Dans cette pièce créée en 1935, Jean Giraudoux revisite le mythe de la guerre de Troie en mode tragi-comique. Hector, prince troyen, revient d'une guerre contre un autre peuple et apprend que les Grecs arrivent, menaçant d'assiéger la ville si on ne leur rend pas la belle Hélène, enlevée par Pâris.
J'ai bien apprécié les petites touches d'humour, comme ici:
PÂRIS
Hélène est une très gentille personne. N’est-ce pas, Cassandre ?
CASSANDRE
Assez gentille.
PÂRIS
Pourquoi ces réserves, aujourd’hui ? Hier encore tu disais que tu la trouvais très jolie.
CASSANDRE
Elle est très jolie, mais assez gentille.
PÂRIS
Elle n’a pas l’air d’une gentille petite gazelle ?
CASSANDRE
Non.
PÂRIS
C’est toi-même qui m’as dit qu’elle avait l’air d’une gazelle !
CASSANDRE
Je m’étais trompée. J’ai revu une gazelle depuis.
Mais d'autres passages m'ont semblé tomber à plat tant l'humour paraît forcé. Dans d'autres cas, il me manquait peut-être quelques références pour tout saisir, après tout cette pièce date de près d'un siècle!
C'est surtout lorsqu'on la replace dans le contexte de l'entre-guerre que l’œuvre prend toute sa signification et sa force. Les militaires ayant participé à la Première Guerre mondiale ne se sont pas encore remis de ce traumatisme effroyable que déjà des va-t-en-guerre (qui bien sûr resteront à l'abri loin des tranchées) jouent du clairon de chaque côté de la frontière. La pression monte, monte... Dans la pièce, Hector se fait la voie des pacifistes, réussira-t-il à calmer le jeu?
HECTOR
C’est ce que nous allons voir. Cours demander à Priam s’il peut m’entendre à l’instant, et rassure-toi. Tous ceux des Troyens qui ont fait et peuvent faire la guerre ne veulent pas la guerre.
ANDROMAQUE
Il reste tous les autres.
Cela m'a rappelé un roman paru à la même époque, Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, presque insoutenable de noirceur mais dont certains passages sont magnifiques, notamment ceux contre les fauteurs de guerre.
Petit bémol, j'espérais que Cassandre, cette prophétesse dont la malédiction est de ne jamais être crue, serait plus présente, car c'est un de mes personnages préférés de la mythologie grecque. Elle participe à quelques scènes clés, et d'ailleurs la réplique finale lui revient, mais j'en aurais pris encore plus!
Je vous laisse découvrir si la guerre de Troie aura bien lieu ou non...
La guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean Giraudoux, 1935, 304 p. incluant les annexes.
Comme je disais sur notre lecture commune je suis passée totalement à côté de cette œuvre pour autant le bookclub m'a fait sortir de ma zone de confort avec cette lecture et j'ai beaucoup aimé litre ton analyse !
RépondreEffacerTu n'es pas la seule à avoir un avis mitigé. C'est intéressant de voir les différentes réactions et interprétations!
EffacerMerci pour ces infos! Je connaissais le titre, mais sans aucune idée du contenu. Ça a l'air chouette, malgré tes réserves.
RépondreEffacerJe ne savais pas trop à quoi m'attendre non plus. Certains ont lu cette pièce à l'école mais ce n'était pas mon cas.
Effacer