ai vu qu'on retournait en Vendée. Ça m'a donné la motivation pour continuer.
Et j'ai bien fait puisque dans cette dernière partie, l'action reprend en crescendo jusqu'à la fin, phénoménale.
Alors, je recommande ce bouquin ou pas? Je recommande, si le style magnifique mais un peu grandiloquent de ce cher Victor ne vous incommode pas; mais à voix basse (pour ne pas qu'on m'accuse de lèse-majesté) je vous suggère de lire en diagonale la partie du milieu... chhuuut!
Quatrevingt-treize de Victor Hugo, 1874, 576 p.
Elle a pas l'air folichone cette partie centrale… Je vais pas m'emballer tout de suite pour ce titre
RépondreEffacerCela dit, avec le petit truc que j'ai donné dans le dernier paragraphe, ça peut être une bonne façon de découvrir le style de l'auteur, avant de se lancer dans quelque chose de plus monumental...
EffacerAu moins, si je n'ai pas plus envie qu'en arrivant ici de lire le roman, j'aurais appris une anecdote sur son titre et c'est déjà bien ;)
RépondreEffacerLe plus drôle c'est que ça m'a pris vraiment beaucoup de temps à remarquer que le trait d'union manquait! :-D
EffacerJamais entendu parler de ce roman! Merci pour la découverte avec des hauts et des bas. ^^
RépondreEffacerEffectivement il n'est pas dans ses plus connus. Cela ne fait que quelques années que j'en ai entendu parler par un participant d'un forum féru de classiques et d'histoire de France.
EffacerC'est assez fascinant de songer que Hugo a écrit ce roman à peine plus de 80 ans après les événements qu'il relate (1874): pour nous, cela correspond à ce qui a pu se passer en 1940 (l'exode, le début de l'occupation...)!
RépondreEffacerJe ne l'ai pas relue récemment, mais je ne crois pas que ma vieille édition en "Garnier-Flammarion" comportait des coquilles. Intéressant, en tout cas, les surprises que peuvent receler les boites à livres. Bien entendu, vous aviez mis le bouquin en quarantaine quelques jours, à défaut de l'avoir passé au gel hydroalcoolique?
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
Les livres passent toujours un bon moment dans ma PAL avant d'être lus, donc pas besoin de quarantaine pour celui-là!
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