11 juin 2016

Human Croquet (Dans les replis du temps)

Une lecture qui me permet de participer une troisième fois  au défi Le Mois anglais tout en faisant encore un peu baisser la PAL (ce qui sera mon but dans les prochains mois)...

Excellent roman sur le thème des disparitions, apparitions et réapparitions...  Et sur le temps qui passe, et qu'on peut peut-être remonter? Isobel, la jeune narratrice, est-elle plutôt victime d'hallucinations causée par le départ de sa maman dont elle ne s'est jamais remise, ou bien se retrouve-t-elle dans des réalités alternatives, où tout est presque pareil et complètement différent?

Sur une note un peu mélancolique, Kate Atkinson sait trouver un équilibre entre le drame et l'humour dans cette histoire où  passé et présent se mêlent et se répondent et dont est témoin le grand chêne qui porte, dit la légende, les initiales gravées par William Shakespeare lui-même!


Human Croquet de Kate Atkinson, 1998, 349 p.  Titre de la traduction française: Dans les replis du temps.

Le Mois anglais

09 juin 2016

Watership Down (Les Garennes de Watership Down)

(Journée thématique du Mois anglais: la campagne anglaise.)

Je ne sais plus trop où j'ai entendu parler de ce bouquin de Richard Adams pour la première fois, il y a plusieurs années.  Peut-être dans le défunt et regretté blogue de Booklady?  Ce qui est sûr, c'est qu'on le retrouve souvent dans les listes du style «Les 100 livres qui...» chez les anglos.  C'est, paraît-il, un classique de la littérature jeunesse britannique, du genre qui plaît aussi aux adultes, un peu comme Alice au pays des merveilles ou Bilbo le Hobbit. J'avais voulu le noter sur ma LAL mais il n'était pas offert dans les succursales de la bibliothèque municipale que je fréquente, et quant à le faire venir d'une autre succursale, je suis une lectrice trop désorganisée pour cela!

J'étais donc enchantée lorsque je l'ai déniché à la vente des Amis de la bibliothèque de Montréal. Et hop! dans la PAL!  Quelques jours plus tard, hop! hors de la PAL!  Rarement un livre y aura séjourné aussi peu longtemps.  C'est que d'habitude, j'essaie (avec plus ou moins de succès) de commencer par les livres plus anciens, question qu'il n'y en ait pas qui finisse par passer dix ans au bas de la pile.  Mais là, il correspondait exactement et mieux que tout autre à ce que j'avais envie de lire après la grisaille pénible que fut Voyage au bout de la nuit, ma lecture précédente*.  Quelque chose de léger, de lumineux...

Lumineux, c'est exactement ça!  C'est un livre sur l'amitié, le courage, la liberté, contre la tyrannie des régimes totalitaires, pour le libre choix...  Mais ce récit des aventures d'un groupe de jeunes lapins qui a fui in extremis sa garenne menacée de destruction par la civilisation humaine est aussi, contre toute attente, presque un thriller dont certains passages m'ont tenue au bout de mon siège et dont d'autres m'ont arraché quelques larmes!

J'ai lu quelques bons livres dans les derniers mois mais aucun ne fut vraiment marquant...  Celui-ci est le premier qui a une bonne chance de figurer dans mon «Top 3» lors du prochain bilan annuel. 


*Les plus observateurs l'auront remarqué, l'ordre de parution des billets ne respecte pas l'ordre de lecture, pour cause de journées thématiques du Mois anglais!


Watership Down de Richard Adams, 1972, 478 p.  Titre de la traduction française: Les Garennes de Watership Down.
 
Le Mois anglais

05 juin 2016

The Big Over Easy

(Journée thématique du Mois anglais: Meurtre à l'anglaise)

Quel plaisir de retrouver mon cher Jasper Fforde!  Dans cette série tout aussi inclassable que celle de Thursday Next, on suit les aventures de Jack Spratt, officier en charge de la Nursery Crime Division, section mal-aimée du service de police de la ville de Reading qui enquête sur les crimes reliés aux personnages de contes et de comptines.  Ainsi dans ce tome-ci, on tente de faire la lumière sur la mort d'Humpty Dumpty, retrouvé en miettes au pied de son mur.  Suicide, accident ou meurtre?  Il est aussi question de l'assassinat du Grand Méchant Loup dont ont été innocentés les Trois Petits Cochons.

Je me suis beaucoup amusée à lire ce pastiche des romans policiers classiques qui tourne affectueusement en dérision les poncifs du genre.  J'ai particulièrement apprécié les extraits d'articles de journaux et de documents officiels en exergue de chaque chapitre, où par exemple, afin d'éviter les clichés dans les investigations, on interdit aux gens qui promènent leur chien de trouver un cadavre dans un parc ou encore que le majordome soit trouvé coupable.

Ma seule frustration a été de ne pas comprendre toutes les allusions, ma culture étant limitée en ce qui concerne les comptines anglaises. Ainsi je n'avais jamais entendu parler de Willie Winky et de plusieurs autres personnages.  J'ai donc trouvé cette série moins jubilatoire que celle de Thursday Next, à laquelle je retournerai sans doute pour ma prochaine rencontre avec mon Jasper chéri.


The Big Over Easy de Jasper Fforde, 2005, 398 p.  Non traduit.


http://www.myloubook.com/archive/2016/05/31/mois-anglais-2016-le-billet-recap.html
Le Mois anglais

27 mai 2016

Good Golly! It's English Month again, old chap!

Hé oui!  C'est bientôt de nouveau le temps de dépoussiérer vos Agatha Christie et vos Sherlock Holmes, de faire chauffer l'eau pour le thé et de vous installer pour une lecture bien British... En juin c'est le Mois anglais organisé depuis plusieurs années par les blogueuses Lou et Cryssilda (Titine ne fait pas partie de l'équipe cette année).

Pour participer, il s'agit comme d'habitude de lire un ou plusieurs romans écrits par un auteur britannique ou qui parle de l'Angleterre, de nous décrire votre série télé anglaise ou votre recette de plum pudding préférées, nous faire le récit de votre voyage à Londres, etc.  Plusieurs lectures communes et journées thématiques sont d'ailleurs prévues qui pourraient vous inspirer. 

Comme je l'ai déjà dit en ce modeste salon, la littérature anglaise et moi on a vraiment des atomes crochus.  C'est donc avec plaisir que je participerai cette année encore.  J'ai déjà un billet en banque: Watership Down de Richard Adams (parution prévue le 9 juin pour la journée «campagne anglaise»).  Je pense lire au moins un autre roman, sans doute un Jasper Fforde que j'ai dans ma PAL, et peut-être ensuite un autre, c'est à voir.

Cheerio!


Addendum: Le billet récapitulatif est ici!


23 mai 2016

Ah pie beurre dé!

Dix ans déjà!  J'ai lu... a dix ans J'ai peine à le croire!  J'ai commencé ce blogue en mai 2006 tout simplement parce que j'avais envie d'écrire et que depuis que j'ai fini mes études je n'en avais plus l'occasion.  Écrire sur quoi alors?  Pourquoi pas tenir un journal de mes lectures? Dire que je me pensais super-originale!

Si vous relisez mes premiers billets, vous constaterez qu'il s'agit plus de mes impressions en cours de lecture.  Il y a donc souvent plusieurs billets pour un seul livre!  Le concept s'est raffiné au cours des mois et je me suis aperçu qu'il était plus intéressant, tant pour moi que pour mes lecteurs, que tout soit regroupé en un seul billet par livre.  Cette réalisation s'est faite en relisant mes propres billets mais surtout les vôtres chères amies blogueuses ou ex-blogueuses! (Dans la blogosphère littéraire, le féminin l'emporte sur le masculin, c'est bien connu!)

Pour fêter cet anniversaire, j'ai pensé faire une petite récapitulation de tous mes «Top 3» annuels.  En 2006 je n'avais pas fait de bilan annuel, je choisis donc a posteriori deux titres qui me semblent avoir été plus marquants.  Je trouve assez représentatif le portrait que cela trace de la lectrice que je suis.  On y trouve des classiques comme des trucs récents, des best-sellers comme des bouquins semi-confidentiels, et ce dans différents genres littéraires et de différentes nationalités. 

 

Les «Top 3» annuels

2006
 Ensemble, c'est tout d'Anna Gavalda
The Plot Against America de Philip Roth (deux billets sur ce livre: le premier et le deuxième)

2007
 The Thirteenth Tale de Diane Setterfield
Harry Potter and the Deathly Hallows de J.K. Rowling
The Remains of the Day de Kazuo Ishiguro

2008
 Le Vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepulveda
D'où viens-tu, berger de Mathyas Lefébure
L'Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon

2009
Champagne de Monique Proulx
Fingersmith de Sarah Waters
The Grapes of Wrath de John Steinbeck

2010
(Impossible cette année-là de n'en choisir que trois!  Ce fut une bonne année de lecture, on dirait!)
The Sparrow de Mary Doria Russell
The Prince of Tides de Pat Conroy
The Book Thief de Markus Zusak
Un Ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay
The Enchanteress of Florence de Salman Rushdie
Ma Vie avec ces Animaux qui guérissent de Victor-Lévy Beaulieu
 
2011
(Encore là, plus que trois et j'avais ajouté une catégorie «non-fiction»)
Fiction:
Du bon usage des étoiles de Dominique Fortier
Great Expectations de Charles Dickens
La Petite Fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy
Lord of the Flies de William Golding
Non-fiction:
A Short History of Nearly Everything de Bill Bryson
Voyage d'un Européen à travers le XXe siècle de Geert Mak

2012
The Road de Cormac McCarthy
Seul dans Berlin de Hans Fallada
Les Braises de Sandor Marai

 
2013
La Survivance de Claudie Hunzinger
The Old Man and the Sea d'Ernest Hemingway
Atonement d'Ian McEwan

2014
Regain de Jean Giono
The Call of the Wild de Jack London
Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke
  
2015
Confiteor de Jaume Cabré
Le Royaume d'Emmanuel Carrère
À l'Ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque
Mentions honorables:
Pieds nus dans l'aube de Félix Leclerc
Fall of Giants de Ken Follett

Merci chers amis lecteurs, fidèles de la première heure ou nouveaux venus, merci de me lire, merci de vos commentaires toujours appréciés!  C'est reparti pour un autre dix ans!

*******


Addendum: Et ça continue...

2016
Watership Down de Richard Adams
Soudain, seuls d'Isabelle Autissier
The Book of Air and Shadows de Michael Gruber

2017
Marie-Antoinette de Stefan Zweig
La Supplication de Svetlana Alexievitch
Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson

2018
Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar  
Les Racines du ciel de Romain Gary
Station Eleven d'Emily St.John Mandel

2019
Lisey's Story de Stephen King  
Midnight in the Garden of Good and Evil de John Berendt  
L'Art français de la guerre d'Alexis Jenni

2020
La Horde du contrevent d'Alain Damasio 
L'Adversaire d'Emmanuel Carrère  
The Historian d'Elizabeth Kostova

2021
The Starless Sea de Erin Morgenstern
Ténèbre
de Paul Kawczak
The Passage de Justin Cronin 

2022
La Panthère des neiges de Sylvain Tesson
Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie
Project Hail Mary d'Andy Weir

2023
Cloud Cuckoo Land d'Anthony Doerr
Les Cavaliers de Joseph Kessel
The Pearl de John Steinbeck

2024

Piranesi de Susanna Clarke
Proust, roman familial de Laure Murat
The Left Hand of Darkness d'Ursula Le Guin

21 mai 2016

La Bibliothèque, la nuit, l'exposition


Que vous aimiez autant que moi les bibliothèques ou non, cette exposition présentée à la Grande Bibliothèque (BAnQ) est à voir!

Inspirée de l'oeuvre d'Alberto Manguel (qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lue auparavant) cette expo imaginée par nul autre que Robert Lepage vous fait visiter une dizaine de bibliothèques, réelles ou imaginaires, en réalité virtuelle. C'est absolument époustouflant! En bonus, le texte narré par Manguel lui-même est fort intéressant.

Pour plus d'info: 

Il vaut mieux acheter les billets quelques jours à l'avance, en ligne, bien que les animateurs (très gentils et patients avec les personnes moins à l'aise avec la technologie) m'aient dit qu'on peut tenter sa chance et réserver le jour même, sauf le samedi et le mardi (où c'est gratuit) qui sont les journées les plus achalandées. 


Photo : Stéphane Bourgeois                                                                                                                                       

11 mai 2016

Voyage au bout de la nuit

***Contient quelques divulgâcheurs***

En 2015, j'avais eu la main heureuse avec mon choix de résolution-lecture, (Du côté de chez Swann de Proust, un vrai délice!).  J'ai donc décidé de réitérer l'expérience cette année en sélectionnant une autre œuvre-qui-fait-peur à lire en 2016.  J'ai relevé le défi, je suis contente, mais ça n'a pas été aussi plaisant.  C'est le moins qu'on puisse dire.

Pas que ce bouquin soit mauvais, loin de là.  Céline a  une plume d'une grande force.  Certains passages sont d'une telle lucidité qu'ils sont comme des coups en plein cœur!  Par exemple lorsqu'il parle de la guerre ou encore du travail abrutissant en usine aux États-Unis.

C'est juste que c'est vraiment, vraiment, vraiment trop noir pour moi.  À quelques exceptions près, les humains sont tous détestables.  Et si on comprend que c'est la guerre, l'absurdité surtout de cette Première Guerre mondiale, qui a rendu le narrateur incapable de ressentir quelque émotion positive que ce soit, cela ne le rend pas plus facile à aimer.

Dans la première moitié du roman, j'ai aussi été un peu décontenancée par certains changements de ton.  De réaliste au début, il devient caricatural durant la traversée en bateau et à l’arrivée en Afrique, pour ensuite virer presque au loufoque lorsque le personnage se fait compteur de puces pour le ministère de l'Immigration américain! Heureusement cela s'uniformise par la suite.

J'ai bien failli abandonner plusieurs fois (notamment durant la scène, heureusement courte, où des badauds torturent un cochon pour le plaisir de l'entendre couiner!);  deux choses m'ont retenue: premièrement je voulais accomplir ma résolution annuelle, et surtout j'ai entraîné dans l'aventure trois copains du forum du Guide de la bonne lecture.  Ça aurait été un peu gênant de les lâcher en cours de route!

Voilà!  Dorénavant je pourrai saisir les nombreuses références qui sont faite à ce livre dans d'autres œuvres (et je comprends ce qu'a vécu Annie François lorsqu'elle a tenté au moins une dizaine de fois de le lire, sans succès!).  D'ailleurs ce passage me dit quelque chose: 
«-- Mais alors où irez-vous?
-- Si on vous le demande, vous répondrez que vous n'en savez rien!»
Dans quel film j'ai entendu ça?


Un extrait frappant sur la lâcheté en temps de guerre:
 «Était-il fou vraiment?  Quand le moment du monde à l'envers est venu et que c'est être fou que de demander pourquoi on vous assassine, il devient évident qu'on passe pour fou à peu de frais.»

Un autre sur la guerre:
«Les Aztèques éventraient couramment, qu'on raconte, dans leur temple du soleil, quatre-vingt mille croyants par semaine, les offrant ainsi au Dieu des nuages, afin qu'il leur envoie la pluie. C'est des choses qu'on a du mal à croire avant d'aller en guerre.  Mais quand on y est, tout s'explique, et les Aztèques et leur mépris du corps d'autrui, c'est le même que devait avoir pour mes humbles tripes notre général Céladon des Entrayes, plus haut nommé, devenu par l'effet des avancements une sorte de dieu précis, lui aussi, une sorte de petit soleil atrocement exigeant.»


Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, 1932, 505 p.