28 novembre 2022

Circe (Circé)

En préambule, une petite anecdote.  Le nom de Circé me ramène bien loin en arrière, au début des années quatre-vingts, à ce passage d'une des pièces de théâtre du cycle Vie et mort du Roi boiteux du metteur en scène Jean-Pierre Ronfard.  Les héros abordent l'île de Circé et se retrouvent transformés en cochons.  Les acteurs sont nus sur scène, avec une petite queue en tire-bouchon attachée au bas du dos; image, vous en conviendrez, propre à marquer l'imaginaire d'une jeune fille de dix-sept ans! Fin de l'anecdote.

En commençant ce roman, une relecture du mythe de Circé raconté du point de vue de celle-ci, j'ai aussitôt fait la comparaison avec un livre similaire lu l'an dernier, The Penelopiad (L'Odyssée de Pénélope) de Margaret Atwood, portant celui-là sur l'épouse d'Ulysse.

Dans les deux cas, ma lecture s'est soldée par une opinion positive mais avec quelques bémols.  Ce qui est rigolo, c'est que les défauts d'un roman correspondent aux qualités de l'autre et vice-versa!

Chez Atwood, j'avais déploré un manque d'approfondissement des thèmes et un texte trop court, mais j'avais adoré l'originalité de la plume et la finesse de l'humour.

Ici, au contraire, la psychologie des personnages est bien développée, les thèmes sont approfondis et j'ai adoré l'ambiance de l'île de Circé et la description de ses pouvoirs magiques et alchimiques.  Par contre, le style m'a semblé un peu plat et banal, et s'il y a bien quelques pointes d'humour, elles se font trop rares.  Mais surtout, l'intrigue manque de rythme et traîne en longueur.  C'est comme si Madeline Miller avait voulu incorporer trop de mythes à son histoire de base (Dédale et la naissance du Minotaure, Jason et Médée, l'origine du monstre Scylla, etc) si bien qu'au bout du compte, bien que chaque idée prise séparément soit valable, l'ensemble fait fourre-tout et artificiel.  Par contre, la fin est très réussie!

Cela reste un roman intéressant mais je le recommande surtout aux amateurs de mythologie grecque, qui sauront départager les mythes eux-mêmes de tout ce que Miller y a ajouté.


Circe de Madeline Miller, 2018, 394 p.  Titre de la traduction française: Circé.

2 commentaires:

  1. C'est sûr qu'il ne faut pas s'attendre à un récit mouvementé. Pour ma part, j'ai bien aimé que l'autrice lie autant de mythes à Circé qui, malgré son exil sur son île, rencontre finalement pas mal de monde.
    Je ne connaissais pas ce livre d'Atwood, je vais aller me renseigner.

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    1. «malgré son exil sur son île, rencontre finalement pas mal de monde. » C'est justement cela que j'ai trouvé trop forcé, artificiel. Mais dans l'ensemble j'ai quand même bien aimé le roman.

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