13 octobre 2024

Les nouveaux classiques québécois

Avez-vous vu dans le journal La Presse cette liste de titres considérés comme les nouveaux classiques du XXIe siècle, regroupant des œuvres québécoises publiées entre 2000 et 2024 «qui ont laissé leur marque sur notre culture et notre imaginaire collectif»?  Je suis un peu surprise de ne pas y retrouver La trilogie du bonheur de Marie Laberge, qui a pourtant connu un immense succès; je me demande s'il n'y a pas là un certain snobisme, des œuvres plus «pointues» ayant été choisies.  Aussi, dans le cas de quelques œuvres très récentes, je trouve qu'il est un peu tôt pour juger l'impact qu'elles auront sur la culture québécoise.  Peut-être aurait-on dû se concentrer seulement sur les deux premières décennies du siècle?

D'autres absents: Le Plongeur de Stéphane Larue, Borderline de Marie-Sissi Labrèche (que je n'ai pas lu toutefois), les recueils de chroniques de Serge Bouchard, Un dimanche à la piscine à Kigali de Gil Courtemanche, pour ne nommer que ceux-là.

L'exercice reste tout de même intéressant (je suis toujours friande de ce type de listes!).  Voici la liste en question:


Le Podium:

  1. Putain, Nelly Arcand
  2. La Femme qui fuit, Anaïs Barbeau-Lavalette
  3. Là où je me terre, Caroline Dawson


Positions 4 à 10, en ordre alphabétique

  • Le ciel de Bay City, Catherine Mavrikakis
  • L’énigme du retour, Dany Laferrière
  • Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne Saucier
  • Kuessipan, Naomi Fontaine
  • Kukum, Michel Jean
  • Que notre joie demeure, Kev Lambert
  • Ru, Kim Thúy


Positions 11 à 25, en ordre alphabétique:

  • 1984, Éric Plamondon
  • Au péril de la mer, Dominique Fortier
  • La ballade de Baby, Heather O’Neill
  • Bâtons à message/Tshissinuatshitakana, Joséphine Bacon
  • Le boys club, Martine Delvaux
  • Ce que je sais de toi, Éric Chacour
  • La constellation du lynx, Louis Hamelin
  • La fiancée américaine, Éric Dupont
  • L’habitude des ruines, Marie-Hélène Voyer
  • Mille secrets mille dangers, Alain Farah
  • L’orangeraie, Larry Tremblay
  • Le poids de la neige, Christian Guay-Poliquin
  • Paul à Québec, Michel Rabagliati
  • Une réunion près de la mer, Marie-Claire Blais
  • Les villes de papier, Dominique Fortier


Que pensez vous de cette liste?  Lesquels avez-vous lus?  Êtes vous d'accord avec leur présence dans cette liste?  Vous y auriez vu d'autres titres?

Personnellement, j'ai lu:

  • Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne Saucier (Adoré!)
  • Ru, Kim Thúy (Beaucoup aimé)
  • 1984, Éric Plamondon (J'ai lu seulement le premier tome de la trilogie, je n'y ai rien compris)
  • Au péril de la mer, Dominique Fortier (Surprise que ce soit celui-ci qui ait été choisi, c'est celui que j'ai le moins aimé dans sa bibliographie)
  • La constellation du lynx, Louis Hamelin (Abandonné, je n'ai pas accroché, tout en reconnaissant les qualités littéraires de l’œuvre)
  • La fiancée américaine, Éric Dupont (Adoré!)
  • Mille secrets mille dangers, Alain Farah (Beaucoup aimé)
  • L’orangeraie, Larry Tremblay (Adoré!)
  • Paul à Québec, Michel Rabagliati (Adoré!)
  • Les villes de papier, Dominique Fortier (Adoré!)


14 commentaires:

  1. Pfiou je réalise que je n'ai pas lu grand-chose dans la liste. Juste le Laferrière, le Saucier, Kim Thuy, les Rabagliati. J'ai eu en projet Kukum et La fiancée américaine. Ah et j'ai lu le tome 1 de la trilogie du bonheur. Je vais m'inspirer de tes recommandations. J'aime beaucoup aussi ce genre de liste !

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    1. Lance-toi sans hésiter sur La Fiancée américaine!

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  2. C’est vrai c’est amusant ce genre de liste! Et ça donne envie de lire plus!
    Pour ma part j’en ai lu 9, dont deux des trois pemiers : La femme qui fuit, Là où je me terre (écouté en livre audio sur Ohdio de radio-Canada pendant que j’étais terrassée par le zona), et Kuessipan, Kukum, Ru, Ce que je sais de toi, La fiancée américaine, Mille secrets, mille dangers, Les villes de papier. Tous de vraiment très bons livres! En terme de plaisir de lecture je pense que Mille secrets, mille dangers, et Kukum sont mes préférés, avec La fiancée américaine en mention spéciale.
    Ma fille a dû lire La femme qui fuit pour un cours de littérature au Cégep, je l’ai lu parce qu’il était à portée de main  … Un coup de chance, quelle lecture prenante, où j’ai mieux compris le Québec des années 40 et à quel point les signataires du refus global étaient des révolutionnaires; et mesuré le lourd prix qu’eux et leur famille ont payé. Ajouté à ça l’enquête personnelle pour (tenter de) comprendre comment, pourquoi, une mère abandonne ses enfants. Et tout ça dans une écriture magnifique, formidable livre! À voir en complément le documentaire « Les enfants du refus global », de la mère d’Anaïs Barbeau-Lavalette, Manon Barbeau, disponible sur le site de l’ONF. Il y a cette scène où elle essaie de faire parler son père, le peintre Marcel Barbeau, qui lui aussi l’a abandonnée, il est juste évasif et défensif, c’est terrible.
    Je me dis que je devrais lire Putain, mais j’ai peur que ce soit angoissant et sordide… Qu’en penses-tu? Je renonce à La constellation du lynx (si tu n’y as rien compris je n’ai aucun espoir d’y comprendre quelque chose!) et à 1984. En m’inspirant de ta liste je pense à Il pleuvait des oiseaux et L’orangeraie. Et je pense depuis longtemps à lire L’énigme du retour et Bâtons à message/Tshissinuatshitakana, c’est un rendez-vous.

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    1. La Femme qui fuit, ma mère l'a abandonné, n'aimant pas du tout la plume de A. Barbeau-Lavalette! Du coup, je l'avais rayé de ma liste, mais s'il t'a plu, je vais l'y remettre!
      Comme toi, j'ai peur que Putain soit un peu trop trash...

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  3. Oups je ne voulais pas publier sous « Anonyme », c'est Cardamome... Mais je suis bien malhabile!

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  4. Ahlàlà, je n'ai rien lu de tout ça!!
    Je te rejoins totalement, c'est toujours un exercice intéressant – et, en même temps, il faut un minimum de recul pour se prononcer. 2025 me semble le bon moment de faire le bilan des deux premières décennies, en effet!

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    1. J'espère que tu as noté quelques titres pour des lectures à venir... ;)

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  5. Paul à Québec m’a beaucoup touchée. Larry Tremblay(une parenté avec Michel Tremblay ? ) me tente. Beaucoup aimé Le peintre d’aquarelles.

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    1. À ma connaissance, aucun lien de parenté entre les deux. Tremblay est le nom de famille le plus courant au Québec!

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  6. Ce genre de liste est amusant, c’est vrai, surtout pour les discussions que ça amène:) Personnellement, je trouve cette liste un peu trop « James Joyce » et pas assez « Alexandre Dumas ». Dit autrement, elle reflète le poids, démesuré selon moi, des professeurs de littérature et de leurs diplômés sur le monde du livre québécois.

    C’est, j’imagine, ce qui explique l’absence de la trilogie de Marie Laberge, qui selon moi aurait dû se trouver sur cette liste mais faire partie du podium. Sérieusement, on ne peut pas mieux laisser sa marque sur notre culture et notre imaginaire collectif que ça.

    Inversement, c’est plate à dire mais Marie-Claire Blais n’était plus tellement lue. Seulement 25 lecteurs sur Babelio pour « Une réunion près de la mer » alors que « L’énigme du retour » ou « Il pleuvait des oiseaux » en ont plus de mille… Indépendamment de ses qualités, je ne vois pas comment on peut prétendre que ce livre ait laissé une marque quelconque sur notre imaginaire collectif.

    Les professeurs de littérature ont tendance à valoriser les livres exigeants et difficiles à décortiquer, pour ne pas dire originaux dans le mauvais sens du terme. De ce point de vue, l’intrus de la liste est « Paul à Québec », que je suis bien heureux de retrouver là et que je hisserais sur le podium (même si je préfère « Paul au parc » ou d’autres titres de la série). J’aurais complété le podium avec « L’énigme du retour ».

    Où est la littérature « de genre » dans la liste? Polars, romans fantastiques… Pourtant, ils existent. Les juges de cette liste en lisent-ils et osent-ils l’avouer? Louise Penny? Martin Michaud? Patrick Sénécal aurait dû se retrouver sur cette liste. J’aurais choisi « Alyss », chef d’œuvre de l’horreur selon moi, un vrai livre 18 ans ou plus.

    Autre absence effroyable à cause de son énorme succès commercial et de sa qualité : « Jérusalem », le roman graphique de Guy Delisle, à lire ou à relire pour comprendre Israël (après avoir lu ça… je n’y mettrai jamais les pieds). Delisle a amélioré sa démarche de livre en livre et Jérusalem est son plus abouti. Ça le différencie d’un livre comme « Mille secrets, mille dangers », que j’ai vraiment aimé mais qui, selon moi, a trop de défauts pour être un nouveau classique.

    J’ai été stupéfié par l’absence de « Life of Pi », le succès mondial de Yann Martel. Peut-être que les juges ne l’ont pas trouvé assez Québécois, lui qui a été élevé à l’étranger, qui a abandonné sa langue maternelle pour l’anglais et le Québec pour la Saskatchewan? Son grand succès commercial lui a-t-il nui? Est-il déjà oublié?

    Finalement, choix sentimental, j’aurais aimé retrouvé sur la liste « Valide », de Chris Bergeron. « Roman autobiographique de science-fiction », il est original dans le bon sens du terme, émouvant et très actuel.

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    1. Tu as raison, d'ailleurs il y avait plusieurs prof de littérature dans le jury.

      Marie-Claire Blais, c'est tout à fait vrai, ses œuvres plus marquantes (parce qu'on les a fait lire à l'école) sont plutôt celles du XXe siècle, les plus récentes sont restées confidentielles!

      La littérature de genre: Très d'accord, en particulier pour Senécal, qui a été très marquant. Je n'en ai pas lu, cela dit, j'ai peur que ce soit trop violent pour moi! Faudrait bien que je tente un jour... Tiens je vais mettre Alyss sur ma liste du prêt numérique!

      Delisle: J'aime beaucoup ses récits, mais je trouve tout de même qu'il a eu moins d'impact que Rabagliati.

      Yann Martel: Ses parents sont québécois, mais j'avoue que j'ai plus tendance à le considérer comme canadien... J'ai adoré Life of Pi, cela dit!

      Alain Farah, il fait partie de ceux que je trouve trop récents pour qu'on puisse juger de sa classicitude! Idem pour Dawson, je trouve que sa mort récente et tragique a sans doute presque obligé le jury à l'inscrire dans la liste (je ne l'ai pas encore lu et ne doute pas que c'est excellent, mais c'est juste trop récent -- et émotionnellement chargé).

      Et je note aussi le roman de Chris Bergeron, je l'ai entendu plusieurs fois dans les médias et l'ai trouvée passionnante, mais je n'avais pas eu l'idée de lire ses romans!

      Merci de ton passage par ici!

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    2. PS J'y pense à retardement, mais la trilogie de La Bête à sa mère aurait pu avoir sa place dans la liste, peut-être? (Pas encore lu, encore là j'ai peur que ce soit glauque ou violent, même si à la radio j'adore l'humour de Goudreault).

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  7. Ou là là, je te déconseille "Alyss" si tu ne veux pas lire des livres violents. C'est très réussi, mais dans le genre cauchemar envoûtant. Quand j'ai publié mon roman, j'ai été invité par un groupe de profs qui avaient fait un club de lecture. À un moment donné, ils se sont mis à parler des livres qu'ils avaient lus avant le mien. L'un d'eux était "Alyss" et ils étaient tous restés traumatisés. Et ce n'étaient pas des petites natures. Disons que "Alyss" est l'équivalent littéraire de "Saturne dévorant un de ses fils" de Goya (dont j'ai vu la reproduction en sixième année du primaire sur le bureau de ma prof, je m'en souviens un peu trop bien).

    Pour la trilogie de Goudreault, c'est une bonne observation. Je ne l'ai pas lue (pour les mêmes raisons que toi) mais je me serais aussi attendu à la voir dans la liste étant donné tout ce qu'on en a dit.

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    1. Oups, d'accord. Tu aurais un autre titre à me suggérer, alors (et pas ses titres jeunesse, ça ne m'attire pas)? Je tolère une certaine violence, comme par exemple du niveau de The Passage de J. Cronin, si tu connais cette excellente trilogie.

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