En mai, le thème du club de lecture du forum Livraddict était «les peuples autochtones». J’ai donc suggéré ce roman du journaliste Michel Jean et à mon grand plaisir c’est lui qui a remporté le vote. L’auteur y raconte la vie de son arrière-grand-mère, une femme blanche qui a épousé un Innu.
J’ai été surprise de constater que la narratrice du récit est l'aïeule elle-même. C’est un choix audacieux de la part de l’écrivain, surtout que des scènes intimes sont racontées!
J’ai beaucoup apprécié découvrir le mode de vie des Innus au début du XXe siècle dans la région du lac St-Jean. Leur vie quotidienne est décrite en détail: organisation sociale, migration selon les saisons, chasse, vie en famille, etc. La nature sauvage tient une grande place dans le récit, ce qui lui donne un côté Nature Writing fort réussi.
Toutefois, je me suis demandé s’il n’y avait pas une certaine idéalisation de la réalité. Est-il possible qu’une femme blanche ait été acceptée si facilement dans la communauté autochtone, au point qu’il semble n'y avoir eu aucun commentaire négatif, aucun questionnement?
Comme on pouvait s'y attendre, la fin du roman est triste puisque, à mesure que les Blancs envahissent le territoire, les Innus ont de plus en plus de difficulté à vivre selon leurs coutumes. L’épisode des enfants amenés de force dans les pensionnats est particulièrement marquant, de même que la description de l'impact des barrages hydroélectriques sur les populations. Le tout est narré avec une plume efficace qui évite de tomber dans le pathos.
En bref, une très bonne première rencontre avec cet écrivain. Maintenant j'ai bien envie de le retrouver dans un autre registre avec Envoyé spécial, où il raconte son expérience de correspondant à l'étranger.
Kukum de Michel Jean, 2019, 224 p.