Après avoir beaucoup aimé le film Le Mystère Henri Pick, basé sur un roman de David Foenkinos, je m'étais dit que je devrais lire un de ses livres, mais le projet ne s'était jamais concrétisé. Jusqu'à ce que, il y a quelques semaines, j'aie besoin d'un bouquin dont le nombre de pages se termine par dix (c'est une consigne du jeu de Scrabble littéraire auquel je participe sur le forum Livraddict) et qu'on me suggère La Délicatesse et ses 210 pages! De plus, cela me permettait de faire une courte pause dans la lecture d'un essai un peu lourd. Le destin prend parfois des chemins tortueux pour nous faire rencontrer un écrivain, n'est-ce pas?
Et ce fut une très belle rencontre!
L'intrigue en elle-même ne m'a pas épatée et je ne me suis pas tellement attachée au personnage principal, une jeune femme qui doit se reconstruire après un deuil. Je crois qu'elle était trop belle, trop parfaite. J'ai trouvé le personnage masculin plus sympathique, mais il ne fait son apparition qu'au milieu du récit.
C'est la plume de l'écrivain que j'ai trouvée délicieuse et d'une grande... délicatesse! (J'étais très fière de cette petite blague jusqu'à ce que je constate que la moitié des commentateurs l'avaient faite avant moi.) J'ai adoré son humour pince-sans-rire, ces petites pointes qui arrivent de façon tout à fait inattendue! Le texte est découpé en très courts chapitres, ce qui lui donne beaucoup de rythme, et il comporte de temps en temps d'amusantes listes: les trois livres préférés de Nathalie, les gagnants du championnat mondial de puzzle en 2008, exemples de dictons ridicules que les gens aiment répéter, etc. D'ailleurs cela m'a rappelé un autre excellent roman utilisant un procédé similaire, High Fidelity (Haute Fidélité) de Nick Hornby (dans son cas, c'était toujours sous la forme de Top 5).
Seul petit hic (et là, je m'adresse à l'éditeur de la version numérique): le texte comporte quelques notes de bas de page, mais celles-ci, au lieu d'être en bas de page comme dans la version papier, ou en fin de chapitre, sont regroupées en plein milieu du livre (à la fin du chapitre 63, et cela n'est nullement indiqué dans la table des matières) pour la première moitié des notes, et à la toute fin pour la deuxième moitié, mais sur la même page que la dernière phrase du roman, qu'on ne peut donc s'empêcher de lire. C'est vraiment mal fait, je ne suis pas fière de vous, monsieur l'éditeur.
Je n'en resterai pas là avec David Foenkinos et je suis ouverte à vos suggestions... En terminant, je vous laisse avec un petit extrait qui m'a plu:
[Markus est nerveux avant son premier rendez-vous avec Nathalie] «Surtout, il ne fallait pas parler travail. Interdiction d'évoquer le dossier 114. Ne pas laisser déteindre l'après-midi sur leur soirée. Mais qu'est-ce qu'ils allaient se dire alors? On ne change pas comme ça d'environnement. Ils allaient être comme deux bouchers à un congrès de végétariens. Non, c'était absurde. Le mieux était peut-être d'annuler. Il était encore temps. Problème de force majeure. Oui, je suis désolé, Nathalie. J'aurais tellement aimé, vous le savez bien, mais bon, c'est juste qu'aujourd'hui maman est morte. Ah non, pas bon, ça, trop violent. Et trop Camus, pas bon le Camus pour annuler. Sartre, bien mieux. Je ne peux pas ce soir, vous comprenez, l'enfer c'est les autres. Une petite tonalité existentialiste dans la voix, ça passerait bien.»
La délicatesse de David Foenkinos, 2009, 210 p.
Un auteur chouchou, que je suis depuis pas mal de temps! Sous des airs parfois un peu superficiels ou "gag", il parvient à créer des univers plus profonds qu'il n'y paraît. De mon côté, mon préféré serait "Les Coeurs autonomes", qui se passe dans le contexte d'émeutes estudiantines.
RépondreEffacerBonne journée!
C'est noté, merci!
EffacerJe l'ai lu il y a longtemps. Je ne m'en souviens pas bien, mais j'avais trouvé ça super. Il faudrait que je relise cet auteur, d'ailleurs.
RépondreEffacerIl en a un qui vient tout juste de paraître, d'ailleurs!
Effacer